Traduction : Dimitri Karakostas.
 

Le réchauffement climatique est un phénomène naturel. Quand les Gaz à effet de serre (GES) sont retenus dans l’atmosphère, la planète se réchauffe. En réalité, l’effet de serre est un phénomène nécessaire, pour que la vie sur Terre soit possible. Cependant ce qui ne l’est pas, c’est l’ampleur du réchauffement climatique actuel et sa rapidité depuis la révolution industrielle. Autrement dit, le niveau actuel du réchauffement climatique est causé par l’homme ⁽¹⁾. Ses effets sont nombreux : la montée du niveau de la mer (à cause de la fonte des masses glaciaires terrestres), les phénomènes climatiques extrêmes (dont la sécheresse, l’augmentation des précipitations et les inondations), les incendies et la propagation d’agents pathogènes vers le nord, etc.

De nos jours, ces changements sont si généralisés et si sévères, que de nombreux États, organisations internationales et autres acteurs considèrent le changement climatique comme une menace pour la sécurité mondiale. Cela ne signifie pas que tout le monde s’entend sur qui est menacé et devrait être protégé, ni sur ce qui devrait être fait pour faire face à la menace. Certains pensent que l’action climatique (c’est-à-dire les mesures pour réduire l’empreinte carbone) menace leur mode de vie, basé sur une consommation intensive de carbone et/ou leur modèle d’opération et de production ⁽²⁾. D’autres, en revanche, se sentent menacés par l’absence d’actions climatiques concrètes ⁽³⁾. Il existe de nombreuses autres réactions. Les études de sécurité, un sous-domaine de la discipline universitaire des Relations internationales (RI), nous poussent à considérer la sécurité sous différents angles, comme la sécurité nationale, la sécurité humaine et la sécurité militaire. Chacune de ces perspectives offre une compréhension différente de ce qui doit être sécurisé. Comme si l’on utilisait différentes lentilles colorées pour capter la même situation, ou représenter un même sujet inanimé, peint depuis différents points de vue, telle la série des tableaux de Cézanne sur la montagne Sainte-Victoire. Chaque illustration représenterait le même sujet mais elle mettrait l’accent sur des caractéristiques différentes. En ce qui concerne la sécurité humaine, le changement climatique est un défi dans la mesure où il affecte les individus et leurs moyens d’existence ⁽⁴⁾. Les spécialistes s’intéressent particulièrement aux populations plus vulnérables, dont l’activité de subsistance reste le travail de la terre. D’autres se concentrent sur la sécurité nationale. Le changement climatique, combiné à des facteurs comme les institutions faibles et dysfonctionnelles, peut mener à des conflits violents, aux rébellions et autres formes de résistance ⁽⁵⁾. Les conflits sont, sans doute, une des causes majeures de l’insécurité humaine. Et les désordres climatiques annoncent l’intervention des militaires, c’est-à-dire, en tant que gardiens de la paix et de la stabilité. Malgré sa gravité, la possibilité d’un conflit d’origine climatique n’est cependant pas le seul lien possible existant entre le climat et les forces armées. Le changement climatique induit des effets sur l’organisation et la conduite des armées. Il peut être considéré comme une contrainte, voire une menace pour la sécurité militaire (présumée souvent comme une des composantes de la sécurité nationale).