Le débat autour de la place de la France dans l’Otan est vieux, plus ancien même que la sortie de l’organisation intégrée décidée par le général de Gaulle. La vie politique française s’organisait en trois familles principales : une quatrième vient d’apparaître et prétend rompre les blocages des trois précédentes. C’est ce que nous entendons évoquer ici.
Les Bruxellistes
The Brusselists
The debate about France’s place in NATO is an old one, older even than General de Gaulle’s decision in 1966 to quit the integrated military organisation. French political life used to have three major families; a fourth that has just appeared claims that it can avoid the dead ends of its three predecessors. That is what is discussed here.
La plus ancienne de ces familles est constituée des néo-gaullistes. Pour eux, l’Otan demeure l’instrument du pouvoir américain en Europe. L’indépendance de la France ou, plus simplement, le rejet du modèle américain (libéral, capitaliste, impérialiste, sans frontière…) exige que la France se tienne à l’écart le plus possible de l’organisation intégrée. Les rapprochements des années 90 ont été mal vécus et critiqués. Cette famille regroupe notamment les deux extrémités de l’échiquier politique : communistes à gauche, lepénistes à droite en sont les porte-parole les plus connus. Entre les deux, cette position est devenue marginale, tout d’abord parce que plus personne ne trouve vraiment qu’il y ait là matière à débat. Seuls quelques souverainistes persistent à défendre cette ligne.
Les atlantistes
Autre famille marginale, les atlantistes. On ne compte quasiment plus d’héritiers de ceux qui étaient d’abord et avant tout reconnaissants aux Américains d’avoir libéré le pays en 1944 : cette motivation était encore très vivace en 1966, lorsque de Gaulle prit sa décision. On ne compte pas davantage de partisans d’un couplage transatlantique pour contrer la menace soviétique, puisque celle-ci a disparu depuis 1990. Cette école pro-américaine, et donc pro-otanienne risquait de dépérir. On aurait pu les assimiler à de purs libéraux : toutefois, ces derniers privilégient un angle économique, quand les atlantistes mettent en avant les questions de politique et de sécurité internationale. Le soutien aux Américains tendait donc à disparaître, même si le courant s’est revivifié depuis le 11 septembre 2001.
Les thèses de Samuel P. Huntington, pour simplificatrices qu’elles soient (c’est le propre d’une théorie, d’ailleurs), ont rencontré un écho en France et renouvelé la notion d’Occident : l’inquiétude face à une menace, au choix terroriste ou islamiste, a redonné quelque vigueur à ce courant. On peut bien sûr citer feu J.-F. Revel, au titre de son libéralisme politique. Un Laurent Murawiec est beaucoup moins connu, et trop proche des centres de recherche anglo-saxons. Constatons le mutisme d’une position pourtant plus répandue qu’il n’y paraît : il semble qu’un quart des députés de la majorité, au moment de l’affaire d’Irak, aient été favorables à suivre les États-Unis (même si aucun débat n’eut lieu sur la question).
Il reste 87 % de l'article à lire
Plan de l'article