Depuis quelques années, la France tend à multilatéraliser sa politique de sécurité et de défense en Afrique en privilégiant le cadre européen. Elle souhaite ainsi faire évoluer le programme de Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (Recamp), principal relais de sa politique, comme l'un des opérateurs de la PESD en Afrique. L'UE, de son côté, a développé un concept pour le renforcement des capacités africaines dans le domaine de la prévention et de la gestion des crises. L'un des objectifs de ce concept est d'accueillir les activités des États membres en la matière afin de mieux les coordonner. L'insertion de Recamp dans le concept européen est tributaire de la volonté des Africains et des États membres, mais également de la capacité de l'UE à absorber sur le plan institutionnel les différents piliers de Recamp et à mobiliser des ressources financières (Concept européen sur le renforcement des capacités africaines, paragraphe 66, 7 juillet 2006).
Vers une européanisation de la politique de sécurité et de défense de la France en Afrique ?
Towards the Europeanisation of France's security and defence policy in Africa?
For some years France has been moving towards a multilateral approach in its security and defence policy in Africa, by favouring a European framework. France would like its RECAMP programme (Reinforcement of African Peacekeeping Capabilities), the chief vector of its own policy, to evolve as one of the elements of ESDP (European Security and Defence Policy) in Africa. For its part, the European Union (EU) has drawn up a concept for the reinforcement of African capabilities in the field of crisis prevention and management. One of the aims of this concept is to help coordinate the efforts of member-states in this area. Integrating RECAMP with the European concept depends on the willingness of the Africans as well as the member states, and also on the EU’s ability to absorb the different ‘pillars’ of RECAMP on an institutional basis, and to mobilise the financial resources (European Concept for Reinforcement of African Capabilities, para. 66, 7 July 2006).
Caractérisée par des liens historiques et culturels forts avec les États africains, la politique de sécurité et de défense de la France en Afrique s’appuie aujourd’hui sur le New Partnership for Africa’s Development (Nepad), validé par le G8, l’Union africaine (UA) et les organisations régionales africaines. Elle s’inscrit également dans la construction d’une politique de sécurité et de défense de l’Union européenne.
Comme le rappelle le récent rapport du Sénat (1), la France a pris en compte le fait qu’aujourd’hui, les problèmes de sécurité et de développement en Afrique dépassent très largement le cadre des frontières des États. Ainsi, la Charte de l’Union africaine et l’article 74 du Nepad prévoient de mettre l’accent sur le renforcement des institutions régionales et continentales existantes dans quatre domaines clés qui constituent également les principaux secteurs d’activité de la politique française en Afrique : la prévention, la gestion et la résolution des conflits ; la recherche de la paix, le maintien de la paix et l’imposition de la paix ; la réconciliation, le relèvement et la reconstruction suite à un conflit ; la lutte contre la prolifération illicite des armes légères et des mines terrestres.
Dès lors, compte tenu des enjeux et des moyens requis pour prévenir, gérer et résoudre les crises, le premier axe de travail de la France consiste en une démarche multilatérale ouverte sur les partenaires africains mais aussi non africains. Celle-ci ne dispense pas d’une action bilatérale tout aussi nécessaire, car souhaitée par de nombreux États du continent. Le programme Recamp, élément majeur de la politique de sécurité et de défense de la France en Afrique, conjugue ces deux approches et constitue, dans la pratique, un facteur d’équilibre entre les aspects bilatéraux et multilatéraux. Ouvert à des contributeurs multiples, notamment européens pour nombre d’activités, il assure également depuis 1997 un soutien bilatéral de bataillons africains engagés dans des opérations de maintien de la paix (2).
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