À partir de l'article « The Necessary Partnership » du haut fontionnaire du Département d'État, J. Robert Schaetzel publié dans la revue américaine Foreign Affairs d'avril 1966.
À travers les revues - Une opinion américaine sur l’unification de l’Europe
Dans le numéro d’avril de la revue américaine « Foreign Affairs », sous le titre « L’Association nécessaire », un haut fonctionnaire du State Department, J. Robert Schaetzel, expose ses vues sur l’organisation du monde occidental, dont il pense qu’elle doit s’établir sur une association étroite entre les États-Unis et les États de l’Europe occidentale. L’originalité de cette opinion provient davantage des arguments donnés en sa faveur que de la thèse elle-même, qui a déjà été soutenue à maintes reprises. J. Robert Schaetzel présente un tableau intéressant de l’attitude américaine vis-à-vis de l’Europe occidentale ; d’autre part, il s’inspire surtout des nécessités de la défense du monde libre et de sa civilisation, qu’il dit être le bien le plus précieux et le soutien le plus solide de l’humanité tout entière.
Au cours de la période contemporaine, écrit-il, « la politique des États-Unis vis-à-vis de l’Europe occidentale a été marquée par sa permanence et sa rare continuité. Les changements de présidents, de secrétaires d’État et de partis politiques n’en ont pas altéré les fondements. Le Gouvernement se trouve en plein accord avec l’opinion publique, car l’homme de la rue éprouve profondément le sentiment que l’Europe occidentale a une importance vitale pour les États-Unis. L’OTAN a symbolisé la métamorphose de notre politique étrangère — le rejet d’un isolationnisme vieux de cent cinquante ans, notre acceptation volontaire de jouer un rôle dirigeant, et la reconnaissance du fait que la sécurité américaine ne peut être assurée sans une collaboration avec une Europe occidentale libre. (..) Le second élément de la politique américaine a été le soutien de l’idée de l’unification de l’Europe (..) ce qui ne peut surprendre, puisqu’il est naturel de penser que les institutions qui sont bonnes pour un peuple doivent l’être également pour d’autres. »
L’auteur admet que la crise du Marché Commun, ouverte en janvier 1963, lorsque la France s’opposa à l’admission de la Grande-Bretagne dans cette organisation, a quelque peu refroidi les premiers enthousiasmes et les premiers espoirs dans une unification rapide de l’Europe. Il se demande s’il faut y voir la preuve que celle-ci reste, comme elle l’a été pendant des siècles, un objectif mal défini et hors de portée, et d’autre part si « les intérêts américains seraient véritablement favorisés par l’existence d’une Europe économiquement et politiquement unifiée, dont la population serait plus nombreuse que la nôtre, qui disposerait d’une puissance et d’un potentiel techniques équivalents aux nôtres, et — ce qui est beaucoup plus alarmant — se permettrait d’avoir ses propres idées… » Alors que les six États du Marché Commun ont de la peine à s’entendre, est-il raisonnable de croire que tous les États de l’Europe occidentale pourraient vivre en harmonie ? Et même, dit J. Robert Schaetzel, l’Europe a-t-elle encore de l’importance, dans le monde actuel ? Mais il répond à ses propres questions et à ses propres boutades, par un véritable acte de foi. « L’Europe de l’Ouest est la seule région stable et prospère qui puisse partager avec nous la charge d’assurer la sécurité et le bien-être économique de l’ensemble du monde libre. Ensemble, les deux bords de l’Atlantique ont une puissance qui domine de très haut, comme une tour, toute autre combinaison de forces. Le glissement de l’Europe de l’Ouest vers l’Est serait un désastre. Alors que l’Europe demeure stable en raison de la communauté des intérêts de plusieurs de ses États, les mémoires, même les plus courtes, doivent se souvenir des catastrophes engendrées dans le monde entier par les querelles européennes. La prudence nous dicte de persévérer pour maintenir ce que nous avons fait. »
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