Notre politique militaire repose sur la notion de dissuasion. La théorie de la dissuasion, parce qu’elle est encore trop méconnue, donne lieu parfois à des confusions ou à des malentendus — confusion de la part de ceux qui, jugeant en termes de référence conventionnels, ne veulent voir que la différence d’échelle, qui existe réellement, entre la puissance mégatonnique de nos forces de riposte et celles dont disposent les super-grands ; malentendu de la part de ceux qui dissocient capacité de riposte nucléaire et volonté populaire de défense, sans l’étroite conjonction desquelles il ne saurait y avoir de défense. Répondant au désir exprimé par de nombreux lecteurs, il nous a paru intéressant de rappeler ici les éléments essentiels d’une théorie de la dissuasion et d’esquisser les grandes lignes de son application possible au cas d’une puissance moyenne comme la France.
L’auteur a été jusqu’en 1971 au Centre de prospective et d’évaluations. Il fait partie actuellement des cadres de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). L’exposé qui suit doit beaucoup aux travaux que, dès 1965, des officiers français entreprirent pour l’étude d’un modèle logique de dissuasion.