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  • Armée de l’Air et de l’Espace - Puissance militaire aérospatiale - Salon du Bourget 2025
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Se préparer à l’engagement majeur

Pierre Gaudillière, Jean-Luc Daroux, Cédric Colardelle, "Se préparer à l’engagement majeur " Armée de l’Air et de l’Espace - Puissance militaire aérospatiale - Salon du Bourget 2025

L’armée de l’Air et de l’Espace relève le défi des opérations de haute intensité. Constituant les équipiers complémentaires de la puissance militaire aérospatiale, ses trois brigades aériennes dédiées à son aviation de chasse, à ses forces spéciales et à son aviation d’appui et de projection (la BAAC, la BFSA et la BAAP) adaptent et durcissent leur préparation opérationnelle dans un contexte de menace accrue.

Preparing for a Major Engagement

The Air and Space Force rises to the challenge of high-intensity operations. Its three air brigades, the complementary aspects of military aerospace power, are dedicated to combat aviation, special forces and support and projection (BAAC, BFSA and BAAP), and adapt and toughen their operational training in a context of higher threat.

« L’aviation a prouvé que ses chefs peuvent absolument compter sur elle ;
elle mène jusqu’au bout toutes les missions qui lui sont confiées, sans souci des risques ;
son sang-froid la met à l’abri de la contagion de la panique qui commence à sévir ;
l’expérience qu’elle a acquise lui permet d’avoir le rendement maximum dans les circonstances les plus difficiles.
Il est vrai qu’elle est une armée de métier ; c’est un ressort de sa tenue.  (1)  »
Général de corps aérien François d’Astier de la Vigerie

 

Nous sommes au quart du XXIe siècle. Vingt-cinq ans qui convergent vers une accélération des dynamiques de la conflictualité ; tous azimuts. Les tensions internationales se sont exacerbées. Le recours à la force, désinhibé, se normalise pour régler les différends entre États. Les menaces ont proliféré dans l’ensemble des domaines. Ce monde brutalisé voit des adversaires technologiquement avancés capables de contester notre liberté d’action dans tous les champs et milieux. Dans ce contexte agressif au tempo vertigineux, le ciel redevient un champ de bataille à part entière. L’aviation de chasse doit y exceller, s’y battre et y vaincre. Ostensiblement. A contrario, dans la discrétion et dans l’impact, les Forces Spéciales Air (FSA) s’adaptent en permanence, à la fois comme capteurs et catalyseurs mais aussi intégrateurs clés des capacités aérospatiales. Enfin, la brigade aérienne d’assaut et de projection (BAAP) incarne une autre dimension : celle de l’allonge, de la profondeur et de la continuité tactique. Elle manœuvre dans l’incertitude et renforce la cohérence interarmées.

Une aviation de chasse prête à combattre dans le ciel, vers le ciel et depuis le ciel

Pour faire face aux compétiteurs d’aujourd’hui et aux adversaires de demain, la Brigade aérienne de l’aviation de chasse (BAAC) est concentrée sur l’objectif que leur a fixé le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace. Former et entraîner rapidement des pilotes, navigateurs, équipages, opérateurs de défense sol-air, mécaniciens. Voler, préparer, réparer les avions, missiles, machines et matériel de guerre dans des conditions intenses, rustiques, dégradées. Être prêt dès aujourd’hui à en découdre et monter en puissance.

La préparation des unités combattantes de la BAAC est d’abord fondée sur le développement du sens de l’engagement des aviateurs qui y servent, à tous niveaux de responsabilité. Culture du risque, force morale, capacité d’adaptation sont cultivées grâce à des entraînements réguliers dont la brigade durcit à dessein les conditions de préparation et d’exécution selon des thématiques identifiées. Dispersion des avions ou systèmes sol-air sur différentes plateformes sans préavis, avitaillement d’avions de chasse moteur tournant, missions aériennes privées de moyens informatiques et de communication représentent autant de cas pratiques qui renforcent l’agilité des combattants du ciel dans leurs procédures tactiques. En somme, si la technologie et la masse font indubitablement partie de l’équation de la victoire, elles vont de pair avec l’esprit du combattant (le « fighting spirit »). Fort de cet état d’esprit partagé entre ses différentes unités de combat et son état-major, l’enjeu réside ensuite dans l’intégration de leurs effets pour prendre l’avantage dans une physionomie de conflits où l’intensité se mêle à l’hybridité des modes d’action.

Ainsi, les missions d’entraînement menées quotidiennement par la BAAC mettent l’accent sur l’action intégrant ses unités de chasse, de défense sol-air (« la chasse de la chasse ») et de reconnaissance aérienne (« la chasse avant la chasse »). Ce triptyque essentiel de la puissance militaire aérospatiale est d’autant plus efficace qu’il intègre ses composantes – à la fois spécifiques et polyvalentes – au sein d’une manœuvre aérienne coordonnée. L’entraînement des unités reflète cette complémentarité dans un phasage cohérent de leurs entraînements afin de couvrir l’ensemble des pans de la polyvalence requise pour les équipages d’avions comme le Rafale ou le Mirage 2000 : défense aérienne, tirs de missile de croisière, appui de troupes au sol, pénétration en très basse altitude, sont autant d’aptitudes décisives pour emporter la supériorité opérationnelle face à un adversaire aux capacités dites « symétriques ». Elles sont néanmoins décuplées lorsqu’elles sont combinées à celles des unités de sol-air qui assurent une veille et une défense multicouche tout en s’appuyant sur des données de renseignement issues des capteurs aériens fournies par nos escadrons de drones Reaper et d’avions légers de surveillance et de reconnaissance.

Dans le cadre d’une action en coalition, les capacités d’adaptation et de travail conjoint doivent cependant dépasser le cadre de la chasse française. S’appuyant sur ce constat, les unités de la BAAC interagissent fréquemment avec des unités alliées et/ou partenaires. Bâtir une confiance et une connaissance mutuelle constituent, certes, une nécessité, mais surtout une réalité au regard des résultats obtenus lors des exercices multinationaux tel Ramstein Flag, véritable vitrine de l’usage de la puissance aérienne de l’Otan et dont la dernière édition s’est tenue en Grèce en septembre 2025 (2).

Tout en développant les qualités intrinsèques de ses combattants, la cohérence de leur action et l’ouverture, les unités de la brigade entretiennent l’esprit pionnier des aviateurs. Il s’exprime par une innovation constante pour renforcer l’agilité des unités, que ce soit dans les tactiques (intégration de la défense sol-air et des aviations de chasse pour une défense aérienne multicouche, par exemple), dans l’adaptation des procédures techniques (développement de la maintenance dite « de combat »), dans l’optimisation de la formation (cursus dynamiques de formation des mécaniciens via  des périodes d’alternance), mais aussi avec l’utilisation massive de la simulation en réseau. Le recours à la simulation améliore les aptitudes des unités à opérer dans les différents milieux et champs (M2MC) (3) avec un degré de réalisme voire de complexité ajustable. Elle les relie dans un univers immatériel qui offre des perspectives d’immersion et de répétition infinies. La simulation permet aussi de se familiariser et d’explorer de nouveaux modes d’action ou d’équipements. Car s’entraîner et se battre dans le ciel impose d’être à la pointe des évolutions capacitaires pour conserver un temps d’avance sur l’adversaire. Les aviateurs de la BAAC mettent en œuvre des équipements des plus modernes (capacités spécifiques du Mirage 2000D RMV, du standard F4 du Rafale, du système Sol-air moyenne portée/terrestre (SAMP/T) Mamba et Missile d’interception, de combat et d’auto-défense (VL-MICA), du drone Male MQ-9 Reaper dans sa version Extended Range…).

Le garant de la cohérence et l’organisateur de cette préparation opérationnelle complexe, c’est l’état-major de la brigade qui lui aussi envisage son action dans les conditions exigeantes de la haute intensité : commandement par l’intention, forte subsidiarité vers les escadres sur les bases aériennes, évaluation de sa propre réactivité, participation à l’effort des unités au travers de l’abonnement généralisé de ses officiers navigants ou opérateurs dans les unités de combat. Le point d’orgue de cette mise en cohérence demeure l’ouverture aux manœuvres aériennes effectuées avec les autres brigades de l’armée de l’Air et de l’Espace, et, a fortiori, avec les unités de l’armée de Terre et de la Marine nationale. Aujourd’hui, les unités de la brigade aérienne de l’aviation de chasse intègrent des dispositifs hétérogènes armés par des avions de transport stratégiques ou tactiques, des hélicoptères, des forces spéciales, des bâtiments de surface et des forces terrestres dès l’entraînement jusqu’en opérations. Le tempo s’accélère au point que toutes les opportunités sont à saisir pour durcir et augmenter nos capacités de combat. De quoi faire évoluer le fameux adage « train as we fight » en « train when we fight » ?

De l’impact à la démultiplication : enjeux d’intégration pour les Forces Spéciales Air

Depuis plus de deux décennies, les FSA ont opéré dans un « confort » opérationnel relatif, engagées dans des conflits asymétriques. Tirant parti d’une suprématie aérienne leur garantissant fluidité et précision. Le Commando parachutiste de l’air n° 10, l’Escadron de transport et d’assaut forces spéciales air (ET) Poitou, l’Escadron d’hélicoptères forces spéciales air et sauvetage au combat (EH) Pyrénées et, plus récemment, le CPA 30 ont acquis une expertise exceptionnelle et optimisée du processus de ciblage, nourri par un large panel de capteurs. Cet environnement a ainsi façonné des modes d’action efficaces privilégiant fulgurance, agilité et réversibilité, intégrant aisément tout moyen aérien pertinent.

Toutefois, cet équilibre est désormais remis en cause. L’évolution du contexte géostratégique entraîne une montée en puissance des confrontations entre États, où la haute intensité redevient une réalité. Le triptyque compétition-contestation-affrontement, couplé à l’hybridité croissante des conflits, redéfinit les cadres stratégiques et tactiques, imposant une adaptation profonde aux FSA. Elles affrontent désormais des adversaires capables de contester leur liberté d’action par des moyens massifs et avancés de déni d’accès (A2/AD (4)), de guerre électronique, de cyberattaques ou de lutte informationnelle.

La préparation à l’engagement majeur devient alors indispensable. Les FSA doivent adopter une approche toujours plus intégratrice des capacités de l’armée de l’Air et de l’Espace, et au-delà en interarmées-interservices. Cette transformation réclame de nouveaux développements doctrinaux et capacitaires. En dépassant l’action directe et le ciblage pur, les unités historiques des FSA deviennent ainsi des multiplicateurs de force, intégrant les capacités avancées de l’AAE et contribuant à une approche multi-domaines.

Dans le panel opérationnel des armées, les FSA agissent dans trois dimensions essentielles :

• La prévention : affaiblissement des capacités adverses par des actions ciblées de perturbation et de signalement, pour freiner la montée en puissance adverse.

• L’intimidation : découragement par des actions rapides et ciblées, intégrant pleinement les effets M2MC pour prendre l’ascendant contre des intentions hostiles.

• La coercition : engagement dans un environnement contesté, combinant actions directes et indirectes, pour désorganiser l’ennemi en profondeur ou ouvrir des accès.

Opérer dans des environnements fortement contestés nécessite une synchronisation poussée des effets. Rappropriation de la Très grande hauteur (TGH), neutralisation des défenses sol-air ennemies (SEAD), actions indirectes ou discrètes sur les infrastructures stratégiques, etc. Chaque instrument du système FSA permet de conserver l’initiative.

Le CPA 10 continue de jouer son rôle de défricheur. Au cœur des actions spéciales, il renforce sa capacité à pénétrer les défenses ennemies et à exploiter leurs vulnérabilités. « Au-dessus de la mêlée », il s’impose comme pionnier dans l’exploitation de la Zone grise militarisée (ZGM), offrant aux décideurs des options innovantes et adaptées aux conflits modernes.

Le CPA 30 se développe autour de capacités rares s’appuyant sur des technologies de pointe et des techniciens hautement spécialisés, renforçant ainsi les capacités des FSA dans les domaines du renseignement image et électromagnétique mais également du Cyber et de drones plus robustes.

L’ET 3.61 Poitou et l’EH 1.67 Pyrénées restent majeurs pour la projection de force et la chaîne de commandement au niveau tactique. Les concepts Rapid Response et Némésis proposent une solution de réaction immédiate à forte élongation, avec une empreinte logistique réduite en s’appuyant si besoin sur des COMAO (5) pour gagner localement la supériorité aérienne.

Les escadrons de protection garantissent la résilience et la capacité d’action des moyens de l’AAE, singulièrement lors de la Mise en œuvre réactive de l’arme aérienne (Morane) hors d’une emprise militaire française, incluant la lutte anti-drones.

Enfin, les unités référentes FS (6) et les Modules d’appui aux opérations spéciales (MAOS (7)) apportent expertises et capacités particulières pour une opération spéciale, une action spéciale aérienne comme une manœuvre plus conventionnelle.

À cet effet, les FSA intègrent dans leur ADN la préparation opérationnelle à la haute intensité, avec une immersion constante dans des scénarios réalistes en environnement dégradé :

• Exploitation de la supériorité technologique et de la rétro-technologie.

• Développement d’une culture du M2MC en simulant des engagements en zones contestées.

• Interopérabilité intensifiée interne à l’AAE : Commandement de l’Espace, escadron d’écoute sol et défense sol-air, etc.

Malgré des référentiels intellectuels bousculés, les FSA cherchent un nouvel équilibre dans leur employabilité, au spectre élargi, allant de la gestion de crise jusqu’à l’hypothèse d’engagement majeur. Employées au mieux de leurs capacités, elles exercent   un fort effet de levier pour saisir les opportunités, rechercher l’imprévisibilité et fragiliser l’adversaire.

Le transport aérien militaire : allonge, assaut et polyvalence au cœur de la haute intensité

Depuis quatre-vingts ans, la brigade aérienne d’assaut et de projection contribue à la capacité interarmées à frapper loin, projeter vite et durer. Elle repose désormais sur trois piliers complémentaires couvrant tout le spectre des opérations, jusqu’à la très longue distance et aux milieux contestés. Le premier s’appuie sur ses flottes avions, cœur de la projection : portée, emport, connectivité, notamment grâce à l’A400M, véritable appareil de rupture. Le deuxième s’appuie sur ses hélicoptères, engagés en continu en métropole comme en outre-mer et à l’étranger, notamment dans le cadre de la posture permanente de sûreté Air. Enfin, les unités de transit aérien assurent le déploiement rapide sur tous les théâtres et permettent la projection de troupes et de matériels derrière les lignes ennemies. Cette expertise s’ancre dans une expérience opérationnelle dense, forgée dans des contextes marqués par l’incertitude, la pression temporelle et la contrainte logistique.

Ces dernières années, les équipages de transport ont affronté des situations complexes : guerres civiles, instabilités politiques, urgences humanitaires. Dans des environnements isolés, ils ont mobilisé des savoir-faire directement transposables à la haute intensité : initiative tactique, sobriété d’exécution, maîtrise du tempo. Ainsi, à Kaboul en 2021, l’opération Apagan a engagé les A400M et C-130J dans une capitale en bascule, nécessitant une coordination sous pression et sous délais contraints des flux massifs. Deux ans plus tard, à Khartoum, l’opération Sagittaire a débuté par un posé d’assaut de trois A400M, suivi de rotations sous menace directe. Discrétion, souplesse et adaptation font partie plus que jamais des réflexes tactiques essentiels en haute intensité. Les missions Humanitarian Assistance and Disaster Relief (HADR) à longue distance mobilisent d’autres formes d’endurance. En mai 2024, en Nouvelle-Calédonie, un pont aérien a ainsi été mis en œuvre depuis la métropole pour répondre à une crise sécuritaire. Quelques mois plus tard, à Mayotte, après le cyclone Chido, l’urgence a imposé des rotations longues et soutenues. Dans un cadre insulaire contraint, les moyens aériens ont démontré leur capacité à tenir un rythme opérationnel élevé. En métropole, les dispositifs de sûreté aérienne, activés pour les Jeux olympiques et paralympiques (JOPP) de Paris 2024 notamment, se sont adaptés pour faire face à de nouvelles menaces telles que celles des drones. Qu’ils soient civils ou militaires, extérieurs ou intérieurs, ces engagements révèlent la capacité du transport aérien militaire à manœuvrer dans l’urgence, à s’adapter et à durer, autant de compétences décisives en haute intensité.

Les avions de transport tactique et les hélicoptères s’intègrent désormais systématiquement aux dispositifs aériens complexes. Ils en assument le commandement dès lors que ces missions sont centrées sur leurs capacités d’assaut et de projection. L’arrivée de capacités nouvelles relance le rôle de Mission Commander, désormais également assumé par les pilotes d’hélicoptères. Ainsi, dès 2021, puis à nouveau en 2024, des A400M ont dirigé avec succès des manœuvres complexes à plusieurs composantes. Cette posture est notamment renforcée par la capacité offerte par la liaison 16, qui équipe aujourd’hui l’A400M et demain le H160 Guépard.

La BAAP poursuit sa transformation pour faire face à des environnements contestés, à la densité technologique croissante et à la logique multi-domaines. De nouvelles fonctions émergent : la lutte anti-drones, l’emport de charges autonomes (capteurs, drones, munitions), l’hybridation fonctionnelle des plateformes… Encore en maturation, ces capacités orientent déjà la réflexion doctrinale. La préparation opérationnelle suit nécessairement cette évolution. Les scénarios intègrent désormais davantage les effets électromagnétiques, cognitifs et cyber, dans une logique de combat élargi. Il s’agit de manœuvrer dans un espace tactique instable, saturé de brouillage, de désinformation et d’incertitude.

Pour durer dans la profondeur, la BAAP s’appuie sur une organisation souple et résiliente fondée sur cinq leviers structurants. D’abord, sa capacité de soutien à la dispersion s’inscrit dans les logiques FRA ACE (8) et Morane (9). Elle permet le déploiement de modules médicaux et logistiques, avec une faible empreinte, sans dépendre d’une base arrière structurée. Ce maillage projeté accompagne la mobilité des unités dans des contextes austères. Ensuite, ses moyens assurent la ligne de vie des opérations : ravitailler, relever, évacuer, repositionner. Ces actions relient l’avant et l’arrière au cœur du brouillard des combats, garantissant la continuité physique et morale de l’engagement. La BAAP veille aussi à sa régénération. Elle entretient un vivier d’équipages qualifiés et mobilise toutes ses ressources pour garantir une continuité de l’instruction. Cette capacité de régénération s’inscrit dans une approche globale des risques, largement intégrée aux pratiques de la brigade, notamment dans le domaine de la maintenance de combat. Les travaux menés avec les industriels dans le cadre d’Orionis (10) amorcent une évolution du modèle. Plus réactive, fondée sur l’analyse des risques et les besoins du terrain, cette approche vise à adapter le soutien technique aux exigences du combat. Enfin, les compétences tactiques de haut niveau, Package Leader (11) et Mission Commander, structurent la montée en gamme des unités. Elles élèvent le collectif, forgent un esprit combatif et préparent à la complexité des théâtres.

Dans un contexte de retour des conflits de haute intensité, la BAAP incarne une réponse souple et polyvalente. Par sa capacité d’intervention dans l’urgence comme dans la durée, elle renforce la manœuvre interarmées, soutient l’initiative tactique et appuie l’action dans la profondeur. Cette agilité restera, demain encore, un maillon essentiel et un atout décisif pour l’efficacité opérationnelle.

Conclusion

Quatre-vingt-cinq ans plus tard, les mots du général d’Astier de la Vigerie résonnent de manière très actuelle avec le caractère trempé que l’armée de l’Air et de l’Espace réserve à sa pointe de lance. Les trois brigades aériennes dédiées à son aviation de chasse, ses forces spéciales et son aviation de transport constituent en effet les équipiers complémentaires d’une puissance militaire aérospatiale prête à affronter des guerres qui ont changé de caractère mais pas de nature. Elles conservent en ligne de mire la perspective visible et omniprésente d’un retour de la haute intensité des combats pour les armées françaises. C’est la raison pour laquelle l’armée de l’Air et de l’Espace adapte, accélère et durcit la préparation opérationnelle de ses brigades aériennes. ♦

 

(1) Astier de la Vigerie (d) François, Le ciel n’était pas vide, Julliard, 1952, p. 175.
(2) Armée de l’air et de l’Espace, « “Ramstein Flag ” 2025 : synergie et fraternité dans les airs », 17 avril 2025 (https://www.defense.gouv.fr/air/actualites/ramstein-flag-2025-synergie-fraternite-airs).

(3) Multi-milieux/Multi-champs : Terre-Air-Mer-Cyber-Espace / Électromagnétique-Informationnel.
(4) Anti-access / Area denial
(5) Composite Air Operations (engagement de la chasse).
(6) Escadron de drones 1/33 Belfort, Régiment de chasse 2/30 Normandie-Niemen, Centre expert drones.
(7) Centre expert parachutisme et largage, Centre expert NRBC (Nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique), Escadre experte Systèmes d’informations et de communications (SIC), infrastucteurs et génie.
(8) Agile Combat Employment : concept Otan/États-Unis visant à disperser des forces pour augmenter leur survivabilité.
(9) Mise en œuvre réactive de l’arme aérienne : concept inspiré d’ACE qui vise à renforcer l’agilité de l’AAE.
(10) Exercice associant opérationnels et industriels pour développer le Maintien en conditions opérationnelles (MCO) de combat.
(11) Qualification permettant de prendre le commandement d’un groupe de plus de trois avions de transport.

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