La robotisation navale est désormais une réalité avec des systèmes en évolution permanente. Le milieu océanique apporte des contraintes fortes sur les engins, notamment dans le contrôle par un opérateur. Pour les sous-marins drones, la difficulté augmente avec une nécessité d’une autonomie accrue. La question de l’armement de ces engins oblige à une réflexion sur leur emploi.
La robotisation navale face aux défis du milieu
Naval Robotisation and the Challenge of the Maritime Environment
Naval robotisation is well underway and the systems employed are in constant evolution. The maritime environment imposes considerable constraints on the vehicles, particularly in terms of operator control. The difficulties are even greater for submarine drones, with their need for greater endurance. Arming the vehicles requires greater consideration of their use.
L’apparition des systèmes inhabités dans les opérations navales n’est pas, contrairement à une idée reçue, très récente. Même si les robots de surface (USV) ou sous-marins (UUV) sont relativement nouveaux, les systèmes aériens télé-pilotés (UAV) (1), ont fait leur apparition au siècle dernier, en particulier avec l’utilisation par l’US Navy de drones RQ-2 Pioneer pour le guidage des frappes contre terre durant la guerre du Golfe. Les drones sont ainsi déployés depuis longtemps au service des opérations navales, sans que pour autant il n’ait été possible jusqu’ici de parler de robotisation massive de celles-ci. Les barrières technologiques ont en effet été nombreuses à surmonter que ce soit dans la conception de systèmes pouvant résister à l’abrasion du milieu, dans la mise au point de capacités de Command & Control (C2) pertinentes pour l’intégration de mobiles inhabités ou même de développements technologiques liés à l’endurance (propulsion, génération électrique à bord, etc.). Alors que celles-ci sont progressivement levées, l’hypothèse d’une robotisation plus ou moins massive des forces navales se fait jour.
Deux logiques s’opposent en ce domaine. D’une part, celle qui voit dans la robotisation des activités navales le remplacement – partiel la plupart du temps – des unités habitées, au profit de systèmes télé-pilotés ou autonomes. Cette approche considère que les caractéristiques du combat naval contemporain plaident pour une deshumanisation des fonctions dites 3D (Dull, Dirty, Dangerous). D’autre part, une logique opposée considère que la robotisation est en réalité une orthèse navale qui vient s’ajouter aux unités habitées afin d’en démultiplier les effets, à l’image du loyal wingman dans le domaine aérien. Ces deux logiques opposées qui se retrouvent dans tous les milieux dès qu’il s’agit d’évoquer le processus de robotisation, procèdent néanmoins d’un même constat : le système inhabité est plus efficace que l’habité a minima dans une partie des fonctions de celui-ci. Or, au-delà de la performance technique pure, il faut également remettre en question la pertinence de l’ensemble du système robotisé, y compris au niveau des gains en ressources humaines (RH) supposés de celui-ci.
L’automatisation des activités navales
La robotisation d’un certain nombre de tâches peut ainsi conduire à une modification substantielle du fonctionnement des opérations navales, sans pour autant relever d’une « révolution » de celles-ci. En effet, en confiant des tâches à des systèmes inhabités, voire autonomes, il est possible d’augmenter de manière importante l’endurance opérationnelle, notamment par des « relais » entre des opérateurs, sans avoir besoin de rompre l’engagement du mobile. Au-delà de l’enjeu de l’endurance, celui de la miniaturisation est également à souligner, puisque sans équipage embarqué, les robots sont plus compacts à charge utile égale. Plus endurants et plus petits, les systèmes robotisés permettent en théorie une capacité de couverture plus importante, par une durée de déploiement sur objectif plus importante ou un meilleur ratio charge utile/masse. En considérant en plus la capacité d’automatisation de toute ou partie des fonctions, en introduisant un certain degré d’autonomie dans les systèmes, le gain de surface couverte ou de temps de mission s’en trouve également augmenté. Cette logique se retrouve en particulier dans le Système de lutte anti-mines du futur (SLAMF) qui articule un drone de surface porteur avec un écosystème de drones sous-marins autonomes (AUV) de surveillance et de robots télé-pilotés (ROV) d’intervention. Le système multi-objets ainsi décrit maximise les capacités des différents mobiles, avec un AUV dont le principal atout est sa longue endurance en mission avec une certaine autonomie de traitement des informations et un ROV opéré par un humain pouvant descendre en grande profondeur. Toutefois, cette robotisation partielle de la fonction – les plongeurs-démineurs ne seront pas remplacés par le SLAMF, ils travailleront de concert avec lui – n’opère pas une révolution dans la manière de traiter les mines ; elle induit une meilleure performance et maximise l’emploi de capacités par nature limitées et hautement spécialisées.
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