La place de Pékin dans l’ensemble du « camp socialiste » (II) La politique internationale de la Chine
Je me suis efforcé, dans un précédent article (1), de décrire quelques-uns des aspects les plus importants de la situation intérieure de la Chine actuelle et de marquer d’une part quels ont été les succès du régime, d’autre part quelles sont aussi ses difficultés au terme de cette année 1965. J’en viens maintenant à l’étude de sa politique internationale.
La présente étude se propose un objectif à la fois limité et concret. On laissera de côté l’examen des entreprises de Pékin en direction de l’Afrique, des pays arabes, de l’Amérique latine ou de l’Europe. On ne s’attardera pas davantage sur les efforts que déploient les Chinois au sein des conférences afro-asiatiques ou des organisations internationales communistes. On se bornera à l’analyse de l’action de la Chine dans son propre continent. Pour être une puissance mondiale — et sa récente accession au rang des pays nucléaires a considérablement renforcé son prestige — la Chine n’en est pas moins en effet, avant tout, une puissance asiatique soucieuse par priorité de consolider les fondements de sa nouvelle expérience dans ses propres limites géographiques. Sans doute la Chine se sent-elle une forte vocation vers l’extérieur mais c’est de son importance géographique, de l’abondance de sa population et de la richesse ancienne de sa civilisation qu’elle tire le plus clair de sa force. Nous allons donc, tout simplement, faire le tour de cet immense territoire en faisant le point de ses relations avec les pays de son voisinage.
Politique de la Chine en Asie
J’ai dit, dans un article précédent, que la Chine contemporaine avait enfin « rempli » — ce qui ne fut sans doute jamais le cas auparavant dans son histoire — le cadre de toutes ses frontières. Avec une superficie de plus de 9 millions de km2, elle constitue une énorme masse continentale. Or, et ceci prend une immédiate signification stratégique, ce bloc compact se trouve comprimé, sur ses bordures occidentale et orientale, entre les milliers de kilomètres de la frontière soviétique et les milliers de kilomètres du rempart de sécurité américaine du Pacifique. Le pays le plus peuplé de l’univers touche ainsi directement aux deux plus grandes puissances du monde moderne. Qu’on ne s’étonne donc pas que ses problèmes de politique étrangère soient à la mesure de cet important voisinage.
Il reste 97 % de l'article à lire
Plan de l'article