Ces deux volumes, œuvre d’un conseiller-maître à la Cour des Comptes, succèdent à une publication antérieure portant sur 1870-1871 et intitulée « La défense de la France ». Avant d’en venir à la grande épreuve de la Grande Guerre, fauteur s’est attaché à rechercher les linéaments de la puissance ou du déclin de la France au cours de cette période.

L’évolution de la France est donc vue systématiquement sous ses multiples aspects : évolution générale, évolution économique, sociale, intellectuelle, morale et religieuse, politique, militaire, internationale. C’est une tentative pour ne pas rester à la surface des choses, et pour évoquer « le jeu des forces profondes ».

Cette recherche a conduit l’auteur à examiner plusieurs périodes, dominées successivement par les conséquences de la guerre de 1870, l’action des Républicains à partir de 1879 et l’essoufflement de ceux-ci à partir de 1886. Les années 1886 à 1906 semblent à l’auteur particulièrement néfastes, en raison du peu d’autorité des dirigeants. Cependant, à partir de 1906, un renouveau marque tous les aspects envisagés. Enfin, deux cents pages sont consacrées à un tableau de la France en 1914.

Bien documenté, pourvu de nombreuses indications chiffrées, cet ouvrage est d’une lecture agréable. On regrette cependant que les chapitres traitant de chaque aspect aient été trop peu reliés les uns aux autres, comme si chaque élément constitutif de la France de la « Belle Époque » avait évolué isolément et avait eu une égale importance dans cette période où la France allait au-devant de l’affrontement sanglant.

Les deux tomes comportent d’abondantes indications bibliographiques, classées par thèmes On peut cependant s’étonner qu’il ne soit pas fait mention de travaux récents comme les thèses d’histoire économique de MM. Thobie, Poidevin, Giraud, ou des petits livres de la collection « Nouvelle Histoire de la France contemporaine » (Seuil) qui traitent du même sujet. Le lecteur peut aussi regretter l’absence d’une chronologie et d’un index qui auraient permis une utilisation plus commode de ces livres comme ouvrages de référence. En dépit de ces manques, il s’agit là d’une œuvre de valeur. ♦