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  • Une certaine idée de la France et de sa défense – Pierre Messmer dans la RDN (1963-1995)
  • L'industrialisation des Départements d'outre-mer

L'industrialisation des Départements d'outre-mer

Pierre Messmer, "L'industrialisation des Départements d'outre-mer " Une certaine idée de la France et de sa défense – Pierre Messmer dans la RDN (1963-1995)

The industrialization of the Overseas Departments

Des parfums de vanille, l’image nonchalante des champs de canne, semés d’usines que l’on aurait cru parfois dessinées par Dubout, enchantent encore qui rêve des Îles.

L’ère bucolique, où le fruit de l’arbre à pain suffisait à la nourriture de populations peu nombreuses, n’est plus qu’un souvenir. Certes, le soleil demeure, et la grâce de l’accueil. La beauté du décor a fait éclore, avec le développement du tourisme, des industries du loisir. Mais l’hôtellerie n’assure pas, à elle seule, la prospérité. Depuis dix ans, sucre, rhum, banane, victimes d’une crise agricole mondiale, ne sont plus que les moteurs essoufflés de l’expansion. Pour lutter contre la concurrence, il a fallu mécaniser et concentrer. Nombre d’usines à sucre ont dû fermer leurs portes. Ainsi, les rigueurs du progrès technique limitent les emplois que les secteurs traditionnels de l’activité peuvent offrir. Dans le même temps, l’application de la législation sociale métropolitaine, favorable à la natalité, multiplie les bouches à nourrir. L’insularité dressant une barrière naturelle à la mobilité de la main d’œuvre, le déséquilibre s’accentue dans la situation de l’emploi. Pour emprunter une formule célèbre, la population croît plus vite que les subsistances. En Guyane seulement, l’expansion pâtit de l’insuffisance du peuplement. Ailleurs, la surpopulation engendre un chômage endémique. Pour en atténuer les effets, le Gouvernement a organisé la migration. Dix mille jeunes Antillais et Réunionnais partent ainsi, chaque année, travailler en métropole, sous l’égide du Bureau pour le Développement des Migrations intéressant les Départements d’outre-mer (BUMIDOM).

Bien que la migration soit, quand elle est volontaire, expérience enrichissante, il n’est pas bon que la nécessité l’impose. C’est sur place qu’une solution au problème de l’emploi doit être trouvée. Elle est dans l’essor industriel. Cet essor permettra à chaque homme, sans avoir à quitter la terre natale, d’utiliser ses capacités. C’est la condition d’une promotion sociale collective et de l’épanouissement individuel.

* * *

Le développement industriel, aussi souhaitable soit-il, rencontre pourtant des obstacles.

Aucun de nos départements d’outre-mer n’a la chance de la Nouvelle-Calédonie, nantie d’une grande partie des réserves mondiales connues de nickel. Ils manquent de matières premières et de sources naturelles d’énergie. Encore, la Guyane, outre la colombo-tantalite, semble-t-elle riche en bauxite. Alcoa-Guyane et Pechiney vérifient si, comme on l’espère, l’importance des réserves permet l’implantation sur place d’une usine d’alumine. L’immense forêt guyanaise, qui couvre huit millions d’hectares, n’attend que des capitaux à sa dimension. Des indices laissent penser que cette attente pourrait toucher à son terme. L’Office National des Forêts, tout en intensifiant son assistance technique aux entreprises locales existantes, s’apprête, en affinant l’inventaire des essences, et en complétant le dossier technologique, à ouvrir la voie à des unités industrielles équipées pour une utilisation intégrale du bois et pour la régénération de la forêt. Les petites îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélémy recèlent probablement un minerai de cuivre exploitable. Les données du problème de l’énergie à la Guadeloupe seraient transformées si les vapeurs souterraines de Bouillante, en cours de prospection, se révélaient utilisables. Enfin, à une époque où le monde commence à souffrir d’une carence de protéines, la mer, partout présente, cache peut-être sous ses scintillements d’heureuses surprises.

Le problème des matières premières n’est pas le plus grave. Leur absence n’a pas empêché l’industrialisation de Curaçao. Et l’exemple de Porto-Rico, incluse dans l’espace économique des États-Unis et reliée à eux par une sorte de pont maritime, montre qu’il peut y être remédié en réduisant le coût des approvisionnements par l’amélioration des transports. Le Gouvernement, qui exerce une surveillance diligente sur les frets, favorisera toutes les innovations techniques susceptibles de réduire les frais d’emballage.

Le second obstacle à l’industrialisation est dans les mentalités. On ne passe pas, tout à coup, du Jardin d’Éden à Métropolis. Traditionnellement, les capitaux locaux, quand ce n’est pas aux agréments de l’habitat, vont à l’agriculture et au commerce d’importation. C’est peut-être une rémanence viscérale, toute obligation disparue, du vieux pacte colonial en vertu duquel la métropole approvisionnait les Îles, exportatrices de denrées brutes, en articles manufacturés. Un snobisme critiquable pousse, de leur côté, les consommateurs à préférer l’article importé, même s’il est plus cher. Cette connivence du vendeur et du client, qui assure le primat du commerce sur l’industrie, est dangereuse. Elle favorise la montée des prix en raison de la multiplication des charges intermédiaires. Elle renforce les critiques de ceux qui dénoncent l’écart grandissant entre la valeur des biens importés et celle d’une production dont la langueur est génératrice de sous-emploi.

L’étroitesse des marchés locaux est le troisième obstacle. Elle pèse sur la rentabilité des entreprises. C’est sans doute à La Réunion, peuplée de près de 500 000 habitants, que l’on a fait le plus d’efforts pour atténuer les effets de l’exiguïté du marché. La Réunion ne s’est jamais, autant que les Antilles, tournée vers la seule Europe. Des sociétés, opérant sur les deux îles, facilitent l’entretien de relations d’affaires avec Madagascar. Les facteurs d’entente paraissent actuellement se renforcer entre les pays francophones de l’Océan Indien, qui comprennent, outre Madagascar, les Comores, les Seychelles, et Maurice. Il est vrai que cette solidarité australe, qui pourrait s’élargir à d’autres États, est à sens unique, dans la mesure où, jusqu’à présent, La Réunion est plus acheteuse que vendeuse. Mais, à Maurice, qui vient d’adhérer à la Convention de Yaoundé, on prend conscience de la nécessité d’une réciprocité. Des contacts laissent présager des ententes industrielles qui permettront à certaines entreprises de régler leur capacité de production sur un marché de 1 300 000 habitants. On peut espérer que la future raffinerie de pétrole de La Réunion et l’usine d’engrais de Maurice travailleront pour les deux îles.

Quoique la Martinique et la Guadeloupe fassent partie d’un même ensemble national, un particularisme un peu suranné incite le consommateur à regarder d’un œil méfiant les productions de l’île sœur. L’eau minérale de Didier ne serait, dit-on, bonne à boire qu’à la Martinique ; l’eau de Capès-Dole, qu’en Guadeloupe. Aussi, retrouve-t-on, dans chacun des deux départements, une fabrique de glace, une fabrique de boissons gazeuses, une ou deux bonneteries. Les importations en provenance de l’autre île ne représentent pas 1 % du total des importations.

L’intérêt général commande de dépasser ces rivalités de clocher. Même la métropole s’oriente vers une spécialisation industrielle, non seulement des départements, mais aussi des régions, en fonction de leurs aptitudes. Il faut que les élus d’outre-mer lèvent de plus en plus les yeux au-delà de leurs grèves ou de leur mairie. Les pléthoriques Antilles éclatent dans leurs rivages exigus ; un niveau d’industrialisation, qu’elles sont loin d’atteindre, en mutilant la nature, y ruinerait le tourisme. La continentale Guyane a l’espace, des ressources que les Antilles n’ont pas. Il lui manque ces bras qui, aux Antilles, restent, faute d’emploi, ballants. Cette complémentarité suggère une pente naturelle que l’histoire devrait emprunter. Mais il faudrait se hâter. Les Chambres de Commerce et d’Industrie l’ont bien compris, qui ont récemment décidé de concertations périodiques. L’installation d’une raffinerie à la Martinique, en échange de l’installation d’une minoterie-provenderie à la Guadeloupe, la suppression de l’octroi de mer, droit d’entrée spécifique qui alimente les budgets communaux, sur le commerce inter-îles, préfigurent la formation d’un marché de 700 000 consommateurs. Son potentiel de 1 500 millions de francs, grâce à un revenu moyen par tête, qui est au moins trois fois celui des populations d’Afrique Tropicale, en ferait l’équivalent du marché d’importation de la prospère Côte d’Ivoire. C’est loin d’être négligeable. Cette ébauche d’intégration demeurera cependant fragile tant qu’elle ne sera pas charpentée par une organisation permanente. La création d’une grande région, consoliderait à la fois l’économie locale et le rayonnement de la France dans cette partie du monde.

* * *

La minorité autonomiste dénonce un dernier obstacle à l’industrialisation : le régime départemental lui-même. En introduisant les lois sociales de la métropole, la départementalisation de 1946 a fait bondir salaires et prix au-dessus de ceux de chaque zone géographique. Il s’ensuit que les départements d’outre-mer vendent difficilement sur les marchés avoisinants. Les règlements de la Communauté Économique Européenne, dont ils sont, en tant que départements, partie, interdisent l’établissement de droits de douane, indispensables à la protection d’industries naissantes. Bref, la départementalisation laisse les îles ouvertes, sans défense, aux importations européennes. Elle a rendu leur économie artificielle et vulnérable. Telle est la thèse autonomiste.

Les faits qui motivent cette critique sont exacts. Le jugement de valeur ne l’est pas. Il procède d’une idéologie régressive. Alors qu’il faudrait regrouper, chaque département est considéré comme le support d’une entité nationale minuscule. Le progrès, pour les tenants de l’autonomie, passe étrangement par un effondrement du niveau de vie, car on ne vendra aux pays voisins, où ce niveau est, en général, très inférieur, qu’en réduisant salaires et revenus. On troque à la légère les certitudes du Marché Commun, qui absorbe déjà le sucre à un cours privilégié, contre des marchés cloisonnés, pauvres et aléatoires. L’automatisme des transferts sociaux, qui assurent aux plus défavorisés un bien-être très au-dessus du produit de leurs activités, cessera avec le système départemental qui les comporte. En bloquant cette émigration, que les autonomistes condamnent, on aggravera la situation de l’emploi. Bref, la politique des autonomistes est une politique du pire. Quand on est aligné sur l’Europe, on ne voit pas ce qu’on gagne à s’aligner sur Cuba.

L’industrialisation peut être, heureusement, poussée sans le secours de la ruine.

Un niveau de vie élevé, qui accroît la consommation locale, n’empêche pas le développement d’industries modernisées. À certains égards, il en est même la condition.

À supposer que le marché des îles voisines, dont certaines vont être associées à la Communauté Économique Européenne, ne soit pas encore accessible, une enquête approfondie, effectuée par des spécialistes, démontre pour quelles raisons la conquête du marché américain serait, pour diverses industries de main d’œuvre, plus largement bénéficiaire à partir des Antilles qu’à partir des pays de la Loire. Au nombre de ces articles figurent les vêtements, les chaussures et la maroquinerie.

S’il est exact qu’une protection douanière n’est pas possible, des mesures financières, inspirées de la politique d’aménagement du territoire pratiquée dans l’hexagone, mais plus favorables encore aux promoteurs, compensent.

Un système d’incitation aux investissements industriels a été progressivement mis en place depuis 1952. Il combine exonérations fiscales, subventions, prêts publics à long terme et à bas taux d’intérêt. En particulier, sont exonérés d’impôts, non seulement les bénéfices réalisés et réinvestis sur place, mais aussi les bénéfices réalisés en métropole à condition d’être réinvestis outre-mer, dans des activités privilégiées. Ce dernier avantage, inscrit dans une loi du 24 décembre 1971, correspond à une subvention sensiblement égale au quart du capital réinvesti par le promoteur métropolitain. Même non réinvestis, sont temporairement exonérés les bénéfices des entreprises nouvelles, qui sont également exemptées de la patente. Les entreprises importantes peuvent prétendre à un régime fiscal spécial de longue durée. Certains matériels destinés à la construction des usines sont affranchis de T.V.A. comme de l’octroi de mer.

Les subventions prennent la forme d’une prime d’équipement spécifique et d’un remboursement forfaitaire et dégressif des salaires bruts industriels.

On s’emploie aujourd’hui à codifier les textes qui ont institué ces avantages, à simplifier et à harmoniser les procédures qui permettent de les obtenir, à améliorer la distribution du crédit.

* * *

Depuis 1962, quatre-vingts entreprises industrielles ont été lancées grâce à ces facilités.

Ces résultats restent insuffisants. 3 000 emplois seulement ont été créés pendant le Ve Plan, chiffre inférieur à la fois aux prévisions et au nombre d’emplois offerts en métropole par le BUMIDOM.

Il existe un état de grâce de la modernisation où la concentration fait place au foisonnement, certains éléments d’une gamme de production ou certains stades de la fabrication nécessitant la création d’ateliers spécialisés autonomes. Les départements d’outre-mer ne l’ont pas atteint. L’environnement industriel n’y a pas cette densité qui donne aux investissements — les activités naissant les unes des autres — un effet multiplicateur.

Les suppléments de recettes procurés par la création d’usines nouvelles, au lieu de se diriger vers des industries dérivées et de stimuler la production, sont, apparemment, employées à accroître les importations.

Les industries en place — exception faite du Centre National d’Études Spatiales Guyanais, fondé en 1964 et qui est de grandeur internationale — se caractérisent par leurs dimensions modestes à une échelle départementale. Rares sont les entreprises qui comptent plus de 100 employés. Créées pour satisfaire aux besoins locaux, elles tournent souvent au-dessous de leur capacité de production. Si l’on rencontre partout des ateliers de mécanique, il s’agit le plus souvent, à l’image des sucreries et des distilleries traditionnelles, d’industries de transformation des ressources du cru. Typiques sont la congélation des crevettes et les sciages en Guyane, la fabrication, à partir de la bagasse, de panneaux plastifiés à La Réunion.

Le complexe minoterie-aliments du bétail à la Pointe Jarry, en Guadeloupe, les trois usines de broyage de clinkers de la Guadeloupe, de la Martinique et de La Réunion, la raffinerie de 600 000 tonnes de la Martinique, constituent cependant des réalisations déjà plus ambitieuses.

La mise en œuvre aux Antilles d’un vaste projet de raffinerie exclusivement orientée vers le marché américain, renouvellerait les caractères d’une industrie pour ainsi dire introvertie.

* * *

Le décollage de l’industrie peut être pour demain.

Une mission de hauts fonctionnaires, qui vient de séjourner aux Antilles pour faire le point des possibilités, témoigne de l’intérêt porté par le Gouvernement à ce décollage.

Des bureaux de promotion industrielle ont été institués dans les départements d’outre-mer, pour réunir les éléments d’information susceptibles d’intéresser les promoteurs. L’action de ces bureaux sera prochainement relayée au Ministère chargé des Départements d’outre-mer par un organe de liaison avec les promoteurs métropolitains.

De nouvelles zones industrielles seront créées et une politique de réduction du prix de vente des terrains mise en œuvre.

Cependant, même si l’État peut envisager d’orienter vers les départements les affaires dans lesquelles il a des participations, l’industrialisation relève d’abord de l’entreprise privée. La rentabilité doit être le critère de l’agrément, qui est la condition de certains avantages.

Dans la mesure où le principal obstacle à l’industrialisation réside sans doute dans les traditions, consommateurs et détenteurs de capitaux de nos départements d’outre-mer ont une responsabilité dans ce qui se fait ou ne se fait pas en matière d’industrialisation. Une exacte appréciation de cette responsabilité devrait conduire le grand commerce à réinvestir sur place et dans les secteurs productifs. C’est un moyen d’éviter le conflit d’intérêts entre l’importation et l’industrie naissante. C’est surtout la condition de la stabilité sociale et politique. Il n’est pas exagéré de penser que l’avenir des départements en dépend.

La diversification des activités industrielles dépend aussi des initiatives que prendront les grandes firmes métropolitaines susceptibles, surtout depuis le vote de la loi du 24 décembre 1971, de s’intéresser aux affaires locales en les faisant bénéficier de leur technique et de leur expérience commerciale en même temps que de leurs capitaux. Les marchés américains, tout proches, ont de quoi tenter même les moins aventureuses.

En dehors des domaines inventoriés par l’étude citée, les départements d’outre-mer semblent capables d’accueillir des industries nouvelles axées sur l’exportation dans le domaine de l’électronique, de l’électro-ménager, des appareils électriques légers, des articles de lunetterie, des articles en plastique, des machines de précision et des instruments scientifiques. Des positions exportatrices restent à occuper dans les secteurs répondant à leur vocation naturelle : industries de la pêche, bateaux de plaisance, industries alimentaires aussi appétissantes que les fruits confits ou les plats créoles cuisinés.

Au surplus, l’importance croissante des importations suggère que le marché intérieur est loin d’être saturé. Le pouvoir d’achat croît à un rythme rapide. La consommation des ménages devrait augmenter d’environ 10 % par an jusqu’en 1975. Elle aura atteint à cette époque le double de ce qu’elle était en 1968.

Les promoteurs trouveront sur place, outre un environnement paradisiaque, des zones franches à Saint-Barthélémy et à Saint-Martin, des réseaux bancaires, de fréquentes dessertes de leurs marchés par avions confortables et rapides, aux Antilles des liaisons faciles avec l’Europe et le continent américain grâce aux satellites de télécommunications.

Ils trouveront une main d’œuvre abondante, comme les écoles nécessaires à sa formation technique. À côté de l’enseignement de l’État et du Service Militaire Adapté, institution originale grâce à laquelle les recrues acquièrent les rudiments d’un métier, des organismes para-publics (AMFRMO à la Martinique – AGFRMO à la Guadeloupe –ARFRMO à La Réunion), dispensent un enseignement modelé sur les besoins des entreprises. L’enseignement supérieur, très fréquenté, prépare des cadres. Sans doute, si l’on compare avec les îles voisines étrangères, la main d’œuvre est-elle relativement chère. Cependant, le SMIC qui, beaucoup plus qu’en métropole, se confond avec le salaire réellement payé, est, aux Antilles, inférieur de 16 % à celui de l’hexagone, et à La Réunion de 31 %. Il ne saurait être question de creuser cet écart. Il serait préférable que l’égalisation des salaires des zones géographiques, dans lesquelles les départements d’outre-mer jouissent d’une situation privilégiée, se fît par le haut. Cependant, la conscience des intérêts à long terme des travailleurs devrait inciter les syndicats à accepter ce minimum d’écart qui, la proximité aidant, peut faire préférer les Antilles à la métropole pour l’installation d’industries d’exportation.

* * *

Outre-mer, un nouvel âge d’or passe par l’âge de l’acier. Seule l’industrialisation peut donner du travail à la jeunesse et assurer le développement. Seule, elle peut réduire le volume des transferts sociaux, souvent ressentis comme une charge abusive par les métropolitains et comme une humiliation par ceux qui en vivent. Elle est une condition de la paix civile. L’industrialisation est donc, à raison même de son influence déterminante pour l’avenir des départements d’outre-mer et des handicaps à surmonter, un problème d’envergure nationale. Sa solution exige une conjugaison des efforts publics et privés. Le Gouvernement a déjà beaucoup fait, comme on l’a vu. Il étudie de nouvelles mesures. Mais, s’il lui appartient de définir les orientations et le régime financier des investissements, il ne peut, dans un régime de libre entreprise, endosser toutes les responsabilités. Les détenteurs locaux de capitaux ne peuvent exiger d’être couverts par l’État des risques qu’ils créeraient eux-mêmes en n’investissant pas sur place et dans les entreprises les plus propres à offrir des emplois. L’avenir sera modelé par la foi qu’ils auront eue en lui. Le moment paraît venu, pour le monde des affaires, aux Antilles surtout, de dépasser un particularisme ancestral. Que n’y relit-on les harangues de Démosthène adjurant les cités grecques de s’unir, quatre siècles avant le Christ, et comment ces cités périrent pour n’avoir point écouté. C’est le regroupement des départements d’Amérique, la recherche patiente d’accords régionaux, notamment avec les pays voisins destinés à s’associer au Marché Commun Européen, qui consolideront les liens avec l’Europe et qui fourniront les plus larges assises à l’édification d’industries. Une autre option, dont les électeurs méditeront les conséquences pour leur existence quotidienne, lors de chaque consultation, est celle du repliement insulaire et de l’émiettement. C’est aussi celle de l’instabilité politique, sous la férule de roitelets. Épouvantait des capitaux en quête de sécurité et de rentabilité, elle ne s’accommode que d’une industrialisation au ras du sol, limitée aux besoins lilliputiens de marchés appauvris. Si l’ambition de quelques-uns devait, contre toute vraisemblance, prévaloir sur le bon sens, il resterait à ces Terres Promises que furent les Îles au temps des épices seulement le regret des paradis perdus. ♦

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