Le changement climatique affecte l’Afrique et a un impact direct sur la sécurité et la défense. Les vulnérabilités se sont accrues, fragilisant les populations et renforçant la compétition pour les ressources. Cela oblige à revoir les modèles d’armées pour augmenter leurs capacités à agir pour mieux répondre à ces nouveaux défis.
La sécurité et la défense africaines au défi du changement climatique
African Security and Defence and the Challenge of Climate Change
Climate change affects Africa and has a direct impact upon security and defence. The increasing vulnerability is weakening populations and boosting competition for resources, and is bringing about a need to revisit the format of forces and their capability to react more effectively to these new challenges.
Notre environnement se modifie sous l’action des changements climatiques, réalité à laquelle le continent africain n’échappe pas. L’augmentation de la température moyenne y atteint 0,86° C par rapport à 1990, les canicules, marines notamment, se multiplient, comme les épisodes pluviométriques extrêmes. Au-delà des évolutions elles-mêmes, d’ampleur aussi importantes que celles qui toucheront l’Europe, ce sont bien leurs conséquences sur les systèmes humains qui préoccupent aujourd’hui, leurs capacités de résilience demeurant limitées. Si le changement climatique fragilise les systèmes de gouvernance et accentue les inégalités de développement en Afrique, il risque également d’y amplifier les tensions à différentes échelles et leur dimension sécuritaire, faisant de ce continent l’un des plus vulnérables (1). De fortes contraintes opérationnelles pèsent déjà sur les forces de sécurité africaines (budgets restreints, sous-équipement, déficit de formation, corruption) (2). À ces difficultés chroniques s’ajoutent désormais les impacts du changement climatique qui en aggravent la portée. Dans ce contexte, l’analyse de risque et une préparation opérationnelle à la mesure des impacts seront déterminantes pour que les armées conservent ou développent des capacités d’action dans un environnement naturel de plus en plus contraint.
Changement climatique et défis sécuritaires en Afrique
Des tendances climatiques marquées
Globalement, le climat africain va se réchauffer et voir la variabilité interannuelle et inter-décennale des précipitations augmenter, comme l’ampleur des phénomènes extrêmes, le tout dans un contexte de croissance démographique continue (près de 4 milliards d’habitants en 2100 contre 1,5 aujourd’hui). Au sein des cinq sous-régions identifiées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC ou IPCC), on distingue les tendances suivantes d’ici la fin du siècle (3) :
• En Afrique du Nord, la température devrait augmenter de 1,5 °C comparé à 1994-2005 et le nombre de jours chauds s’accroître de 90 %, avec un recul des précipitations annuelles (ouest notamment) et une extension de la période de sécheresse de deux mois à quatre mois dans le scénario RCP8.5.
• En Afrique de l’Ouest, les températures maximales augmenteront davantage que les moyennes et le nombre de jours de chaleur dangereuse (+ 40 °C) par an doublera (+ 150 jours), quand les précipitations devraient se réduire à l’ouest de la sous-région, accompagné d’un raccourcissement de la saison des pluies et d’une augmentation des pluies intenses.
• En Afrique de l’Est, si les modèles donnent les mêmes tendances de température que pour l’Afrique de l’Ouest, aucun modèle (pattern) clair ne se dégage pour les précipitations, ce qui implique également de fortes variations d’une année sur l’autre.
• En Afrique centrale, la hausse des températures sera comprise entre 2 et 4 °C d’ici la fin du siècle, avec une hausse des jours à plus de 35 °C (+ 30, soit une centaine au total). Le manque de données ne permet pas de conclure concernant l’évolution des précipitations.
• L’Afrique australe connaîtra une hausse de la température moyenne de 1,2 à 3,1 °C en fonction de la trajectoire mondiale, ainsi que du nombre annuel de vagues de chaleur. Les précipitations devraient se réduire pendant la saison des pluies estivales. La zone de maximum d’intensité des cyclones se déplacera vers le sud dans l’océan Indien, dont le réchauffement favorisera la formation de ces phénomènes extrêmes.
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