Editorial
Éditorial
Dire que l’été a été chaotique au regard de l’actualité internationale est un pléonasme, tant les tensions et les craintes ont été fortes. Un sommet d’Anchorage où Donald Trump retrouve un « vieil ami » pour se partager le monde le 15 août, une rencontre montée dans l’urgence à Washington trois jours plus tard pour sauver l’Ukraine d’un nouveau Munich 1938. Une Russie qui, forte d’un blanc-seing trumpien, poursuit sans relâche sa guerre d’agression visant à la capitulation de Kiyv, tandis que le conflit à Gaza s’éternise en l’absence d’une vraie perspective politique.
L’été, c’est aussi la confrontation cette fois-ci pacifique entre le temps immédiat, celui du repos, des retrouvailles amicales, des loisirs où chacun essaye de refaire ses forces, se lance dans de nouveaux projets et celui du temps long, celui que l’on doit aborder à la rentrée. Même si celle-ci peut être bousculée notamment par le tempo politique, où la France se retrouve devant de nouvelles incertitudes, coincée entre une classe politique trop inconsciente des périls extérieurs et une réalité stratégique hélas marquée par l’imprévisibilité et le chaos. Or, il est impératif de préparer la défense de demain, prendre en compte les nouveaux enjeux tels que l’Intelligence artificielle (IA), le numérique, les drones, la désinformation et l’accroissement des menaces polymorphes, sans prendre de retard dans les programmes déjà lancés et indispensables pour garantir notre sécurité.
Il y a besoin d’anticiper ces futurs en mutation permanente nous obligeant à la réflexion stratégique, certes parfois austère et ingrate mais indispensable pour ne pas rater le coche. Ne pas préparer la guerre de demain en pensant d’abord à hier. C’est l’objectif du dossier de ce numéro de rentrée qui porte sur les interventions scientifiques qui ont été proposées ce printemps dernier lors de la deuxième édition du PDSF 2025, à l’École militaire. Les articles réunis ici apportent des approches inédites et des éclairages indispensables pour saisir ces transformations de la guerre nous obligeant d’abord à les comprendre puis à les analyser pour préparer la défense de demain. Là encore, le caractère pluridisciplinaire des textes démontre cette importance d’élargir le spectre des travaux pour ne pas passer « à côté de la plaque ».
Pour autant, face à la crise ou à la guerre, les invariants demeurent, dont la force de combattre. Celle-ci est la résultante de la formation, de l’entraînement et de l’aguerrissement de nos soldats, marins et aviateurs. Cette dimension humaine demeurera indispensable même si de nouveaux outils viennent compléter le carquois du combattant. C’est lui qui aura à affronter le destin. Il nous appartient de lui en donner les moyens et d’être prêts ensemble. ♦