L’URSS a su manœuvrer en 1939-1940, d’une part face à l’Allemagne avec le pacte de non-agression, d’autre part avec Londres et Paris en s’octroyant après la défaite de la Pologne une part du butin et en annexant les pays baltes. Staline a pu élargir son empire avec brutalité. D’où des cicatrices pas encore résorbées 80 ans après.
Histoire militaire - La soviétisation des États baltes et la Pologne orientale (1939)
Military History—Sovietisation of the Baltic States and Eastern Poland (1939)
The USSR’s political manoeuvring in 1939-1940 was extensive. It dealt on one hand with Germany through the non-aggression pact, and on the other—and in a different way—with London and Paris after the defeat of Poland, by awarding itself some of the bounty through its annexation of the Baltic States. Stalin expanded his empire with brutality, causing wounds which have still not healed 80 years later.
Les lecteurs de la RDN qui ont pris la peine de lire les Mémoires du général Beaufre doivent se souvenir que les négociations anglo-franco-soviétiques ouvertes en 1939 ont capoté sur le refus polonais d’ouvrir leur territoire à l’armée soviétique en leur concédant un droit de passage. L’échec de ces pourparlers devait conduire tout droit au pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939, signé par Ribbentrop et Molotov. Le gouvernement polonais, acculé dans une impasse, savait en effet pertinemment que les troupes soviétiques se feraient inévitablement le fourrier du communisme et que la propagande serait d’autant plus efficace qu’elle s’adresserait à des masses paysannes peu évoluées, souvent prêtes par leurs origines ethniques et la communauté de leur langue à accueillir les principes moscovites, d’autant plus que, vingt-cinq ans plus tôt, ces populations faisaient partie intégrante de l’empire tsariste.
La bolchevisation de la Pologne orientale
Depuis qu’ils ont pris pied en Pologne, grâce à la complicité de l’Allemagne, les Soviétiques ont œuvré par tous les moyens pour y installer le communisme. Les numéros de cette époque des Izvestia (1) sont remplis d’articles relatifs à cette action dans la zone polonaise annexée par l’Armée rouge. Dans tous les villages, des « comités paysans » ont été organisés qui ont pris la charge de la gestion des grands domaines agricoles dont les propriétaires ont fui ou ont été pourchassés. Une « milice populaire » a été mise sur pied pour aider les détachements militaires à maintenir l’ordre. Des soviets locaux veillent à l’administration. Dans les villes et les centres industriels, une « garde ouvrière armée », exactement du même type que celles qui existent en Russie a été mise sur pied.
En Ukraine polonaise, le Politburo a délégué l’un de ses membres les plus en vue, et d’une fidélité absolue à Staline, Nikita Khrouchtchev. Celui-ci, s’adressant aux Ukraino-Polonais leur a enjoint d’organiser leur vie sous la direction du parti communiste, lequel veillerait à ce qu’il n’apparaisse aucun déviationnisme. Une propagande intense en faveur du communisme est faite jusque dans le moindre village, développant inlassablement le même thème : « L’Armée rouge est entrée en Russie blanche et en Ukraine occidentale, comme libératrice et amie des Polonais, des Juifs, des Ukrainiens et des Blancs-Russiens travailleurs ».
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