Il ne s’agit pas ici de rouvrir une discussion susceptible de diviser les esprits — en un temps surtout où il importe plus que jamais d’unir les Français devant tant de devoirs positifs. Mais le problème intéresse ou angoisse rétrospectivement trop d’esprits curieux des raisons de la défaite pour que nous ne tentions pas une mise au point aussi objective que possible de la controverse ouverte sur les nombres respectifs des chars français et allemands, le 10 mai 1940.

Nous exposerons d’abord les calculs présentés par le général Gamelin dans son livre Servir…, par M. le contrôleur général Jacomet dans L’Armement de la France. Sans les contester a priori — car nous savons la fragilité des statistiques — nous essaierons à notre tour d’établir, par d’autres voies, ces deux totaux antagonistes. Peut-être, ces recoupements permettront-ils de serrer finalement d’assez près la réalité la plus vraisemblable.

Avouant ne pas être actuellement en mesure de préciser assez exactement le nombre des chars donnés ultérieurement en renforcement aux armées françaises ou restés disponibles à l’intérieur, nous nous limiterons essentiellement aux chiffres initiaux des deux blocs adverses, entre le 10 et le 15 mai, à la période à notre avis décisive, où s’est scellé le sort de cette campagne malheureuse.