Depuis de longs mois déjà, il est question d’un allégement des forces américaines en Europe. Déclarations officieuses ou officielles, commentaires de presse infirment ou confirment avec autant d’assurance que de conviction cette nouvelle.La crise intérieure de l’OTAN n’est pas la seule raison qui justifie ces rumeurs ; d’autres raisons sont apparues récemment et apportent de nouveaux fondements non seulement à un allégement des forces américaines en Europe mais aussi à une véritable évolution de la stratégie américaine dans les deux principales parties du monde : en Europe et en Asie.

Dans le Sud-Est asiatique d’abord, les besoins américains en effectifs vont en augmentant : le conflit s’aggrave et menace de s’étendre ; l’apparition sur les rives du Pacifique de la puissance atomique chinoise laisse peser à terme une menace, à laquelle la stratégie américaine semble déjà faire face. Ensuite, la diminution du stock d’or fédéral conduit l’Administration américaine à rechercher une réduction des dépenses à l’étranger et en particulier de celles occasionnées par le stationnement de Forces armées en dehors du territoire américain. Enfin, des améliorations techniques, principalement en matière de mobilité aérienne et de puissance de feu, apportent de nouvelles facilités d’intervention outre-mer et peuvent favoriser une nouvelle répartition des forces américaines dans le monde.

Tout cela crée une situation, une conjoncture ou, pour parler comme les Américains, un « environnement » dont les différents facteurs réunis créent une ambiance propice à une évolution de la politique militaire des États-Unis. Ce sont ces facteurs que nous voudrions d’abord analyser dans les domaines politique, financier et militaire avant d’esquisser les nouvelles tendances d’orientation de la stratégie américaine en Europe aussi bien que dans le Pacifique.