Outre-mer - Réunion à Lagos des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de l'unité africain (OUA) - Contentieux financier franco-guinéen - Élections et remaniement ministériel au Cameroun - Assemblée mondiale de la Santé (lutte contre les grandes endémies)
Le 5 mai 1965, le Premier ministre de la République fédérale du Nigeria avait proposé une réunion extraordinaire à Lagos des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Cette Conférence, motivée par le désaccord entre le Ghana et la plupart des États de l’Organisation commune africaine et malgache (Ocam), devait en particulier se prononcer sur le lieu de la Conférence des chefs d’État de l’OUA prévue en principe à Accra en septembre 1965. Pour décider la convocation d’une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères l’accord des deux tiers des États membres est nécessaire ; or ce quorum fut difficile à atteindre. Il fallut presque un mois d’efforts, de contacts et de bons offices, notamment éthiopiens, pour y parvenir. Le 27 mai à la Conférence de l’Ocam à Abidjan les pays représentés décidaient « à l’unanimité, de participer à la Conférence des ministres des Affaires étrangères de l’OUA convoquée à l’initiative du Premier ministre de la République fédérale du Nigeria ». Le quorum atteint le 1er juin, M. Diallo Telli, secrétaire général de l’OUA, convoqua les ministres des Affaires étrangères pour le 10 juin à Lagos.
La Conférence s’est ouverte au jour dit, avec notamment la participation des délégations de tous les États francophones d’Afrique, la République centrafricaine exceptée. D’entrée de jeu les représentants de la Côte d’Ivoire, du Niger et de la Haute-Volta [NDLR 2025 : Burkina Faso depuis 1984] condamnèrent « l’organisation ghanéenne de subversion » dans les États voisins et déclarèrent qu’il était impossible dans ces conditions d’accepter Accra comme lieu de la Conférence au sommet des chefs d’État de l’OUA. Le chef de la délégation du Ghana apporta un démenti formel à l’accusation portée contre son pays et dénia, en outre, à une Conférence de ministres le droit de modifier une décision prise par des chefs d’État. On était dans l’impasse. Sur la proposition du représentant du Nigeria, un Comité ad hoc de cinq membres fut chargé de trouver un compromis. Celui-ci fut très difficile à réaliser, en raison de l’opposition persistante du Ghana à toute résolution lui paraissant comporter une ingérence dans ses affaires intérieures ou une atteinte à sa souveraineté nationale. Deux événements importants survenus pendant le déroulement des travaux de la Conférence semblent avoir pesé sur les délibérations de l’Assemblée : la déclaration, transmise le 12 juin par la radio, du Président Yaméogo [Haute-Volta] réitérant sa décision de ne pas aller à Accra, et le remaniement ministériel ghanéen, entraînant le remplacement comme ministre des Affaires étrangères de M. Botsio, celui-ci conservant toutefois sa place au sein de la Conférence. Finalement celle-ci se termina le dimanche 13 juin avec le vote, à l’unanimité, d’une résolution en sept points présentée par le Comité ad hoc. Cette résolution recommande à tous les Présidents des pays membres de se rendre au mois de septembre à Accra « où la sécurité pour la Conférence sera pleinement assurée, où toute personne jugée indésirable sera éloignée et où tout groupe politique subversif sera interdit ». D’autre part un appel sera fait à tous les pays africains de s’abstenir de propagande subversive, ceux-ci s’engageant à régler leurs différends par la voie de négociations bilatérales. La résolution demande d’autre part que le problème de la subversion et celui des réfugiés soient réglés lors de la Conférence d’Accra. Enfin il est convenu que le président du Comité de conciliation et le Secrétaire général de l’OUA se rendront à Accra avant la Conférence de septembre pour s’assurer que les mesures prévues (sécurité pleinement assurée et éloignement des éléments subversifs) auront été appliquées. Accessoirement les ministres des Affaires étrangères ont voté à l’unanimité deux résolutions : l’une demandant que la « Constitution raciste » de Rhodésie du Sud soit suspendue et remplacée par une constitution fondée sur le droit au suffrage universel de tous les habitants du territoire ; l’autre est un appel à l’union de tous les mouvements de libération nationale pour la lutte contre le racisme.
Les décisions prises donnent satisfaction au gouvernement de M. N’Krumah puisque la Conférence des Chefs d’État est maintenue à Accra, mais elles constituent également un succès pour la majorité des pays de l’Ocam puisque la Conférence a reconnu les faits reprochés au Ghana et a décidé de faire vérifier sur place la réalité des mesures de sécurité que le gouvernement ghanéen a été invité à prendre. En tout état de cause la décision d’aller ou de ne pas aller à Accra dépend maintenant des seuls Chefs d’État intéressés.
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