Le 3 juillet 2006, le Sénat publiait un rapport d'information de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées, relatif à la gestion des crises africaines, faisant état de la position française en la matière et énonçant les fondements qui présideront la doctrine française dans les années à venir. Alors que s'affirme l'Union africaine et que l'Union européenne s'implique davantage, ce document expose le changement de cap opéré par la France dans sa relation avec un continent qui a beaucoup évolué depuis la fin de la guerre froide.
La gestion des crises africaines : vers une clarification de la doctrine française
The management of African crises: towards a clarification of French doctrine
On 3 July 2006, the French Senate published a report by the Foreign Affairs, Defence and Armed Forces Committee on the management of African crises, summarising the French position in this area and setting out the fundamentals that will determine French doctrine in the years to come. In a context marked by an assertive African Union and the European Union’s growing involvement, this document explains France’s change of course in its relations with a continent which has greatly changed since the end of the Cold War.
Plus qu’un simple rapport, le document émanant du Sénat (1) est un exposé clair des fondements d’une stratégie française rénovée visant à contribuer à la stabilité sur le continent africain. Il tend à clarifier la position française. Dans un environnement géostratégique difficile et instable, la réorientation de la stratégie française en Afrique depuis la fin des années 90 repose sur des postulats qu’il convient de rappeler. Articulée autour des concepts-clefs d’appropriation africaine et de multilatéralisation de la gestion des crises, cette stratégie vise à faire des organisations régionales et de l’Union européenne, les acteurs principaux des gestions des crises africaines. Elle se fonde également sur un volet partenarial encore à développer dans lequel l’Afrique du Sud tiendrait une place privilégiée.
La difficile gestion des crises africaines par la France et les Nations unies
De nouveaux acteurs, des crises incessantes
En ce début de XXIe siècle, les rapporteurs constatent un foisonnement de nouveaux acteurs sur le continent africain comme les « États-Unis, la Chine ou l’Inde qui y déploient une activité croissante. Les causes en sont diverses : la richesse en matières premières et en énergie intéresse, tandis que l’instabilité du continent inquiète. » En 2003, « 20 % de la population du continent et 15 États sur 54 étaient touchés par la guerre ». Il est à noter que celle-ci n’est définie en aucune manière, alors même que ses formes et ses expressions sont d’une grande complexité sur le continent africain.
Après le traumatisme rwandais, l’implosion du régime du maréchal-président Mobutu et le délitement accéléré avec la fin de la guerre froide du pré carré hérité des indépendances, la France a cherché une position plus en phase avec les attentes des populations africaines. Dès lors que la France n’entendait plus être le « gendarme de l’Afrique », un changement de cap s’imposait. Vers le milieu des années 90 apparurent des « axes politiques nouveaux : banalisation des relations avec les anciennes colonies, multilatéralisme et partenariat franco-africain. L’indifférence n’étant pas permise, « une intervention extérieure peut être nécessaire, parfois sous la forme d’une intervention militaire (…) ; celle-ci ne réglant jamais durablement un conflit, (et alors) vécue comme une forme d’intrusion, elle peut être un germe d’instabilité supplémentaire. »
Il reste 88 % de l'article à lire
Plan de l'article