Défense à travers la presse
Les événements qui modifient l’équilibre en Europe impliquent une nouvelle donne stratégique. Les deux alliances n’ont pas encore fait connaître leurs intentions, sans doute attendent-elles que soit élucidée l’attitude de l’Allemagne réunifiée. Mais il semble bien, d’ores et déjà, que le Pacte de Varsovie n’est plus qu’une coquille vide. De plus, les dirigeants de chacune des coalitions se livrent à une fuite en avant : le président américain Bush accélère le retrait des forces étrangères d’Europe centrale et M. Gorbatchev, Secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique, le suit, sans attendre le résultat des négociations de Vienne. De même, devançant un traité international, Washington et Moscou décident la destruction de leurs stocks d’armes chimiques. Une évolution globale qui incite Paris à ne pas se démunir de son dispositif de défense, faute de quoi, comme l’a dit M. Chevènement, ministre de la Défense ce serait « accepter que l’Europe ne soit qu’un no man’s land entre les deux grandes puissances nucléaires ».
Tous ces événements soulèvent bien des questions auxquelles nos confrères tentent d’apporter des éclaircissements, sinon des réponses. La proposition américaine d’abaisser considérablement le plafond des forces étrangères en Europe centrale a eu l’avantage de rencontrer la souplesse du Kremlin, note l’éditorialiste du Monde du 15 février 1990 :
« Dans un premier temps, le président soviétique avait exigé que l’on mît en balance, en face des effectifs que l’Armée rouge entretient en Europe hors de ses frontières, non seulement les unités américaines mais aussi les contingents des autres pays stationnés en République fédérale d’Allemagne (RFA). Dans un deuxième temps, il avait décidé d’oublier ces forces européennes mais du moins demandait-il que la parité soit maintenue avec les troupes américaines. Moscou a finalement cédé sur ce point-là aussi et le rapport des effectifs entre les deux puissances va se trouver ainsi, pour la première fois depuis la guerre, renversé en faveur des États-Unis : ceux-ci disposeront, compte tenu de leurs bases en Grande-Bretagne et sur le pourtour méditerranéen, de 30 000 soldats de plus. Il est vrai que, comme l’avait fait observer le président Bush, l’URSS dispose de l’avantage de la proximité avec de fortes garnisons qu’elle maintiendra dans la partie européenne de son territoire. En fait, on peut se demander si l’Union soviétique peut aller jusqu’au plafond de 195 000 hommes qui lui est concédé en Europe centrale, puisque ses troupes, déjà indésirables en Hongrie et en Tchécoslovaquie, le seront bientôt sans doute en Pologne et que le maintien de son principal contingent, celui de République démocratique allemande (RDA), paraît de plus en plus problématique face aux perspectives de l’unité allemande ».
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