L’hypercompétition place l’entreprise dans un environnement darwinien qui peut rendre mortelles ses vulnérabilités. Il lui faut pourtant conjuguer coopération, ouverture et préservation de ses informations stratégiques. La sécurité ne constitue donc pas un frein mais bien au contraire une condition nécessaire au développement des entreprises. Tout acteur économique incapable de concilier ces impératifs sera voué à disparaître. Une fois établi, ce diagnostic ne peut donner lieu à des actions concrètes que s’il recueille l’adhésion du chef d’entreprise, facteur clé de succès de la démarche sécurité dans l’organisation. Construire la fonction sécurité, c’est avant tout convaincre des dirigeants de société que celle-ci conditionne la performance.
La sécurité économique : comment convaincre les dirigeants d'entreprise ?
Economic security: convincing business leaders
Hypercompetition puts business in a Darwinian situation, where weakness can be fatal. It has to combine cooperation, openness and safeguarding strategic information. Security is not a brake but quite the contrary, an essential condition for commercial development. Any player on the business scene who is incapable of reconciling these imperatives is doomed to extinction. Once this diagnosis has been accepted, it can only yield positive results if it has the support of the head of the company, the key to success of any security initiative in an organisation. Convincing leaders that performance is dependent on them is the prime factor in designing security measures.
La sécurité n’est pas un mot naturellement valorisé dans l’entreprise. De nombreuses raisons concourent à cet état de choses. Les sociétés modernes s’appuient largement sur l’idée que la richesse naît de l’ouverture et de l’échange. La mondialisation constitue la traduction la plus connue de cet axiome fondateur. L’inverse (repli sur soi ou opposition à la libre circulation des biens, des personnes, des idées ou des capitaux) conduit inéluctablement à la paupérisation. Or, un cliché tenace associe la sécurité au refus du « monde qui bouge » et « avance ». Rien n’est plus faux et dangereux. C’est toutefois le premier obstacle à la progression de la culture de sécurité économique parmi les dirigeants des grandes entreprises ou, à l’autre extrême, des start-up.
La sécurité est assez régulièrement perçue, parmi ces responsables et managers du privé, comme un frein aux affaires, une manière de handicaper la conquête de marchés et les alliances stratégiques nécessaires. Qui dit sécurité dit par exemple refus des transferts de technologies ou des joint-ventures (modèle particulièrement valorisé pour le développement des firmes occidentales en Chine) ; qui parle sûreté est immédiatement suspecté de prôner l’installation de caméras dans tous les couloirs et bureaux de l’entreprise et la multiplication des agents de sécurité à tous les étages… On pourrait ainsi égrener la liste fastidieuse des lieux communs !
Les risques sont inséparables de l’ouverture ; Michel-Henry Bouchet résume parfaitement cette problématique : « L’ère de l’économie globale est celle de l’Internet, elle consacre la prédominance des flux sur les stocks. Ce qui circule est ce qui se valorise : l’information, la technologie, les ressources minières et pétrolières, les capitaux, les biens et les services. Par le canal des nouveaux outils de communication, l’information est omniprésente, instantanée, et d’un coût presque nul. Cette nouvelle transparence est un outil-clé de l’intelligence économique. Elle participe aussi d’une pression des marchés pour une meilleure gouvernance. Mais elle alimente aussi l’émergence de nouveaux éléments de risque, liés à la volatilité, à l’opacité, à la rumeur, qui doivent être anticipés et intégrés par l’analyste et le stratège » (1). On ne peut donc s’ouvrir sans se protéger : à moins d’accepter de disparaître, ce qui constitue pour le moins un résultat définitif qui met fin à toute possibilité d’échange !
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