Dans l’interminable conflit en ex-Yougoslavie, l’engagement aérien a eu un rôle décisif pour faire fléchir, en 1995, les Serbes de Bosnie qui harcelaient Sarajevo. La paralysie de la Forpronu a obligé l’Otan à intervenir. Malgré les divergences entre Américains et Européens, les frappes aériennes ont permis d’agir sur tout le spectre et obliger les belligérants à négocier.
Le rôle décisif de l’engagement aérien pour parvenir aux Accords de Dayton : de Deny Flight à Deliberate Force
The Decisive Role of Air Power in Arriving at the Dayton Accords: from Deny Flight to Deliberate Force
During the interminable conflict in former Yugoslavia, commitment in the air played a decisive role in 1995 in bringing down the Bosnian Serbs who were harrying Sarajevo. The paralysis of UNPROFOR forced NATO to intervene. Despite differences between Americans and Europeans, the air strikes enabled action across the entire spectrum and forced the belligerents to negotiate.
Nous sommes le 30 août 1995, depuis 2 heures ce matin l’opération Deliberate Force a été lancée afin d’obliger les Serbes de Bosnie à retirer leurs armes lourdes de la zone d’exclusion autour de Sarajevo et à permettre la libre circulation de l’aide humanitaire. Les frappes aériennes sur les positions des Bosno-Serbes dans tout le pays s’enchaînent avec les bombardements de l’artillerie de la Force de réaction rapide (FRR) qui protège Sarajevo depuis le mont Igman. Mon avion va être abattu dès le premier jour des frappes aériennes.
Au-delà de cet épisode douloureux, l’arme aérienne a joué un rôle majeur dans l’évolution du conflit en Bosnie-Herzégovine comme révélateur des vulnérabilités de notre propre dispositif terrestre, par sa puissance de feu qu’elle délivre dans la profondeur stratégique et comme levier psychologique tant sur les troupes que sur les dirigeants serbes.
En territoire ennemi
Il est 17 heures quand je survole la côte Adriatique, cap à l’est, à bord de mon Mirage 2000 biplace, flanqué de mon ailier. Nous devons détruire deux bâtiments du dépôt de munitions de Pale alimentant les pièces d’artillerie serbes qui tirent sur Sarajevo. Alors que nous entrons en zone hostile, les premiers avions de notre raid ont dû commencer à frapper le dépôt. Notre bombardement participera à l’arrêt des massacres qui ont lieu dans cette région depuis bien trop longtemps. Je ressens le départ des bombes au moment où je cabre, j’incline légèrement pour les voir exploser sur le bâtiment que je visais. Soudain un choc puissant secoue l’avion accompagné d’un bruit sourd : nous venons d’être touchés par un missile et nous n’avons rien vu venir. Tous les voyants de panne sont allumés, mon casque est rempli des alarmes sonores. Il n’y a aucun doute, il va falloir s’éjecter. Le feu à bord précipite tout, mon navigateur tire la poignée d’éjection, car je reste concentré sur le pilotage de l’avion qui est instable. L’extraction du cockpit est violente et, en à peine plus d’une seconde, je me retrouve sous le parachute dans un silence impressionnant. Assez rapidement, j’entends des coups de feu qui montent vers moi : nous allons être pourchassés à l’arrivée au sol. Malheureusement, je me casse la jambe à l’atterrissage tant l’impact est brutal sur ce terrain montagneux. Un paysan armé vient vers nous et prend mon arme après m’avoir assommé d’un coup de pied au visage, puis la meute des poursuivants arrive. Blessés, capturés et tabassés, des journalistes nous interviewent sur le terrain, puis nous sommes présentés au général Mladic à Pale moins de trois heures après l’éjection.
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