Armée de terre - Participation de l'Armée de terre aux manœuvres nationales 1975 - Satory V : exposition de matériels d'armement terrestre
Participation de l’Armée de terre aux manœuvres nationales 1975
Organisées et dirigées par le général Maurin, Chef d’état-major des armées, les manœuvres nationales Manat 75 se sont déroulées du 21 avril au 7 mai en deux phases (cf. chronique « Défense en France » de mars et de juin 1975). La première s’est jouée sous la forme d’un exercice de commandement : Exnat. Elle a été suivie par des exercices réels destinés à tester quatre aspects particuliers de notre système de défense. Deux d’entre eux ont été exécutés par l’Armée de terre. Baptisés Exrels/Terre, ils ont mis en œuvre les forces de manœuvre et la défense opérationnelle du territoire.
Exrel/Terre - Forces de manœuvre
Exrel/Terre - Forces de manœuvre s’est déroulé au camp de Mourmelon le 5 mai 1975 en présence du ministre de la Défense, M. Yvon Bourges, du secrétaire d’État, Marcel Bigeard, et de M. Voilquin, président de la Commission de défense nationale de l’Assemblée nationale, accompagnés de hautes personnalités militaires.
Il convient de noter, pour la première fois dans une manœuvre de ce genre, l’engagement d’un régiment Pluton. L’exercice, interarmées, a été monté et dirigé par le général Delaunay commandant la 10e Brigade et exécuté pour l’essentiel par cette grande unité, un régiment Pluton – le 15e Régiment d’artillerie (RA) – et des éléments de la Force aérienne tactique (Fatac).
Le thème situait l’engagement de la 10e Brigade dans le cadre d’une action du 1er Corps d’armée (CA) menée contre une grande unité adverse en mouvement. Cette action était supposée avoir lieu après décision gouvernementale d’emploi de l’armement nucléaire tactique dans un périmètre déterminé.
Avant de donner les grandes lignes du déroulement de l’exercice, il convient de rappeler la place des brigades mécanisées dans notre système de défense. Elles constituent le noyau des forces de manœuvre qui représentent, entre les mains du Gouvernement, un moyen de combat terrestre et d’intervention en Europe. Elles sont le complément indispensable des armes nucléaires tactiques dont elles rendent l’emploi possible en fournissant, avant la frappe, les renseignements nécessaires sur l’ennemi et en exploitant dès que possible les effets de celle-ci.
La manœuvre jouée à Mourmelon le 5 mai avait pour but d’étudier les phases d’engagement de la brigade en exploitation du feu nucléaire ainsi que les différentes séquences d’intervention du régiment Pluton. Elle a permis d’illustrer également la coopération entre les forces aériennes tactiques et les troupes mécanisées ainsi que l’aide mutuelle entre les différentes armes (Artillerie, Infanterie, Chars, Alat [Aviation légère de l’Armée de terre], Génie, DCA [Défense contre les aéronefs], etc.).
La première phase, préliminaire au tir nucléaire, a consisté en une manœuvre de reconnaissance et de recherche du renseignement. Au cours de celle-ci, la 10e Brigade, éclairée par sa compagnie d’éclairage (CEB) et des hélicoptères du Groupement Alat divisionnaire (Galdiv), a pris le contact de l’ennemi, puis en a précisé la force par l’engagement de son régiment mécanisé, le 1er Groupe de chasseurs mécanisés (GCM), déterminant ainsi le volume, la nature et le contour de l’adversaire.
Parallèlement, le renseignement était recherché dans la profondeur grâce aux radars Ratac et aux reconnaissances aériennes, tandis que l’aviation amie, des Mirage IIIE et des North American F-100 Super Sabre, intervenaient au canon, à la roquette et à la bombe de 400 kg, sur les premiers chars ennemis décelés. Cet appui feu a donné lieu à des tirs réels spectaculaires dont les spectateurs ont noté la précision.
À partir des renseignements ainsi obtenus, il a été possible de localiser l’objectif sur lequel devait être appliquée la frappe nucléaire.
Le régiment Pluton, rapidement déployé, a exécuté dans des délais extrêmement brefs, témoignant de son degré d’entraînement, les opérations simultanées ou successives nécessaires à l’exécution du tir : intégration des données, calcul des éléments de tir, mise en batterie, chargement du missile.
Dans le même temps, le gros de la brigade, soit deux régiments d’AMX-30, le 503e Régiment de chars de combat (RCC) et le 18e Régiment de dragons, se déployait à proximité de la ligne de débouché tout en prenant les dispositions de sécurité préalables à une explosion nucléaire.
Dès l’exécution du tir nucléaire par le régiment Pluton, tir représenté par un figuratif spécial, les deux régiments de chars débouchaient en bataille afin d’en exploiter les effets. Appuyés par le régiment d’artillerie de brigade, le 40e RA, tirant à obus réels au plus près, et par les appareils de la Fatac, ils entreprenaient la réduction des premières résistances rencontrées tout en maintenant la progression à un rythme soutenu.
Cet exercice a montré l’aptitude de nos grandes unités à manœuvrer dans le cadre d’emploi de l’arme nucléaire, l’adaptation de notre matériel à ce type de combat, la souplesse d’emploi du régiment Pluton, et surtout le degré d’entraînement de nos forces, constituées en majorité d’appelés.
Exrel/Terre - DOT
Exercice interarmées à simple action, Exrel/Terre - DOT s’est déroulé du 5 au 7 mai 1975 dans le sud-ouest de la France, plus précisément dans les départements de l’Aude et des Pyrénées orientales.
Dirigé par le général commandant la 72e Division militaire, il a mis en œuvre des éléments de la 7e Région militaire, de la Gendarmerie, de la 3e Région maritime, de la 4e Région aérienne et des administrations civiles.
Ces dernières ont en particulier siégé au sein des Centres de renseignement et de coordination (CRC) à l’activité desquelles participaient pour la circonstance des officiers de réserve. Il est rappelé que les CRC ont pour rôle de permettre la concordance et la continuité de l’action des autorités civiles et militaires aux échelons de la zone de défense, de la circonscription d’action régionale, du département, ainsi qu’en zone forte de ports de guerre. Ils tiennent à la disposition de ces autorités la situation des moyens disponibles, coordonnent la recherche et l’exploitation des renseignements et rassemblent tous les éléments nécessaires à des décisions concertées.
Outre les moyens de commandement et de liaison, les principaux éléments engagés du côté ami ont été les suivants : en ce qui concerne l’action terrestre, quatre régiments des forces du territoire, soit le 24e Régiment d’infanterie de Marine (RIMa), le 53e RID, le 115e RID et le 1er REC, les délégués militaires départementaux (DMD) des Pyrénées-orientales et de l’Aude, deux compagnies de gendarmerie renforcées ; en ce qui concerne les moyens maritimes : une demi-douzaine de bâtiments dont un escorteur côtier de la Marine nationale et des vedettes de la gendarmerie, des douanes, et des affaires maritimes, ainsi que des appareils Breguet Alizé de l’aéronavale ; enfin, pour l’Armée de l’air : la Base aérienne 944 avec ses moyens organiques de protection, 6 appareils d’observation du GAT 22 et des sorties d’appui feu.
L’adversaire était représenté par un plastron comprenant un sous-marin, trois bâtiments de surface et quatre commandos fournis par le Groupement de fusiliers marins commandos (Groufumaco) et le 2e Régiment étranger de parachutistes (REP).
Se situant dans le cadre de la défense opérationnelle du territoire, Exrel/Terre - DOT était axé principalement sur la lutte contre des commandos ennemis débarqués. Il a permis d’étudier la coopération entre la DOT et la Défense maritime territoriale (DMT) dans la défense du littoral et des points sensibles face à une menace venant de la mer. Le recueil et la transmission du renseignement étaient les points plus spécialement étudiés.
Au cours de la journée du 5 mai, à la suite de renseignements faisant état de la présence de bâtiments adverses dans les approches maritimes, le dispositif de surveillance maritime et terrestre est mis en place. Dans la nuit du 5 au 6 mai, des commandos débarquent dans la région côtière de Narbonne et de Port-Vendres. Pendant la même nuit et la nuit suivante, ils attaquent plusieurs points sensibles tout en tendant des embuscades sur les itinéraires d’accès à ceux-ci.
Grâce à l’étroite coopération des organes de renseignement des trois armées, de la gendarmerie et des organismes civils, les commandos sont rapidement localisés et contraints de gagner des zones refuges. Dans la journée du 7 mai, celles-ci sont repérées et les commandos détruits.
Cet exercice réaliste a préfiguré sur un point limité du littoral ce qui pourrait se produire en tout autre point ou dans un secteur élargi. Il a permis de tester les rapports entre autorités civiles et militaires et de mesurer le degré d’efficacité de notre système de surveillance et de protection des points sensibles ainsi que la valeur opérationnelle des unités des forces du territoire.
Satory V : exposition de matériels d’armement terrestre
Les réalisations françaises faisant appel aux techniques les plus avancées en matière d’armement terrestre vont être présentées à Satory du 9 au 13 juin 1975 par la Délégation ministérielle pour l’Armement et les sociétés nationales et privées.
Seule au monde en ce genre, cette exposition réunira en 1975 plus de 600 matériels présentés par 100 exposants en vue de répondre aux besoins et aux vœux de 53 délégations étrangères de pays amis.
Satory V proposera à ses visiteurs divers types de manifestations :
– des expositions statiques dans deux halls couverts et en plein air,
– des présentations dynamiques sur piste, en tous terrains et sur un plan d’eau,
– des projections de films destinés à compléter par l’image la présentation des matériels dont l’expérimentation ne peut être effectuée sur le terrain de Satory,
– une présentation « au tir » (en vraie grandeur) de matériels d’armement qui aura lieu au Camp de Mailly, le 11 juin 1975, et sera réservée à certains invités.
Au Salon de Satory seront exposées aussi bien les réalisations menées sur le seul plan français que celles qui ont été le fruit des coopérations industrielles avec d’autres pays. L’objectif est de faire connaître la capacité technologique ainsi que les fabrications tant pour favoriser le renforcement et l’extension de la coopération internationale dans ce domaine que pour promouvoir les exportations ; ces deux actions concourant à réduire les charges du budget français de la Défense et à rééquilibrer notre balance commerciale.
Satory V traduira l’évolution de l’industrie de l’armement terrestre français. Parmi les plus récents matériels, il est intéressant de signaler :
• dans le domaine de la mobilité :
– les deux versions de l’AMX-10 équipées d’une tourelle canon de 105 : l’AMX-10C à chenille en version char de combat et l’AMX-10RC, engin feux à roues destiné aux unités de reconnaissance ;
– le matériel automoteur de 155 GCT (à grande cadence de tir), sur châssis AMX-30 qui accroîtra les possibilités opérationnelles de l’artillerie ;
– le Véhicule de l’avant blindé (VAB) dont la version de base, assurant un transport de troupe de 12 hommes, est l’engin tactique de l’infanterie motorisée. Il figure pour la première fois à l’exposition de Satory.
• dans le domaine de l’armement :
– le système d’arme antiaérien Roland qui vient de remporter aux États-Unis le succès que l’on sait et qui est, comme les antichars Milan et HOT, le fruit de la coopération franco-allemande ;
– le système d’arme antiaérien Crotale ;
– le missile à charge nucléaire Pluton monté sur châssis AMX-30 qui illustre bien le niveau technologique atteint par l’industrie française.
• dans le domaine de l’électronique :
– le Réseau intégré de transmission automatique (Rita) qui permettra aux unités des forces de manœuvre d’améliorer considérablement la rapidité et la portée de leurs communications. ♦