Sous les pavés de l’Otan, l’Alliance atlantique, une alliance de plus en plus fonctionnelle, générique, de moins en moins géopolitique, transatlantique. Est-ce la perte progressive des repères communs forgés lors des guerres mondiales du XXe siècle ? Est-ce l’un des multiples effets de la mondialisation ? Est-ce la conséquence directe d’une menace terroriste désormais globalisée ? Sans doute un peu de tout, indistinctement, à moins que cela ne relève d’une pathologie plus grave.
Régulations stratégiques occidentales : quelle Alliance voulons-nous ?
L’Alliance atlantique change, et elle change de nature sous nos yeux. Dans la continuité des grands chantiers « euro-atlantiques », (comme on aime à les baptiser maintenant) (1), les alliés occidentaux ont entrepris depuis la fin de la guerre froide d’adapter puis de transformer l’Otan, l’organisation de défense et de sécurité qui a donné sa consistance et sa crédibilité au Traité de Washington de 1949. La tâche n’était pas aisée car la voie à suivre restait incertaine.
Un regard rétrospectif montre que la quarantaine d’années de tensions contenues entre les structures militaires conduites par les deux grands vainqueurs de 1945 avaient produit une certaine stabilité continentale ; le prix payé fût l’isolement de l’Europe orientale selon les lignes explorées à Yalta et définies par l’avance de l’armée rouge ; et le bénéfice, l’unification progressive de l’Europe occidentale. À cette période « maîtrisée » ont succédé près de quinze ans d’incertitudes voire d’instabilités, notamment dans les Balkans. Pour résoudre les problèmes posés par la recomposition de la carte euro-atlantique, les Alliés d’hier ont, en effet, commencé par tâtonner pour définir la voie appropriée et mettre en œuvre une véritable stratégie commune. Puis, l’épisode dramatique de l’attaque terroriste des États-Unis le 11 septembre 2001, s’il a au départ rassemblé la communauté atlantique dans la solidarité face à la surprise stratégique du terrorisme de masse, l’a aussitôt divisée sur les façons de le contrer. Chacun sait cela et voit que les épisodes qui jalonnent ces années troublées ont écorné la confiance placée en l’Alliance, de part et d’autre de l’Atlantique.
Nous en sommes là aujourd’hui, embarrassés avec une transformation de l’Otan qui apparaît à certains comme une robotisation de l’Alliance, perplexes devant une extension géographique d’engagements militaires qui abordent désormais d’autres continents et une diversification des missions opérationnelles liées à la lutte contre un terrorisme dont nul ne sait vraiment calibrer la dimension militaire.
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