L’Amérique latine est depuis longtemps un marché important pour les États-Unis avec une approche mercantile et désormais très autoritaire du fait de l’administration Trump. La Chine a su progressivement s’y positionner, y écoulant ses productions contre des matières premières. L’Europe aurait tout intérêt à y regarder davantage au risque d’une marginalisation croissante, mais le sujet est compliqué avec le volet agricole.
Amérique latine - Guerre commerciale : le continent latino-américain, une opportunité pour l’Europe ?
Latin America—Trade Wars: is Latin America an Opportunity for Europe?
Latin America has long been an important market for the United States, operating in a commercial environment that has become highly authoritarian under the Trump administration. China has gradually been able to break into the market, now selling its produce there in exchange for raw materials. It is in Europe’s interest to keep a closer eye on developments in view of the risk of growing marginalisation, even though the agricultural aspect is making the situation more complex.
Fin de la mondialisation. Guerre commerciale. Mise en place de nouvelles routes commerciales. Régionalisation économique. Risque d’inflation et de récession. Les formules et analyses légitimes ne manquent pas depuis l’annonce, le 2 avril 2025, à la Maison-Blanche, par le président Donald Trump, de surtaxes douanières appliquées à l’ensemble des acteurs économiques internationaux. L’annonce d’une « pause » de 90 jours le 9 avril suivant, avec des droits de douane ramenés à un taux universel de 10 %, sauf pour la Chine qui voit son taux augmenter de 145 % (smartphones et ordinateurs exemptés), doublée d’une inquiétude des marchés boursiers, oblige les pays et les groupes régionaux, à réfléchir à une indispensable adaptation, notamment par la mise en place de nouvelles voies commerciales, dans le but de limiter les risques d’une imprévisibilité des échanges.
Si les États-Unis constituent un partenaire économique de premier plan en Amérique latine, la Chine est parvenue à les concurrencer depuis les années 2010. Infrastructures associées à la croissance des villes, nouvelles technologies, énergie, agroalimentaire, transports, tous les secteurs stratégiques pour le développement du continent ont contribué à y développer l’ancrage chinois. Fragmentée, actuellement dispersée au gré des intérêts nationaux des 33 pays qui la composent avec la région des Caraïbes, l’Amérique latine court le risque de devenir la grande oubliée des relations internationales contemporaines. Elle peut également devenir le « continent-test » d’une rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine. Elle court le risque, après avoir connu « une tentation du “Sud global” » (1), d’être prise au piège d’un nouveau duopole international qui peut également se traduire sur le terrain politique.
Dans ce contexte, la guerre commerciale lancée par l’administration Trump, ne peut-elle pas contribuer à accélérer la volonté d’une partie des États latino-américains de rechercher de nouveaux partenaires internationaux ou de renforcer leurs relations déjà existantes ? Ont-ils la marge de manœuvre pour le faire ? La Chine naturellement mais également l’Europe, avec qui les liens sont structurés depuis les années 1980, offrent des horizons complémentaires sinon alternatifs.
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