Institutions internationales - L'Europe et le désordre monétaire - Les difficultés de la Politique agricole commune (PAC) - Imbroglios africains
Tandis que se poursuivait la « normalisation » en Pologne, la Conférence de Madrid, chargée, après celle de Belgrade de 1977, de dresser le bilan de la mise en œuvre de l’Acte final de celle d’Helsinki de 1975. Se déroulait dans l’indifférence, les négociations de Genève sur les armements stratégiques et celles de Vienne sur les réductions « mutuelles et équilibrées » des forces en Europe restaient enlisées dans des considérations techniques et hypothéquées par les nouvelles tensions internationales.
L’attention s’est concentrée sur l’Amérique centrale et sur l’Europe. Les États-Unis ont le sentiment que la guerre est à leurs portes, et ils n’ont pas oublié la menace de Che Guevara : « De l’Amérique latine, nous ferons cent Vietnam ! ». Ils ne laisseront pas l’Amérique centrale et la zone des Caraïbes tomber sous la domination communiste. Cuba est un foyer qui enflamme des brûlots dans toute la région. Le Nicaragua est perdu. Le Salvador est menacé. Après, ce sera peut-être le tour du Guatemala, de Panama et du Mexique. C’est ce qui explique le discours dans lequel le président Reagan a, le 24 février 1982 devant l’Organisation des États américains, proposé à cette région troublée une aide économique sans précédent, tout en dénonçant avec force l’action de l’URSS, par l’intermédiaire de Cuba et du Nicaragua. Pendant ce temps l’Europe a, une nouvelle fois, été affrontée à des difficultés tenant, les unes et les autres, à son manque d’homogénéité politique, qu’il s’agisse des discussions sur les prix agricoles ou de la dévaluation du franc belge et de la couronne danoise le 22 février 1982.
L’Europe et le désordre monétaire
Début février 1982, une nouvelle agitation s’est emparée des marchés des changes, les cours du dollar s’étant brusquement élevés sur toutes les places, après une série de baisses amorcée en septembre 1981. Les partenaires des États-Unis ont aussitôt subi les conséquences de ce mouvement. L’envolée de la monnaie américaine renchérit les factures pétrolières et, surtout, la tension des taux sur le marché des eurodollars empêche les pays européens, notamment la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne fédérale, d’opérer une nouvelle réduction du coût du crédit pour faciliter la relance de leur économie. Le 17 janvier 1982, lors d’une réunion à Versailles, les ministres européens des Finances avaient qualifié de « meurtrière » la politique américaine en matière de taux d’intérêt, et mis en accusation le secrétaire au Trésor, Donald Reagan, et le président de la Banque centrale des États-Unis (le FED), Paul Volcker. Ce dernier ne voulait pas assouplir sa politique d’argent cher aussi longtemps que le gouvernement et le Congrès n’auraient pas entrepris de réduire substantiellement le déficit budgétaire.
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