Antisionisme : le nouvel antisémitisme
Antisionisme : le nouvel antisémitisme
Le sionisme se caractérise par un mouvement politique visant à donner un État au peuple juif dispersé par la diaspora. Il a pris son essor dans la seconde partie du XIXe siècle, à une époque où triomphait l’idée d’État-nation, puis s’est renforcé face à la recrudescence des actes d’hostilité qui ont frappé la communauté israélite. L’antisémitisme est un phénomène qui a accompagné le peuple juif à travers toute son histoire pendant deux millénaires. De nos jours, cette attitude est alimentée par le conflit israélo-arabe qui perturbe gravement les relations internationales depuis un demi-siècle. Pour Paul Giniewski, ce fait troublant de société a créé une nouvelle dynamique : l’antisionisme.
L’auteur du livre, historien et essayiste, dénonce l’enseignement de la haine qui est dispensé par les Palestiniens. Cet endoctrinement qui touche toute la jeunesse palestinienne a produit une génération « d’hommes-bombes ». Sur ce sujet brûlant, une organisation indépendante non-gouvernementale, le Center for monitoring the impact of peace (CMIP) (observatoire de l’impact de la paix) a publié plusieurs enquêtes sur l’enseignement palestinien. Selon Paul Giniewski, les investigations révèlent en particulier que les manuels scolaires de l’Autorité palestinienne « visent à inculquer la haine des Juifs en général et celle d’Israël en particulier. Les textes refusent toute légitimité aux Juifs et nient leurs liens avec la Terre sainte. Ils nourrissent des stéréotypes dérogatoires envers les Juifs justifiant leur éradication. (…) On enseigne aux enfants que leur installation en Palestine serait un complot colonialiste anti-arabe ». D’après le CMIP, les qualificatifs utilisés pour dépeindre les Juifs et les Israéliens dans ces livres scolaires sont ceux du vocabulaire nazi. Un ouvrage, Notre langue arabe, destiné aux élèves des classes de cinquième, va même jusqu’à écrire : « Il y aura un djihad et notre pays sera libéré. C’est notre histoire avec les conquérants voleurs. Tu dois savoir, mon enfant, que la Palestine est ta lourde responsabilité ». Le Recueil de textes littéraires, distribué aux élèves de la classe de huitième, renchérit : « Le djihad et le sacrifice sont donc un devoir. Dégainez vos épées. Assemblons-nous pour la guerre avec sang rouge et feu éclatant. La mort lancera son appel et l’épée deviendra folle de tant de massacres ». Le lavage de cerveaux dans la société palestinienne est aussi accompli avec le même acharnement à la télévision où de nombreuses émissions sont consacrées aux « enfants-héros » et dans les sites Internet qui diffusent une thématique similaire.
Face à un tel déferlement d’exécration et de fanatisme, Paul Giniewski pose la question : a-t-on le droit d’enseigner la haine dès le plus jeune âge ? Cette controverse est d’autant plus insidieuse que la plupart des programmes scolaires palestiniens sont financés par des organisations internationales, en particulier par l’UNRWA (United Nations Relief and Work Agency), l’organisation des Nations unies pour le travail et l’aide aux réfugiés palestiniens. Ce constat a entraîné des réactions du Congrès américain où des membres ont exigé que « l’Unesco et la Banque mondiale arrêtent leur soutien à la publication de manuels de l’Autorité palestinienne incitant à la haine, et que l’UNRWA cesse de les utiliser ». Dans le même état d’esprit, le Parlement européen a adopté, à la fin de l’année 2001, un amendement au programme d’action en faveur du Proche-Orient, en précisant que « les crédits ne doivent pas servir à soutenir des actions, projets ou programmes, (…) et des manuels scolaires contenant des passages racistes et antisémites qui sont par leur contenu contraires aux valeurs fondamentales de l’Union ».
L’auteur est terrifié par l’ampleur de la vague d’antisémitisme qui atteint également les grandes tribunes mondiales. Il cite l’exemple de la « conférence des Nations unies sur le racisme, la xénophobie et les autres formes de discrimination », qui s’est tenue à Durban (Afrique du Sud) au début du nouveau millénaire : les propos outranciers, à l’encontre de la communauté juive et de l’État d’Israël, ont conduit les Européens à rejeter une condamnation du sionisme et la délégation américaine à quitter la conférence.
Dans cette opprobre généralisée que dénonce Paul Giniewski, l’essayiste culpabilise aussi les « pacifistes » israéliens qui ne « paraissent pas avoir compris que leur modération n’est pas perçue comme un signe de force mais de faiblesse, encourageant leurs ennemis à la violence ». Parmi ces Israéliens « plus Palestiniens que les Palestiniens », le document mentionne le mouvement Peace now (la paix maintenant), et différents groupes pacifistes : les quatre Mères, les surveillantes des points de contrôle, Ta’agush (Vivre ensemble), des oliviers pour la paix et les gardiens des murailles qui considèrent que « l’exil a été imposé aux Juifs par Dieu ».
Cette forme d’éthique juive s’explique par la tradition de scepticisme. La civilisation israélite a été une négation, une mise en doute permanente. Abraham a dit non à la civilisation mésopotamienne et Moïse à celle de l’Égypte et de Canaan, et les Juifs ont, à leur tour, refusé le monde gréco-romain, chrétien et islamique. Comme le souligne l’auteur, ce scepticisme présente d’ailleurs « des aspects spécifiquement israéliens et contemporains honorables ». Israël est un pays « très militarisé mais également non militariste ». Les Israéliens ne veulent pas accepter cette injustice paradoxale du sort, « condamnant à vivre par l’épée ce peuple qui en avait horreur, et qui a toujours horreur de l’épée ».
Les Juifs, a écrit Élie Wiesel, peuvent vivre partout, mais ne pourraient pas survivre sans l’État juif. La plupart des Juifs s’identifient partiellement ou totalement, viscéralement ou spirituellement, à cet État. C’est un fait indéniable. Paul Giniewski soumet ce constat à une réflexion plus large mais inquiétante : le monde, et en particulier l’Europe, condamnent sans cesse Israël et le clouent au pilori. Les Européens entretiennent « des relations cordiales » avec ceux qui enseignent dans leurs écoles et leurs médias la haine des Juifs et des Israéliens. Il y a là une contradiction majeure qui « empêche la blessure de la shoah de cicatriser et la fait supputer indéfiniment ». Tel est le message fort de l’auteur qui estime qu’il « est de l’intérêt de l’humanité de revenir sur l’erreur antisioniste » et de ne pas laisser fructifier les germes de l’antisémitisme. ♦