Le service national et ses aspects non militaires
La forme la moins contestable du service national est celle qui se rapporte au temps de guerre. Placer chacun au poste où il sera le plus utile en période d’hostilités, c’est bien le propre du service national.
Mais il faut aussi considérer les obligations imposées aux citoyens en dehors du temps de guerre. En temps de paix, outre le service militaire, les formes les plus variées de service national existent ou ont existé. En France, nous avons le service militaire adapté aux Antilles et eu Guyane, le service de coopération dans les pays d’expression française ; le Commissariat à l’énergie atomique utilise de jeunes scientifiques pendant leur service ; depuis peu les objecteurs de conscience bénéficient d’un statut spécial ; pendant plusieurs années, les mineurs de fond professionnels qui s’engageaient à travailler un temps déterminé à la mine ont été dispensés partiellement ou totalement de service ; sous l’occupation enfin, le service obligatoire était accompli dans les chantiers de jeunesse. L’Allemagne d’Hitler a connu avant la guerre le service du travail, l’organisation Todt. En Union Soviétique, les kolkhozes reçoivent un appoint de main-d’œuvre des Komsomols. En 1958, au moment du « grand bond en avant », 25 millions de Chinois ont été mobilisés pour travailler dans les communes populaires. Tout cela n’est-il pas du service national ?
Parmi cette multitude d’aspects, un pays donné, dans les circonstances données, doit faire son choix, en fonction bien entendu de son organisation militaire et de sa conception de la défense, mais aussi de sa démographie, du degré d’emploi de sa main-d’œuvre, de ses structures économiques et sociales, de l’esprit civique de sa population. Or, en ce qui concerne la France, plusieurs de ces facteurs subissent présentement ou vont subir à bref délai une mutation brusque qui conduit à repenser tout le problème. Nous sommes arrivés à l’heure du choix. Avant d’exercer ce choix, il est nécessaire de se demander en toute objectivité ce que valent, pour notre pays, les différentes formes possibles du service national.
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