Ni ouvriers, ni paysans : les tertiaires
La grande diversité du secteur tertiaire empêche d’en donner une définition positive précise. Il est formé de tous ceux qui ne sont « ni ouvriers, ni paysans », c’est-à-dire, dans les pays développés, de la grande majorité de la population active. Il existe des « tertiaires » dans les secteurs primaire et surtout secondaire ; avec les progrès techniques, leurs « cols blancs » se multiplient dans toutes les entreprises, au point de modifier l’organisation de celles-ci. Ils vivent dans les villes, d’autant plus nombreux que ces villes sont plus grandes, participant ainsi au phénomène général de l’urbanisation, et donc sous de multiples rapports, au développement de la civilisation. Ils consomment beaucoup et produisent peu, si ce n’est des « services » ; exigeants sur la quantité des produits, ils le sont davantage peut-être sur leur qualité.
Leur comportement économique est un facteur direct de croissance. Comme ils sont obligatoirement instruits – mais d’une instruction qui occupe toute la gamme du savoir – ils veulent que leurs enfants le soient plus encore qu’eux-mêmes, estimant que promotion sociale et instruction vont de pair. Salariés dans leur immense majorité, ils se distinguent des « prolétaires » par leur genre de vie et leur facilité à adopter le modernisme dans la vie matérielle courante, mais par là aussi dans leurs convictions générales et leur conception de l’existence. Leur nombre se développe, bien que certains d’entre eux retournent au secondaire, voire au primaire, suivant une sorte de mouvement « brownien » qui caractérise la vie sociale de notre époque.
Michel Praderie a, dans ce court volume, très bien traduit cette évolution qui nous est familière et que, pourtant, nous connaissons mal parce que nous sommes au centre du phénomène. Son livre est d’une lecture fort intéressante et fort instructive, et chacun, nous semble-t-il, peut trouver intérêt à le lire. ♦