En 1977, il y a trente ans, le cinéaste et écrivain Pierre Schoendoerffer réalisait le film Le Crabe Tambour d’après son roman éponyme, autour du personnage légendaire d’un officier de Marine, engagé dans les conflits coloniaux d’Indochine et d’Algérie. Épopée allégorique sur l’Empire français et la Marine nationale, Le Crabe Tambour présente une singulière et philosophique quête de l’homme, en milieu militaire.
« Crabe-Tambour » : trouver l'homme au bout de l'océan
Jauréguiberry
Crabe-Tambour: seek the man at the ends of the ocean
Thirty years ago, in 1977, film-maker and writer Pierre Schoendoerffer made the film Le Crabe-Tambour (Drummer Crab), based on his eponymous novel, about a legendary naval officer during colonial conflicts in Indo-China and Algeria. An allegorical epic about the French Empire and Navy, Le Crabe-Tambour depicts, in a military setting, a strange and philosophical quest for a man.
« Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui sont en mer » Platon
Le long métrage Le Crabe Tambour, de Pierre Schoendoerffer est adapté de son ouvrage éponyme paru en 1976 et couronné par le Grand Prix du roman de l’Académie française (1). Cette histoire de marins, complexe et philosophique, sur fond de quête insensée de l’homme et de nostalgie coloniale, fut un grand succès commercial. Il n’était pourtant pas aisé pour P. Schoendoerffer d’imposer son univers à une France des années 70, encore mollement contestataire et recroquevillée sur un tropisme pseudo-subversif né de mai 1968. Quel est l’univers de Schoendoerffer ? Un monde perdu et idéalisé, contre-culturel, où des valeurs morales telles que la droiture et l’honneur l’emportent sur toute autre considération ; un univers très ancienne France, un peu en ruine, où des institutions telles que l’Église catholique et l’Armée ont encore un prestige réel et une authentique autorité au sein de la société.
Pour P. Schoendoerffer (engagé volontaire en Indochine en 1952 et prisonnier à Diên Biên Phu en 1954), la mise en scène de militaires est un moyen d’atteindre l’homme dans sa plus pure condition, et de s’interroger sur l’étendue de ses choix moraux : « J’ai choisi de montrer dans mes films des militaires (…) Ce qui m’intéresse dans la condition militaire, c’est que c’est une société sans profit, qui a une certaine rigueur intérieure, une organisation stricte, et cela m’a permis de pouvoir élaguer tout ce ‘petit quotidien’ qui ne m’intéressait pas » (2). Le réalisateur avait déjà abordé plusieurs fois l’univers militaire (317e Section, en 1964, sur quelques épisodes de la guerre d’Indochine) et il reviendra à cette thématique avec notamment L’honneur d’un capitaine, en 1982, sur la guerre d’Algérie, puis avec Diên Biên Phu, en 1992.
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