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  • Revue n° 481 Novembre 1987
  • Pionniers de l’atome

Pionniers de l’atome

Marcel Duval, « Pionniers de l’atome  » Revue n° 481 Novembre 1987 - p. 201-204
Auteur(s) de l'ouvrage : Bertrand Goldshmidt Éditions Stock, 1987 ; 484 pages

Il paraît inutile de présenter longuement Bertrand Goldschmidt dans cette revue, puisqu’il avait bien voulu être l’animateur très apprécié du débat organisé en 1982 par notre Comité d’études de défense nationale sur la prolifération nucléaire dans le Tiers-Monde, dont les actes furent publiés dans la livraison de juillet de la même année de Défense Nationale. En outre, nos lecteurs connaissent certainement ses précédents ouvrages qui ont retenu l’intérêt dans le monde entier, c’est-à-dire L’aventure atomique (1962), Les rivalités atomiques (1967) et Le complexe atomique (1980).

Ils savent donc que leur auteur a été l’un des principaux pionniers scientifiques de l’aventure atomique française, aux côtés de Frédéric Joliot, Hans Halban et Lew Kowarski. Recruté à vingt ans par Marie Curie, s’étant engagé après l’armistice dans la France libre, il a été le seul de nos compatriotes à participer aux recherches ultra-secrètes du laboratoire américain de Chicago. Il a ensuite été, avec Pierre Auger, Jules Guéron, Halban et Kowarski, l’un des cinq « Français nucléaires libres » ayant appartenu à l’entreprise atomique anglo-canadienne qui fut mise en place à Montréal à la fin de 1942 dans le but de faciliter la coopération avec les États-Unis. À la libération il est, aux côtés de Joliot et de Raoul Dautry, l’un des fondateurs de notre Commissariat à l’énergie atomique (CEA), où, au cours des trente-cinq années qui suivront, il sera successivement responsable de la chimie, puis des programmes et des relations extérieures, et enfin des relations internationales. Il sera aussi pendant vingt-trois ans le représentant de la France à l’Agence internationale de l’énergie atomique, dont il présidera le conseil des gouverneurs.

Dans son nouvel ouvrage, qui est donc intitulé Pionniers de l’atome, Bertrand Goldschmidt a entrepris de réécrire ses souvenirs relatifs à cette aventure nucléaire à laquelle il a participé de si près. Mais il se limite à la période des vingt ans comprise entre 1933 et 1953, où tout d’ailleurs fut découvert et décidé en matière atomique, que ce soit aux plans scientifique, industriel et politique. Avec le recul du temps, il était en effet en mesure de le faire plus complètement, avec la parfaite objectivité à l’égard des événements et la franchise toujours bienveillante envers les personnes qui sont les siennes, d’autant qu’il peut maintenant argumenter ses jugements à partir de nombreux documents américains, britanniques et canadiens auxquels il a eu accès, puisqu’ils ne sont plus couverts par le secret officiel. La somme ainsi réunie sur près de cinq cents pages est d’un exceptionnel intérêt historique, mais aussi pratique puisque les enseignements qui en résultent restent souvent d’une très grande actualité.

En ce qui concerne l’histoire, on y découvre par exemple tous les détails de la saga jusqu’à présent inconnue du fameux stock d’eau lourde norvégien, surnommé « glouglou » par les initiés. Nous avons là les éléments d’un merveilleux roman d’aventure, avec l’enlèvement à Oslo, dans le plus grand secret, des 26 bidons de 7 litres du précieux liquide, leur transport par avion en Écosse, puis à Clermont-Ferrand où ils sont cachés dans la prison, puis par camion jusqu’à Bordeaux, où attachés sur un radeau pour les sauver en cas de naufrage, ils sont embarqués sur un vieux charbonnier anglais, accompagnés par Halban et Kowarski que « cornaque » un authentique comte de Suffolk, ami de Coco Chanel et inséparable de deux jolies secrétaires. De Falmouth, ils sont transportés ensuite dans une prison de Londres, puis cachés dans le château de Windsor, avant d’arriver enfin dans un laboratoire de Cambridge, où Halban les utilisera pour terminer avec succès l’expérience qu’il avait entamée avec Joliot au Collège de France, afin de démontrer la faisabilité de la réaction en chaîne à partir de l’uranium naturel. Avec la même veine, Bertrand Goldschmidt nous raconte également dans le détail le roman du stock d’uranium français, ou encore celui des brevets concernant le développement de l’énergie nucléaire pris par Joliot avant la guerre, et que Halban s’efforcera de négocier un peu partout pendant toute la durée de celle-ci.

Mais les aspects romanesques a posteriori de ces épisodes et de bien d’autres ne sont qu’accessoires agréables par rapport au récit toujours très sérieux et solidement documenté des aventures atomiques britannique, canadienne et américaine pendant la guerre, telles que notre auteur a pu les vivre ou les observer, puisqu’il était situé aux premières loges. Il rapporte ainsi quantité de constatations fort intéressantes sur des sujets jusqu’ici mal connus. Par exemple : la géopolitique de l’uranium pendant cette période ; le rôle souvent déterminant des savants immigrés dans le développement des applications de la fission nucléaire ; les hésitations ayant existé dans les décisions à prendre (les États-Unis et la Grande-Bretagne donnant priorité à la bombe, tandis que la France, et fort heureusement aussi l’Allemagne hitlérienne, privilégiaient la production d’énergie) ; les compétitions entre les filières à adopter (eau lourde ou graphite comme modérateur, uranium 235 ou plutonium comme explosif) ; les méfaits psychologiques et politiques du secret exagéré imposé (puisqu’il a compromis durablement la coopération interalliée sans empêcher les vrais espions d’informer très complètement l’Union soviétique). Sur ce dernier sujet Bertrand Goldschmidt est pour une fois assez sévère à l’égard des personnes, en particulier pour le général Groves, grand maître de l’entreprise nucléaire américaine, et cela non sans raison puisque lui-même et ses compagnons faillirent bien être empêchés de retourner en France, pour qu’ils ne puissent pas communiquer à Joliot et au général de Gaulle les secrets qu’ils détenaient. Or ce dernier, lors de son passage à Ottawa en 1944, avait déjà été informé de la préparation de la bombe par Guéron, assisté de Auger et de notre auteur, qui avaient jugé de leur devoir de Français de porter à la connaissance du général ses redoutables conséquences potentielles.

À propos des relations nucléaires entre Américains et Britanniques pendant la guerre, Bertrand Goldschmidt nous apporte un témoignage et des documents d’un puissant intérêt. C’est ainsi qu’on apprend qu’à partir du moment où les deux partenaires eurent quitté le stade de la recherche scientifique pour passer à l’étape du développement et de la production industrielle, le seul critère dans la poursuite de leur coopération est devenu celui de son utilité pour le succès de la guerre. À ce sujet les torts furent partagés, puisque les Britanniques avaient commencé par montrer une certaine arrogance, mésestimant ainsi les extraordinaires potentialités de la communauté scientifique et de l’industrie américaines. Lors des Accords de Québec en avril 1943, on parvint cependant à un compromis, dont la condition fut et est restée l’interdiction de toute information à des pays tiers, sauf consentement mutuel des deux partenaires.

Bertrand Goldschmidt ne manque pas de souligner avec justesse combien sont encore d’actualité les positions prises de part et d’autre à ces occasions. Elles vont dominer en effet la future politique anglo-saxonne en matière nucléaire : secret ; non-prolifération (« L’atome se scinde, mais ne se partage pas même avec son plus proche allié », observe notre auteur) ; enfin « vassalisation du Royaume-Uni », observe-t-il aussi, qui résulte des « concessions consenties par les Anglais pour redevenir partenaires des Américains, en préférant à une indépendance durement acquise – comme celle de la France – un statut de parent pauvre, mais de parent quand même ». Et notre ami en tire au passage la conclusion qu’est « illusoire » le rêve qui resurgit aujourd’hui, d’une force de dissuasion franco-britannique.

Là encore Bertrand Goldschmidt fait vivre dans son récit de façon très alerte les acteurs de tous ces épisodes, à travers les comptes rendus de leurs rencontres et les textes des nombreux télégrammes qu’ils ont échangés sur ces sujets. Or ils s’appellent Franklin Roosevelt, Georges Bush, James Bryant Conant, Henry Lewis Stimson et aussi Leslie Richard Groves, bien entendu, du côté américain, et Winston Churchill, Lord Cherwell, Carl David Anderson et James Chadwick du côté britannique. Notre auteur agrémente d’ailleurs tout au long ses propos très sérieux de beaucoup d’anecdotes habilement troussées et de portraits dessinés avec verve. Certains sont dignes d’une anthologie, comme ceux du comte de Suffolk déjà cité ; ou de Louis Rapkine, ce Russe devenu français, qui s’était voué au sauvetage des scientifiques menacés dans leur pays d’origine du fait de leur race ou de leur opinion politique ; ou encore celui de Boris Pregel, ce Russe de formation belge, qui devint le grand distributeur de radium au Canada, après l’avoir été en Europe. Tous ces portraits, et bien d’autres, comme ceux des grandes figures du « Gotha nucléaire » qu’il a connues personnellement, sont campés avec beaucoup de verve, nous le répétons, mais jamais avec méchanceté, car notre ami reste toujours indulgent, même envers ceux dont il a eu à se plaindre. Il possède d’ailleurs au plus haut point l’humour au sens britannique du terme, c’est-à-dire celui qui sait aussi sourire de soi-même, comme il en donne souvent la preuve avec pudeur à travers son livre.

Celui-ci, après avoir raconté l’histoire des « pionniers » de l’atome français, puis des « exilés » qu’ils sont devenus outre-Atlantique, traite dans sa troisième partie de ceux qui ont été, avec notre auteur, les « fondateurs » du Commissariat à l’énergie atomique. Il nous décrit ainsi « les premiers pas du CEA », placé sous l’autorité conjointe de Dautry et de Joliot, puisque l’ordonnance signée par de Gaulle le 18 octobre 1945 leur avait attribué un statut de « cohabitation ». Les premières décisions survinrent rapidement : construction d’une pile à eau lourde dans le fort de Chatillon ; effort intense de prospection d’uranium ; traitement de cet uranium à la poudrerie du Bouchet et dans l’industrie ; construction d’un centre de recherche aux environs de Paris (le futur Saclay). L’auteur nous raconte avec la même verve cette nouvelle entreprise aventureuse à laquelle il a participé étroitement. Elle aboutira à la découverte du gisement d’uranium de La Crouzille en novembre 1948 et à la divergence de la pile Zoé (Zéro énergie, oxyde d'uranium, eau lourde) trois semaines plus tard. Ce succès sera suivi de la décision de construire à Saclay une nouvelle pile à eau lourde capable celle-là de produire un gramme environ de plutonium par jour ; alors que Zoé n’en produisait qu’une quantité infinitésimale, mais que Bertrand Goldschmidt aura le mérite personnel d’isoler pour la première fois en France, en novembre 1949, comme il avait eu celui de participer à l’alchimie de son premier quart de milligramme à Chicago sept ans plus tôt.

Mais en avril 1950 va survenir le drame de la révocation de Joliot, qui va secouer profondément le CEA. Notre auteur le raconte longuement dans tous ses aspects, tant politiques que psychologiques, s’arrêtant avec une sorte de tendresse sur la personnalité très attachante, mais complexe de celui que ses amis appelaient « Fred ». Il nous décrit ainsi son charme, son dynamisme, son sens de l’humain, mais aussi son besoin d’être entouré, admiré, aimé, et pour ce qui est de son militantisme procommuniste et prosoviétique, son attitude provocante, qu’il cherchait par ailleurs à justifier continuellement. Un an plus tard, le CEA sera à nouveau secoué par la mort de Dautry. Mais sous l’impulsion politique du président du Conseil des ministres Félix Gaillard, et sous la direction conjointe de son nouvel administrateur général Pierre Guillaumat et de son nouveau haut-commissaire Francis Perrin, il deviendra immédiatement l’organisme dynamique qui réussira à placer très vite notre pays au deuxième rang mondial pour la production d’énergie nucléaire et au troisième pour ses capacités atomiques militaires.

Avant de clore son ouvrage, Bertrand Goldschmidt nous présente le récit pittoresque des expériences de Bikini (îles Marshall), où il a représenté, comme observateur, notre pays ; et d’autre part des réflexions très intéressantes sur les occasions manquées immédiatement après la guerre pour éviter la prolifération nucléaire, sujet qu’il a continué à suivre de très près jusqu’à une époque récente en tant que directeur des relations internationales du CEA et au sein de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Par cet aperçu trop bref, nous espérons avoir fait comprendre à nos lecteurs combien Pionniers de l’atome est un livre passionnant. Incomparablement documenté dans son fond, conduit de façon particulièrement vivante, truffé d’anecdotes racontées avec verve et de portraits alertement dessinés, très agréablement écrit et disposé, il se lit d’un seul trait, comme un roman, qu’il n’est pas d’ailleurs puisque toujours sérieux et de toute évidence vrai. L’auteur y apparaît en outre, non seulement comme un savant éminent ayant rendu des services exceptionnels à notre pays, ce que tout le monde savait, mais aussi comme l’homme courageux, chaleureux et modeste, en un mot comme le « vrai gentleman » que ses amis connaissent.

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