Au XIXe siècle les géopoliticiens allemands, suivis au XXe siècle par Mac Kinder, donnaient à l’Asie continentale une importance étonnante, la présentant comme une sorte «d’axe du monde ». Un fait, jusqu’ici inaperçu, semble aujourd’hui justifier cette vision stratégique : l’Asie centrale est de nos jours, dans le cadre d’une crise majeure la seule région où interviennent, de façon plus ou moins directe mais réelle, presque toutes les puissances nucléaires avérées : celles du Conseil de sécurité, mais aussi, par effet de proximité, l’Inde et le Pakistan, sans oublier un outsider comme l’Iran.
Branle-bas en Asie centrale
Au XIXe siècle les géopoliticiens allemands, suivis au XXe siècle par Mac Kinder, donnaient à l’Asie continentale une importance étonnante, la présentant comme une sorte « d’axe du monde ». Un fait, jusqu’ici inaperçu, semble aujourd’hui justifier cette vision stratégique : l’Asie centrale est de nos jours, dans le cadre d’une crise majeure la seule région où interviennent, de façon plus ou moins directe mais réelle, presque toutes les puissances nucléaires avérées : celles du Conseil de sécurité, mais aussi, par effet de proximité, l’Inde et le Pakistan, sans oublier un outsider comme l’Iran.
Un tel branle-bas trouve son origine dans le « débarquement américain » intervenu fin 2001 en Afghanistan comme en Asie centrale. Les États-Unis ont depuis, avec un grand luxe de moyens, affirmé leur présence, élargie au Caucase, dans une sorte de « Très Grand Jeu » (1) bien plus spectaculaire que le « Grand Jeu » de la fin du XIXe siècle. Au motif de lutter contre le terrorisme, n’ont-ils pas attiré dans leur sillage non seulement la Grande-Bretagne et la France mais aussi l’Otan ? Cette « intrusion » à leurs frontières a inquiété aussi bien la Russie que la Chine qui se sont lancées face aux États-Unis dans une sorte de partie triangulaire, chacun essayant de renforcer ses positions dans les États de la région. Une alliance de fait en a résulté entre Pékin et Moscou avec l’appui manifeste de Téhéran, et celui mais beaucoup plus discret de New-Delhi.
Ces prises de position, forcément inquiétantes, devraient inciter les États centre-asiatiques à beaucoup de prudence dans leurs relations avec les « Grands ». En dépit du profit qu’ils retirent de la rivalité des puissances, il conviendrait qu’ils prennent en considération cette évidence : une aggravation de la situation internationale transformerait vite l’Asie centrale, qui est déjà pour le pétrole et le gaz un terrain d’âpre concurrence, en champ de bataille.
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