Institutions internationales - Reports de décisions européennes - Le vingtième anniversaire de l'Otan - Désarmement, négociations nucléaires - Le « Sommet » du COMECON (Conseil d'assistance économique mutuelle)
Bien qu’elles soient depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’une des pièces maîtresses du jeu diplomatique, les institutions internationales restent dépendantes des gouvernements, et même celles à qui a été attribué le maximum d’autorité et d’initiative n’agissent qu’en fonction des impulsions ou des réticences nationales. Le jeu diplomatique se déroule ainsi sur deux plans distincts. Il en est de même en ce qui concerne le rôle des individus. C’est là un vieux débat, auquel aucune conclusion n’a encore été donnée. Les hommes font-ils l’histoire, ou l’histoire fait-elle les hommes ?
Il est bien certain que l’histoire fait les hommes, une histoire profonde, silencieuse et anonyme, qui impose d’aller bien au-delà des individus pour saisir les formes larges de la vie collective, les économies, les institutions, les architectures sociales, les civilisations enfin. Mais Treitschke avait également raison lorsqu’il disait que « les hommes font l’histoire », et certains d’entre eux la marquent profondément. Dans ses Figures de proue, René Grousset écrivait : « Il y a eu dans l’histoire de grandes heures où l’humanité (du moins dans ses ailes marchantes) a fait halte en s’interrogeant sur la route à suivre. Il y a eu des clairières dans la forêt. Il y a eu des pauses dans le destin. La nuit se dissipait. La journée s’annonçait belle. En ces instants privilégiés, tout semblait possible. Un avenir illimité, à perte de vue comme les horizons de la Prairie, semblait justifier toutes les espérances. L’humanité elle-même, comme rajeunie par ce spectacle, semblait plastique, glaise où le génie de l’espèce allait, sur un type plus beau, remodeler sa propre statue. C’est en de pareils instants que se sont toujours révélés les hommes-chefs, ceux que le dieu des forts a touchés de son aile. Profitant du flottement de la troupe qui les suivait, répondant à sa muette interrogation, ils l’ont chaque fois entraînée sur de nouveaux versants, et le destin des hommes, souvent pour des siècles, s’est trouvé une fois de plus irrévocablement engagé. »
Il est donc bien évident que lorsque la politique d’un pays était marquée par un homme comme la politique française l’était, dans ses principes et dans son style, par le général de Gaulle, le départ de celui-ci ne peut pas ne pas avoir de conséquences. Il ne saurait être question, dans cette chronique, d’esquisser ce que peuvent être ces conséquences. Mais d’ores et déjà, notamment en ce qui concerne les organisations européennes, le départ du général de Gaulle a eu des conséquences immédiates sur le calendrier.
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