Seconde partie (se reporter au numéro précédent) d'un article sous pseudo écrit par le gouverneur général Chauvet.
Le Sud-Est asiatique en danger (fin)
Avec une superficie de 287 000 km2, le Laos compte un peu moins de 2 millions d’habitants, — dont près de la moitié ne sont pas des Thaï « Lao » (1) — dilués dans des villages épars au milieu d’un pays tourmenté, et vivant paisiblement en autarcie féodale ou tribale. Aucune unité ne lie cet ensemble, rassemblé par le Protectorat français à partir de trois petits royaumes féodaux ; et la suzeraineté de la dynastie de Luang-Prabang n’a jamais été reconnue en fait dans le centre et dans le Sud. Le bouddhisme du petit véhicule, pratiqué par tous les Thaï Lao, a très peu d’emprise morale sur le comportement social, et a favorisé une douce anarchie.
À part l’opium des provinces du Nord, quelques centaines de tonnes d’étain, un peu de café et de bois, le Laos n’a rien à échanger avec l’extérieur pour satisfaire les besoins introduits par la civilisation moderne, et vit sur lui-même, sans misère véritable, avec une simplicité, une affabilité souriantes. Faute de débouchés intérieurs suffisants et en raison de son éloignement de la mer, son industrialisation à une échelle appréciable est impossible, et sa mise en valeur agricole, du fait de l’extrême dispersion des villages et des terres, est également peu aisée.
Au total, ensemble géographique marginal et hétérogène, amorphe, incapable par ses propres ressources de subvenir aux charges d’un État moderne ; qui ne pourrait trouver de possibilités de développement qu’en s’associant étroitement avec un pays voisin mieux doté par la nature, plus peuplé, et lui ouvrant accès sur la mer. Ensemble contenant très peu de ferments d’évolution vers une forme nationale suffisamment homogène et dynamique, vers une véritable nation consciente de son unité et décidée à construire sa prospérité par son travail.
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