Depuis son lancement lors du sommet de l'Otan de Bruxelles en 1994, le concept des Groupes de forces interarmées multinationales (GFIM) est resté dans l'ombre. Aujourd'hui, il entre dans une phase plus visible de mise en oeuvre et devrait sortir renforcé du sommet de Prague. Les opérations conduites par l'Alliance atlantique dans les Balkans et celles menées par les forces américaines en Afghanistan ont démontré la nécessité et l'efficacité d'un poste de commandement interarmées implanté à proximité ou à l'intérieur d'une zone d'opérations, chargé de conduire l'ensemble de la manoeuvre militaire à l'échelle d'un théâtre. Conçu dans un cadre Otan, le concept GFIM est, dès l'origine, destiné à incarner l'Identité européenne de sécurité et de défense tout en permettant l'agrégation de forces extérieures à l'Alliance. Le poste de commandement qu'il préconise est une entité déployable répondant à un besoin militaire. Il permet d'exprimer une volonté politique tout en renforçant « l'interopérabilité » sur laquelle repose l'efficacité opérationnelle. Tenant compte de l'évolution de l'environnement international, cet article veut témoigner de la validité d'un outil politico- militaire, qui présente la qualité première d'illustrer la complémentarité entre une organisation militaire atlantique cinquantenaire et une Europe de la défense en construction.
Le concept GFIM à l'heure de Prague
Début 2001, le commandement stratégique de l’Otan situé en Belgique, Shape, rétablit le PC régional de Naples (Afsouth) dans ses fonctions de commandement opératif du théâtre des Balkans. À l’automne 2001, après la campagne aérienne et le lancement de l’opération Enduring Freedom en Afghanistan, le commandement stratégique des forces américaines, situé en Floride, déploie un échelon de commandement de théâtre à Bagram. Aujourd’hui, alors que les États-Unis préparent une intervention contre l’Irak, on observe le renforcement des moyens américains au Qatar et au Koweït. Autant de faits qui viennent souligner l’importance pour une force militaire de pouvoir disposer d’un poste de commandement interarmées, au plus près de l’action, chargé de conduire à son niveau l’ensemble d’une opération mandatée par une organisation politique (1).
La confirmation de l’engagement des pays membres de l’Alliance atlantique en faveur de l’acquisition d’une capacité de commandement interarmées déployable, qui devrait être donnée à l’occasion du sommet de Prague, replace cette question dans l’actualité. L’issue de ce débat qui parcourt l’Otan ne sera pas sans conséquence sur les capacités militaires de l’Union européenne.
En République tchèque, l’attention des chefs d’États et de gouvernements se portera en priorité sur l’élargissement de l’Alliance, ainsi que sur l’adaptation nécessaire de ses structures pour lui permettre de renforcer ses aptitudes à faire face aux nouvelles menaces. Néanmoins, des orientations sur les modalités de mise en œuvre du concept des groupes de forces interarmées multinationales (GFIM) (2) sont également attendues.
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