L’Égypte s’est lancée dans un projet pharaonique avec la construction de la Nouvelle capitale administrative (NCA) à l’est du Caire. Ce programme, largement engagé, est pensé comme la ville vitrine du pouvoir et de la modernité revendiquée par le président égyptien, le maréchal al-Sissi. L’éducation et le sport en sont deux locomotives, avec cependant des risques sanitaires et environnementaux tous liés au gigantisme.
Le méga-projet de nouvelle capitale administrative au Caire : symbole du désir d’émergence africain
The Mega Project of a New Administrative Capital in Cairo: Symbol of Africa’s Desire for Emergence
Egypt has launched a project of enormous proportions with its construction of a new administrative capital (NAC) to the east of Cairo. The programme, which is well underway, is seen as a showcase for the power and modernity claimed by the Egyptian president, Field Marshal el-Sisi. Among its driving forces are education and sport, yet there remain the health and environmental risks that go hand-in-hand with such a gigantic project.
Troisième pays africain avec 108 millions d’habitants en 2025 selon la CAPMAS ([Egyptian] Central Agency for Public Mobilization and Statistics), l’Égypte est l’une des puissances démographiques et militaires du continent, et Le Caire est, avec 22 M d’hab., la deuxième mégapole derrière Lagos. Alors que l’aura diplomatique égyptienne s’étiole au Moyen-Orient au profit du Qatar et de la Turquie, les autorités nationales renforcent leur coopération et leur influence en Afrique depuis une décennie comme l’étayent, entre autres, la présidence du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) de 2023 à 2025, le soutien apporté aux projets d’infrastructures africains comme le barrage hydroélectrique Julius Nyerere en Tanzanie, l’inauguration au Caire du Centre africain pour la reconstruction et le développement post-conflit (RDPC, 2021) et du siège de l’Agence spatiale africaine (AfSA, 2025), ou encore l’accueil au débotté de la Coupe d’Afrique des Nations – 20 ans (CAN-U20) au printemps 2025 après le désistement ivoirien.
Depuis le renversement du président Mohamed Morsi en 2013 qui clôt la parenthèse du « Printemps arabe » ouverte en 2011, l’armée a repris le contrôle des affaires nationales. Le maréchal-président Abdel Fattah al-Sissi est au pouvoir depuis 10 ans après une troisième réélection en décembre 2023. Dans un environnement régional marqué par une recrudescence des violences armées (persistance des affrontements internes en Libye, reprise de la guerre au Soudan en 2023, offensive israélienne sur Gaza depuis le 7 octobre de la même année avec une extension des frappes au Liban, au Yémen et à la Syrie), l’Égypte se démarque par sa stabilité, au prix d’un resserrement de l’espace politique. Affichant un discours sécuritaire de lutte contre le terrorisme, le nouveau régime a su diversifier ses alliances extérieures, notamment vers la Russie et surtout la Chine, et capter différentes aides financières : celle des pays du Golfe pour financer les grands projets d’équipement ou économiques, celle de l’Europe pour renforcer les contrôles migratoires (signature d’un partenariat stratégique en 2024), celle des États-Unis dont le soutien financier n’a pas tari après le retour de Donald Trump au pouvoir et ce, en échange du maintien du blocus, puis du siège de Gaza.
En dépit des guerres proches et lointaines qui affectent l’économie (les revenus du canal de Suez ont chuté de 60 % en 2024), qui alimentent l’inflation et génèrent l’arrivée de réfugiés (environ 500 000 Soudanais depuis 2023 selon Amnesty International ; près d’un million et demi de Syriens depuis 2011 selon l’Organisation internationale pour les migrations [OIM]), le gouvernement égyptien a rejoint les BRICS+ (1) en 2024 et il cultive un discours d’émergence, de modernité et de grands travaux consacrant le retour de l’État aménageur et développeur (2).
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