La dissuasion peut-elle être tournée ?
Au rythme actuel de la poussée démographique sur toute la planète, « les sept milliards d’hectares que l’homme puisse habiter sans se sentir en état de déportation politique ou d’expérimentation scientifique, auront en l’an 2000 une densité de peuplement supérieure à celle de la France (0,9 par hectare contre 0,8) » (1). Si l’homme ne parvient pas de quelque façon à maîtriser cette prolifération de son espèce, la répartition actuelle des terres habitables devra, tôt ou tard, être remise en question.
Si l’on considère par ailleurs le développement prodigieux des moyens de communication de toute nature et notamment électroniques qui abolissent en quelque sorte l’espace et le temps et qui donnent aux manifestations de la violence en un point quelconque du globe une résonance planétaire, on en vient à redouter que cette remise en question ne débouche sur une conflagration désastreuse pour l’humanité. On peut certes, avec l’optimisme d’un Teilhard de Chardin, voir dans cette compression et cette fusion de l’espèce humaine l’aurore d’une « noosphère » en marche vers un point oméga divin, mais le politique n’est pas le croyant et même s’il en partage l’espérance il ne peut s’en remettre à une perspective théologique de l’histoire ; il se doit d’envisager les conséquences rationnellement prévisibles de cette évolution.
Quelles sont-elles ? Nous voyons se produire dès maintenant une sorte de déversement humain vers le milieu marin, ce qui entraîne, d’ores et déjà, une transformation totale de la stratégie traditionnellement admise quant à ce milieu. Trois faits nouveaux, considérables, affectent directement le vieil ordre des choses de la mer et en appellent la révision : le fait nucléaire, le début de l’exploitation économique de l’océan et enfin la formidable poussée de la Russie Soviétique au-delà de ses frontières continentales. Nous allons les analyser successivement et en tirer les conséquences mais auparavant arrêtons-nous un instant sur la notion de puissance maritime et réfléchissons en nous aidant de quelques rappels historiques sur son origine et sa finalité.
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