Gendarmerie et sécurité intérieure - À propos du recrutement des officiers de Gendarmerie
Alors qu’un plan dévoilé en juin dernier prévoit, à horizon 2012, le doublement du nombre d’officiers de gendarmerie (1), leur mode de recrutement continue de donner lieu à débats, la question revêtant une dimension stratégique, pour ne pas dire politique (2).
Après l’affaire des « paillotes », qui avait posé la question des capacités de discernement ultime, voire de désobéissance légitime d’une force de police à statut militaire, le gouvernement Jospin avait décidé, en juillet 1999, de faire disparaître, à compter de 2005, le recrutement en provenance des grandes écoles militaires (soit, en moyenne, une vingtaine d’officiers chaque année). Ce type de recrutement, dont est issu environ un dixième des officiers en activité, posait d’ailleurs problème, l’Armée de terre, principalement mise à contribution, voyant chaque année une quinzaine de ses jeunes officiers, souvent parmi les mieux classés, la quitter pour rejoindre la Gendarmerie après seulement trois années de formation à Saint-Cyr. Afin de compenser la suppression envisagée de cette voie de recrutement, ainsi que l’assèchement du concours destiné aux officiers de réserve (avec la suspension du service national), il a été alors décidé de mettre en place un concours externe auprès des jeunes hommes et femmes (âgés de moins de 26 ans), titulaires d’une maîtrise (3). La concordance de ces deux mesures a généré de vives polémiques et réticences vis-à-vis d’une réforme suspectée, d’une part, d’être le résultat d’une hostilité de l’ancien ministre de la Défense à l’égard de la Gendarmerie en général, et des officiers issus de Saint-Cyr en particulier ; d’autre part, d’initier ou de favoriser la démilitarisation de l’institution.
Sans même avoir connu un embryon de mise en œuvre, l’abandon du recrutement « grandes écoles militaires » a été écarté par le gouvernement Raffarin, à la faveur d’une mesure destinée à réaffirmer ostensiblement le caractère militaire de l’institution ; il est vrai, au moment du rattachement au ministère de l’Intérieur. En effet, à l’occasion des 14es rencontres de la Gendarmerie, réunissant à Montluçon, du 18 au 21 novembre 2002, ses principaux responsables territoriaux, le ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie devait déclarer à propos de cette réforme engagée par son prédécesseur, Alain Richard : « Cette décision ne m’apparaît conforme ni à la vocation fondamentalement militaire de votre institution, ni à la nécessité de préserver des liens privilégiés entre la gendarmerie et les armées. Elle n’est pas non plus en accord avec le caractère prestigieux de votre arme, caractère qui est une nouvelle fois exprimé cette année par le choix du major de Saint-Cyr d’intégrer l’EOGN. J’ai donc décidé que le recrutement direct sera rétabli au sein des grandes écoles militaires ».
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