En cet automne, le constat de nos chefs militaires est accablant avec une dégradation profonde et durable de la scène internationale. Le droit est remis en cause à l’heure du retour des prédateurs, avec des risques croissants de déstabilisation, dont une nouvelle course aux armes nucléaires. Il est urgent pour l’Europe de se réarmer.
Sud de l’Europe - « Ça craque de toute part ! »
Southern Europe—Cracks Appearing Everywhere!
This autumn, our military chiefs gave a damning account of a deep and lasting degradation of the international situation. The law is being challenged at a time when predators are returning, bringing with them growing risks of destabilisation among which, a new nuclear arms race. There is an urgent need for Europe to rearm.
C’est par ces termes que le général Fabien Mandon, Chef d’état-major des armées, a qualifié la situation internationale lors de son audition le 22 octobre 2025 par la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale (1). C’est en substance ce que nous ont dit, ensemble, les trois chefs d’états-majors de l’Armée de terre, de la Marine nationale et de l’Armée de l’air et de l’Espace réunis pour la première fois sur une même table ronde académique lors des Rencontres stratégiques de la Méditerranée qui se sont déroulées à Toulon les 8-9 octobre derniers à l’initiative de la FMES. Cette édition très réussie a réuni plus de 3 500 participants et 75 experts représentant 20 nations autour de 16 tables rondes (2).
Cette formule d’alerte illustre bien l’évolution de la scène internationale. On y trouve ceux qui considèrent les recompositions violentes à l’œuvre comme une opportunité leur permettant de pousser leurs pions au service de leurs intérêts géopolitiques, s’affranchissant par là même de normes internationales qu’ils contestent, à l’instar des États-Unis qui ont désormais rallié ce groupe qui s’élargit. On y trouve également ceux qui tentent difficilement de défendre le Droit, notamment l’Europe et quelques partenaires, en ayant beaucoup de mal à admettre le retour des trois piliers sur lesquels s’appuient les nouveaux dominants : le nationalisme, le fait religieux et l’acceptation du recours à la force jusqu’à l’affrontement armé.
L’heure des prédateurs
Les deux mois écoulés illustrent bien cette tendance lourde qui favorise les dirigeants populistes ou autoritaires qui ne s’embarrassent pas de contre-pouvoirs, que l’essayiste et politologue italo-suisse Giulano da Empoli qualifie de prédateurs (3). Certains le font plutôt discrètement comme Xi Jinping qui a menacé d’imposer un contrôle total sur l’utilisation des terres rares exportées par la Chine, plaçant les industriels européens dans une position de soumission, tout particulièrement dans le domaine de la défense. Parallèlement, le Président chinois a lancé une vague de purges au sommet de l’armée qui reste le seul organe capable de remettre en cause son autorité. Si les Présidents américain et chinois semblent s’être entendus lors du sommet de l’Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC) du 30 octobre 2025 à Séoul pour mettre en pause leur guerre commerciale, allégeant indirectement la pression sur l’Europe, la vulnérabilité de cette dernière à l’égard de Pékin est désormais flagrante.
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