Le concept d’opérations multidomaines (MDO ou M2MC en France) développé par l’Otan s’appuie sur la transformation numérique et le rôle des données. Avec des architectures distribuées et des technologies performantes, les cycles de décision deviennent plus rapides. Cela permet d’accélérer la synergie des effets à produire contre tout adversaire potentiel.
Opérations multidomaines et capacités numériques
Multi-domaine Operations and Digital Capability
The concept of multi-domain operations (MDO) developed by NATO relies on digital transformation and the role of data. Distributed architecture and high-performance technologies allow greater speed in the decision cycle. In turn, the synergy of effects against a potential enemy can be increased.
Le concept d’Opération multidomaines (MDO) approuvé par l’Otan est défini comme : « l’orchestration d’activités militaires, dans les divers domaines et environnements opérationnels, synchronisée avec des activités non militaires, afin de permettre à l’Alliance de créer des effets convergents au rythme opportun (1) ». Pour mieux comprendre les défis de telles opérations et les changements nécessaires, notamment sous l’impulsion des technologies numériques et de la transformation, il est instructif de revenir sur l’évolution des concepts de stratégie militaire récents.
La route vers le concept MDO
L’évolution de la pensée et de la stratégie militaires, notamment aux États-Unis, en Europe, en Russie et en Chine, a connu plusieurs phases clés, chacune s’appuyant sur la précédente ou y réagissant, et reflétant les évolutions technologiques, géopolitiques et la nature des conflits. La guerre moderne, pendant une grande partie du XXe siècle, mettait l’accent sur des concepts issus de l’ère industrielle tels que la mobilisation de masse, l’attrition et les opérations conventionnelles à grande échelle. L’armée américaine a connu une transformation majeure dans les années 1970, tirée des leçons de la guerre du Kippour, conduisant au développement de la doctrine du combat aéroterrestre (AirLand Battle) pour contrer l’Union soviétique. Cette doctrine a façonné les structures de Commandement et de contrôle (C2) qui sont toujours en place aujourd’hui.
Issue de la révolution des technologies de l’information, la guerre réseau-centrée (NCW, Network Centric Warfare en anglais) visait à exploiter les technologies de l’information pour obtenir l’avantage. L’idée était de créer une force très connectée, capable de partager l’information et de coordonner ses actions plus efficacement que l’adversaire, en privilégiant l’optimisation des « kill-chains ». Cependant, les États-Unis ayant constaté certaines lacunes dans la mise en œuvre de la NCW, se sont tournés vers des « kill-webs » en place de simples kill-chains individuelles, et impliquant des actions coordonnées entre systèmes d’armes et systèmes d’information et de communication œuvrant ensemble pour atteindre cet objectif. À mesure que les adversaires potentiels s’adaptaient, ils ont commencé à employer des tactiques hybrides, combinant forces régulières et irrégulières, moyens militaires et non militaires, activités violentes et non violentes. Cette approche a visé à exploiter les vulnérabilités et à opérer en deçà du seuil de guerre conventionnelle. La Russie, en particulier, s’est distinguée par son recours à la guerre hybride, employant guerre de l’information, cyberattaques et méthodes non conventionnelles pour atteindre ses objectifs.
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