Retour sur le sommet de l’Otan 2025
© The White House/United States Government Work / Flickr
Le sommet de l’Otan s’est tenu les 24 et 25 juin derniers à La Haye, aux Pays-Bas. Il réunissait les 32 États-membres de l’Alliance atlantique. Ce sommet s’inscrivait dans une séquence stratégique primordiale. Elle était marquée par des enjeux de recomposition, de pression budgétaire, mais aussi par la crainte d’une fracture transatlantique, en particulier entre les États-Unis et les autres puissances alliées. Des enjeux que nous évoquions déjà dans notre numéro de juin consacré aux alliances.
Ces craintes ont été en partie confirmées par les déclarations de Donald Trump en amont du sommet. Le Président américain a été interrogé sur l’article 5 de la charte de l’Otan. Il a affirmé que ce dernier pouvait « s’interpréter de plusieurs façons ». Rappelons que cet article, souvent présenté comme la pierre angulaire de l’Alliance, ne prévoit en réalité aucune automaticité dans la réponse militaire en cas d’agression contre l’un des États-membres. Il y a une différence entre une possibilité d’action et une formalisation de l’engagement. C’est sur ce flou que repose le paradoxe de l’Otan : une alliance fondée sur la dissuasion et la solidarité, dont l’efficacité dépend largement de la crédibilité qu’on lui prête.
La déclaration américaine a ravivé des doutes sur la fiabilité des États-Unis en tant que « garant ultime » de la sécurité européenne. Cela s’inscrit dans une ligne constante du président Trump, qui réclame depuis plusieurs années un renforcement significatif des dépenses de défense des alliés européens et du Canada. En 2024, une décision avait déjà été prise dans ce sens lors du 27e sommet au Pays de Galles, celle d’une augmentation des dépenses de défense à 2 % du Produit intérieur brut (PIB) des États-membres. Lors de ce sommet de La Haye, Washington souhaitait un engagement à hauteur de 5 % du PIB. Les discussions ont abouti à un compromis : un objectif de 3,5 % du PIB pour les dépenses militaires à horizon 2035. Il a été assorti d’un effort supplémentaire de 1,5 % consacré à des investissements plus larges dans la « sécurité », ce qui inclut les infrastructures, la cybersécurité ou encore les technologies critiques.
Parmi les annonces notables de ce sommet figure également la décision de la Finlande d’accueillir sur son territoire un bataillon de l’Otan placé sous commandement suédois. Cette démarche s’inscrit dans le renforcement du flanc nord-est de l’Alliance, en réponse aux inquiétudes croissantes suscitées par les agissements russes. Cependant, l’Alliance a choisi de formuler cette menace dans des termes feutrés. Le communiqué final l’exprime en ces termes : « […] en particulier face à la menace que la Russie fait peser pour le long terme sur la sécurité euro-atlantique ».
À l’issue du sommet, Donald Trump a qualifié les résultats de « succès monumental ». Le général Jérôme Pellistrandi parle, quant à lui, en ces termes du sommet dans un article pour La Croix : « Finalement, ce sommet a été une réussite, répondant au besoin du show voulu par Trump pour soigner son image de maître du monde, tandis que les Européens se satisfont de ne pas avoir été abandonnés par l’allié américain. »
Reste que ce sommet aura permis, au moins formellement, de resserrer les rangs, d’éviter une rupture ouverte et de poser les jalons d’un nouvel équilibre budgétaire. En ce sens, malgré les tensions de fond, La Haye 2025 apparaît comme un compromis relativement solide dans une période d’incertitude stratégique. ♦
Joseph Lenormand
Publié le 26 juin 2025