La politique antiterroriste de la Tunisie a considérablement évolué après 2011 avec une reprise en main des autorités politiques. L’armée a vu son rôle s’accroître dans la lutte contre les groupes islamistes. L’arsenal répressif s’est accru au risque de fragiliser les règles de l’État de droit, au détriment de réformes structurelles.
La politique antiterroriste de la Tunisie post-2011 : la sécurité face au changement de régime
Tunisian Anti-Terrorist Policy Since 2011: Security and Regime Change
Tunisia’s anti-terrorist policy has evolved considerably since 2011, the political authority having taken control of matters. The armed forces have an increased role in the fight against islamist groups, yet increased repressive measures risk weakening the rule of law to the detriment of structural reform.
En décembre 2024 se tenait à Tunis le Forum des forces spéciales Silent Warrior (1), organisé par l’État-major de l’armée de terre tunisienne. Cet événement, qui a rassemblé des représentants civils et militaires de 40 pays, témoigne de l’importance accordée par les autorités politiques tunisiennes à la lutte contre le terrorisme, leur intention d’accroître leurs capacités opérationnelles et se présenter comme un modèle régional en la matière.
En effet, la Tunisie est désormais décrite comme un exemple en termes de contrôle de la violence terroriste, bien qu’elle ait subi plusieurs attaques d’ampleur sur son territoire depuis 2011. En fait, le contexte postrévolutionnaire a bouleversé les agencements opérants au sein de l’appareil sécuritaire, dans un moment où le climat régional se prêtait au développement de groupes djihadistes. Si la Tunisie a connu une recrudescence des attaques djihadistes sur son territoire à partir de 2012, la menace est désormais présentée comme sous contrôle. Une série de décisions politiques, des changements dans les stratégies sécuritaires et militaires, et des dispositifs légaux et administratifs ont été mis en œuvre après la révolution afin de contrer les actions des groupes djihadistes.
Il s’agira donc de revenir ici sur la reprise en main des autorités politiques tunisiennes sur la politique sécuritaire, en observant les réordonnancements dans les institutions policières et militaires. Cet article évoque, dans un premier temps, les effets de la construction progressive d’une priorité politique en Tunisie post-révolutionnaire, celle de la lutte contre le terrorisme. Dans un second temps, nous verrons que l’année 2015 a marqué un tournant dans l’élaboration d’une stratégie nationale en la matière, en mettant en place de nouveaux outils législatifs.
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