Le premier témoignage de notre dossier, celui du commissaire lieutenant-colonel (R) Jacques Aben, met en évidence les difficultés concrètes qui se posent au réserviste désigné pour partir en opérations extérieures (Opex). Comment gérer le remplacement d'un professeur d'université, qui plus est en période d'examen ? Quelles dispositions familiales et administratives doivent être prises ? Enfin, une fois sur place, comment sont attribuées les responsabilités et comment est-on inséré dans le dispositif local ? Ce témoignage nous montre une administration des Nations unies complexe et un réserviste dont l'ensemble des compétences sont sollicitées, humaines, professionnelles ou techniques. Au bilan, il apparaît que le réserviste, par rapport à son camarade d'active, n'est pas un simple remplaçant, mais qu'il est source d'« autre chose », mélange de complémentarité et d'enrichissement par l'apport d'une culture différente.
Les réserves : témoignage - Les réservistes en opérations extérieures (un universitaire au Kosovo dans les actions civilo-militaires)
« PRIMO : L’EMA/COIA RETIENT LA CANDIDATURE DU CDT (R) ABEN JACQUES, PROPOSÉE PAR LA DPMAA/BCR, POUR LE POSTE ACM XXX (OFFICIER DE LIAISON AU DÉPARTEMENT COMMERCE ET INDUSTRIE DE LA MINUK)
SECUNDO : VOUS DEMANDE D’ÉTABLIR UN AVENANT À L’ESR DE L’INTÉRESSÉ AFIN DE PORTER LA DURÉE TOTALE D’ACTIVITÉ À 120 JOURS POUR L’ANNÉE 2001.
TERTIO : POUR COAIR MISE EN PLACE POUR LA SEMAINE 22. »
C’est par un tel message qu’habituellement tout commence, même s’il ne fait, en général, que confirmer un accord pris par téléphone. C’est en tout cas un tel message que tout réserviste normalement constitué a rêvé de voir émettre à son bénéfice, puisqu’il fait naître une situation pour laquelle il s’est préparé, depuis parfois très longtemps, et qu’il va lui permettre de vivre pleinement son statut de militaire. Le présent article, fondé sur une expérience personnelle, analyse comment se fait, concrètement et sur le terrain, l’application de la loi 99-894 du 22 octobre 1999 portant organisation de la réserve militaire et du service de défense, et comment cette activité militaire particulière qu’est l’action civilo-militaire (mais pas elle seule) peut faire bon usage de la ressource particulière que forment les « professionnels à temps partiel ».
Du 3 mai au 29 mai 2001 : préparation de la mission
Il s’est en effet passé 26 jours entre le coup de téléphone initiateur et le départ vers la base aérienne d’Istres, où ont lieu les embarquements pour Skopje. Cela peut apparaître bien suffisant, l’acte de volontariat mentionnant que l’on est prêt à partir avec un préavis de sept jours, mais lorsque rien — une guerre, une mobilisation générale — ne justifie que l’on abandonne tout en l’état en partant, ce délai est bien court.
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