Espace européen

L’Europe s’engage dans une politique spatiale. Lire la suite

  p. 5-5

Extraits du Livre blanc sur l’espace adopté à Bruxelles le 11 novembre 2003.

  p. 6-12

L’Europe spatiale peut se féliciter de ses succès et du haut niveau de ses réalisations. Malgré le grand intérêt scientifique, stratégique, et économique des applications spatiales et l’attrait du public pour l’exploration spatiale il s’agit toutefois d’un secteur fragile confronté à une compétition internationale et largement dépendant des efforts publics. Le « désir d’espace » est-il suffisant pour mobiliser au niveau européen les ressources nécessaires ? C’est l’enjeu d’une relance de la politique spatiale européenne.

  p. 13-27

Moyen essentiel de recueil, d’analyse et de distribution de l’information à une échelle planétaire, l’espace joue un rôle stratégique majeur. Les applications spatiales concourent, en complément d’autres moyens, à fournir aux hautes autorités civiles et militaires les éléments indispensables à la conduite d’une politique ambitieuse de sécurité et de défense.

  p. 29-31

Encore fortement marquées par le contexte de la guerre froide, les utilisations de l'espace sont appelées à s'élargir aux domaines opératif et tactique, afin notamment de s'adapter à l'évolution de la menace et des opérations induites. L'infrastructure spatiale militaire, à l'horizon 2015, devra également concilier les impératifs d'autonomie stratégique et ceux de la construction de l'Europe. Les auteurs nous livrent quelques réflexions sur l'évolution des utilisations de l'espace à des fins de sécurité et de défense.

  p. 32-46

Les satellites sont devenus indispensables dans les systèmes de sécurité et de défense. Pour autant, leur mise en oeuvre ne va pas sans difficulté : accès aux technologies spatiales, conception des architectures de systèmes intégrant des satellites, réalisation des moyens nécessaires à leur exploitation... L'espace a aussi un coût. Face à ces enjeux, la France a des atouts, issus de la volonté politique manifestée sans interruption depuis de nombreuses années : expérience acquise sur les programmes Syracuse et Hélios, tissu technique industriel performant engendré par les programmes civils, pratique de la dimension européenne pour les affaires spatiales. Des efforts supplémentaires doivent répondre aux nouveaux besoins et mieux garantir notre autonomie. Les solutions devraient tenir compte des synergies avec l'espace civil et s'appuyer résolument sur la dimension européenne.

  p. 47-58

Dans le domaine de l'espace européen de défense, l'Europe et plus particulièrement la France en tant que puissance spatiale, sont à la croisée des chemins. Le modèle le plus souvent en vigueur de juxtaposition d'efforts nationaux en matière de programmes et de financements atteint ses limites et reste imparfait, et ce malgré des réalisations de partage de services et de données entre États, à l'initiative de la France. La place de l'espace comme contributeur essentiel de toute stratégie de défense nécessite que chaque État membre de l'Europe accepte une forme d'interdépendance européenne pour une meilleure efficacité économique globale. Cette évolution est tout à fait possible, elle est nécessaire et urgente.

  p. 59-66

Par leur précision, leur objectivité, les informations géographiques issues des données d'observation de la Terre sont devenues indispensables dans de nombreux domaines d'activité, mais elles servent aussi beaucoup de besoins à l'échelle d'une nation ce qui engendre un marché essentiellement gouvernemental. L'observation commerciale de la Terre est un outil stratégique, outil qui peut trouver un financement à travers les revenus générés par le marché privé.

  p. 67-72

L'espace est un milieu de première importance pour toutes les questions de défense et de sécurité. Ce caractère stratégique, maintenant reconnu, devrait inciter la France et l'Europe à se doter de leurs propres moyens pour surveiller ce qui s'y passe afin de savoir si des puissances tierces peuvent bénéficier des avantages que procure une présence spatiale. De même, cela devrait pousser la France et les autres pays européens à traiter le problème de l'intervention dans l'espace lorsqu'un tel avantage peut nuire aux actions décidées de maintien ou de restauration de la paix. Il conviendrait au minimum que ces deux points fassent l'objet de travaux et de réflexions.

  p. 73-80

S'agissant des investissements spatiaux à des fins de défense, la France se trouve aujourd'hui face à un réel dilemme : doit-elle privilégier toute opportunité de coopération européenne au risque, comme l'histoire l'a déjà montré, de se retrouver finalement seule par manque de consensus ? Doit-elle poursuivre ses investissements nationaux en R&D, en démonstrateurs et en programmes sur des capacités spatiales jugées capitales pour garantir un niveau de souveraineté nationale acceptable ? Cet article apporte un éclairage basé sur des expériences vécues et ouvre des pistes optimistes pour l'avenir européen.

  p. 81-88

Repères - Opinions - Débats

L'auteur appelle les Européens à adopter une posture de sécurité commune qui soit suffisamment globale pour garantir aux citoyens européens, comme au reste du monde, une stabilité stratégique à la mesure de leur dessein politique commun ; ce qui exige encore un important travail d'analyse et de propositions qui n'a pas encore été mené à son terme en Europe. Il invite les autorités compétentes de l'Union européenne à compléter aussi rapidement que possible la doctrine de sécurité arrêtée par les chefs d'État et de gouvernement, lors du Conseil européen de Bruxelles, le 12 décembre 2003, à partir d'autres enjeux de sécurité que ceux qui y sont indiqués : enjeux économiques, monétaires, financiers, commerciaux, industriels, juridiques, sociaux, culturels et technologiques.

  p. 89-97

Au lendemain des attentats aux États-Unis, la presse belge s’étonnait de l’arrestation soudaine d’un suspect tunisien. Il appartenait en réalité à un groupe terroriste identifié de longue date, où, quelques mois auparavant, lors de perquisitions, on avait déjà découvert des faux documents. Dans cette affaire, le journal ne disait pas si le juge avait alors pris la peine d’inculper.

  p. 98-108

Le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées de Genève (DCAF) a été fondé en octobre 2000 à l'initiative du gouvernement suisse. Fondation internationale de droit suisse soutenue par 45 États, il inspire et soutient les gouvernements et les Parlements des pays en transition dans leurs efforts pour renforcer le contrôle démocratique et civil des forces armées, et au-delà, du secteur de la sécurité dans son ensemble. Il encourage la coopération internationale dans ce domaine. S'il a privilégié jusqu'à ce jour la région euratlantique, il élargit désormais son horizon à d'autres continents, à commencer par l'Afrique. Troisième et dernier-né des centres de sécurité genevois, il forme avec le Centre de politique de sécurité et le Centre de déminage humanitaire, un triptyque unique et irremplaçable dans le monde d'aujourd'hui.

  p. 109-118

Au XIXe siècle les géopoliticiens allemands, suivis au XXe siècle par Mac Kinder, donnaient à l’Asie continentale une importance étonnante, la présentant comme une sorte «d’axe du monde ». Un fait, jusqu’ici inaperçu, semble aujourd’hui justifier cette vision stratégique : l’Asie centrale est de nos jours, dans le cadre d’une crise majeure la seule région où interviennent, de façon plus ou moins directe mais réelle, presque toutes les puissances nucléaires avérées : celles du Conseil de sécurité, mais aussi, par effet de proximité, l’Inde et le Pakistan, sans oublier un outsider comme l’Iran.

  p. 135-147

Il y a dix ans, l'Afrique du Sud sortait du cycle des condamnations internationales en mettant un terme à la politique d’apartheid et en permettant à la majorité noire d'accéder au pouvoir. Cet événement historique a été longuement préparé puis conduit dans la sérénité par des médiateurs influents, blancs et noirs, de la société sud-africaine. Car ce sont bien ces forces silencieuses qui ont permis d'éviter l'embrasement du pays annoncé à cor et à cris par de nombreux commentateurs. Ce ne sont pas, en effet, les sanctions internationales, largement contournées par bon nombre d'États pragmatiques, qui ont amené le régime blanc à faire preuve de réalisme. Elles ont au contraire alimenté des connivences à l'échelon planétaire pour éluder l'embargo qui avait été décrété contre l'incontournable partenaire économique des pays industrialisés et des États africains. Lire les premières lignes

  p. 119-134

Le système international vit à l'ère des clubs. Toutes les organisations inter étatiques peuvent être analysées comme des clubs, ensembles fermés dont les membres sont recrutés par cooptation. En même temps, ces clubs, dont la raison d'être est la paix par la multiplication des échanges et des règles, ont un moteur démocratique qui les pousse à être le plus inclusif possible. D'où un dilemme permanent entre l'exigence de cohésion et la nécessité d'ouverture. Ces clubs suscitent un nouveau type de conflits entre ceux qui sont dedans et ceux qui restent dehors (exclus, parias, voyous). Ces contradictions sont celles de la démocratie : celle-ci doit inclure tous les hommes, mais elle ne peut fonctionner que dans le cadre d'une cité constituée (par exemple, État-nation), d'un espace clos, séparant strictement les citoyens de ceux qui ne le sont pas.

  p. 148-154

Jamais sans doute, depuis le retrait du service des grands dirigeables souples ZPG3W de la Marine américaine au début des années 60, le retour du « plus léger que l’air » sur la scène aéronautique n’a paru à la fois aussi proche et aussi impatiemment attendu par un nombre croissant d’utilisateurs potentiels. Les plus intéressés, nous dit-on, seraient les spécialistes du transport logistique, confrontés à l’absence durable d’infrastructures routières ou aéroportuaires adaptées dans de nombreuses parties du monde.

  p. 155-166

Chroniques

Discours du président de la République, lors de sa visite de la Marine nationale, à Brest, le 17 février 2004. Lire la suite

  p. 167-171
  p. 172-176

Le contre-amiral Christian Girard, sous-chef d’état-major opération logistique de l’état-major de la Marine (EMM), rappelait récemment (1) : « Les marins le savent bien, mais cela n’est jamais suffisamment affirmé, qu’il n’est pas de stratégie militaire efficiente, qui ne soit soutenue par une logistique opérationnelle organisée et efficace ; mais il n’est pas de logistique opérationnelle qui ne soit elle-même appuyée sur une logistique générale, qui intervient bien en amont dans la préparation des forces ». Lire les premières lignes

  p. 177-180
  p. 181-184
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  p. 191-192
  p. 193-196

Bibliographie

Alice Ferney : Dans la guerre  ; Actes Sud, 2003 ; 482 pages - Claude Le Borgne

La guerre dans laquelle, comme le titre l’annonce, nous plonge Alice Ferney, c’est « la Grande », succession de tragédies inattendues. Premières batailles en pantalons rouges et découverte, pourtant annoncée, de la puissance du feu. Marche en retraite d’une foule de soldats ne pensant qu’à leurs pieds. Incroyable retournement « aux bords de Marne ». 1915 : front figé, deux armées se font face à quelques dizaines de mètres, enfouies dans la terre de France, sillon minuscule qui court de la mer du Nord à la Suisse. 1916 : Verdun, bataille infernale. 1917 : révolte des damnés, trop c’est trop. 1918 : armistice, pleurent les veuves. Lire la suite

  p. 197-197

Bertrand Warusfel (dir.) : Le Renseignement français contemporain (Aspects politiques et juridiques)  ; L'Harmattan, 2003 ; 190 pages - Michel Klen

L’ouvrage rédigé sous la direction de Bertrand Warusfel, Maître de conférences à l’université de Paris V, constitue la synthèse des sujets qui ont été développés à l’occasion de la journée d’études sur le renseignement, un séminaire de réflexions et de débats organisé par le Centre Droit et Défense de l’Université de Paris. Les exposés et les discussions se sont déroulés le 5 octobre 2001, dans le climat d’émotion, d’inquiétude et surtout de regain d’intérêt pour le renseignement provoqué par les attentats terroristes du 11 septembre. Lire la suite

  p. 198-198

Revue Défense Nationale - Mars 2004 - n° 662

Revue Défense Nationale - Mars 2004 - n° 662

L’Europe s’engage dans une politique spatiale.

Sans doute n’est-elle pas encore officiellement compétente comme le prévoit le projet de Constitution ; sans doute n’a-t-elle pas encore les moyens financiers correspondants ; sans doute les efforts nationaux sont-ils dispersés et insuffisants ; sans doute, mais les choses avancent. Des programmes conjoints avec l’ESA se mettent en place ; Galileo et GMES en sont les principaux qui contribueront à l’autonomie stratégique. Certes les financements sont laborieux à mettre en place, les négociations sont longues et difficiles, mais avec le Livre blanc la direction est tracée, les objectifs sont fixés ; le plan d’action est établi et le programme spatial européen est ébauché.

En l’absence d’article du commissaire européen chargé de l’Espace, M. Philippe Busquin, qui n’a pu nous le fournir à temps, nous publions des extraits du Livre blanc adopté à l’automne dernier.  Comme il se doit dans une revue intitulée Défense Nationale, l’accent a été mis sur les questions de sécurité dans le choix des extraits ; mais c’est tout l’ensemble du Livre blanc qu’il faut lire ; y compris les annexes (lignes d’action, feuille de route, glossaire).

Fidèle à sa vocation, la revue Défense Nationale en proposant ce dossier sur l’Espace européen, très orienté sur la sécurité, souhaite participer au débat et contribuer à l’élaboration de l’Europe puissance, dotée des moyens lui permettant de décider et d’agir pour la sécurité, le développement, la prospérité et la paix dans le monde. La volonté de la Chine et de l’Inde d’entrer dans le projet Galileo n’est-elle pas l’indice que l’Union est sur la bonne voie et que l’espace, pas plus que d’autres domaines, ne doit demeurer unipolaire ?

Bonne lecture. ♦

Georges Girard

Revue Défense Nationale - Mars 2004 - n° 662

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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