L’énergie, quelle que soit sa forme, est indispensable au fonctionnement des armées et au bon déroulement des opérations. Dans la période actuelle visant à la décarbonation, la transition énergétique concerne aussi la sphère militaire qui doit s’adapter tout en conservant son efficacité, qui reste sa finalité.
L’énergie des forces - La conduite de la guerre au prisme de l’énergie
The Energy of the Armed Forces—Conducting War from the Point of View of Energy
Whatever its form, energy is essential to the operation of armed forces and the successful conduct of operations. At a time when a low-carbon economy is the focus, energy transition is a concern for military circles, too: they have to adapt, yet retain their effectiveness—which is their prime aim.
La transition énergétique en cours se distingue des précédentes par la prise de conscience que les ressources ne peuvent plus être considérées comme abondantes et que l’exploitation de certaines d’entre elles ont des conséquences graves sur le climat. La crise énergétique, suite à l’intervention russe en Ukraine, couplée à une baisse de disponibilité du parc nucléaire français a véritablement concrétisé ces craintes en France à partir de 2022. « Énergie » est ainsi devenue un mot employé à tout va et les adjectifs qualificatifs « verte », « durable », « soutenable », « renouvelable » lui ont progressivement été accolés dans les mondes politique et industriel, créant parfois de la confusion lors des débats précédant les décisions d’investissement.
Le monde militaire, notamment l’Otan, n’est pas épargné. Il a lui aussi dû s’adapter pour concilier exigences environnementales et efficacité opérationnelle en créant le concept d’Énergie opérationnelle, c’est-à-dire l’énergie nécessaire aux opérations. Dans des tentatives de déclinaison de ce concept, quelques propositions émergent afin de quantifier un « potentiel énergétique » des armées qui viendrait s’associer aux potentiels humains et matériels. Un nouvel « ethos de sobriété énergétique » (1) est également introduit tout en conciliant l’efficacité opérationnelle des armées. Or, à terme, ce compromis mal interprété, risque fort de ressembler à une sobriété financière. C’est d’ailleurs dans cet esprit que l’économiste Timothée Parrique dans Ralentir ou Périr (2) va ainsi jusqu’à proposer de réduire les entraînements militaires.
Ces débats ont récemment pris une tout autre dimension avec le retour des conflits dits de haute intensité. Les armées sont donc prises en étau par la nécessité de faire des choix industriels pour leur remontée en puissance dans un contexte de polarisation des débats autour du réchauffement climatique et de la transition énergétique. C’est pourquoi il semble pertinent de montrer que l’enjeu de la transition énergétique pour les armées n’est pas un problème de quantité mais de qualité de l’énergie utilisée.
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