Bientôt dix ans après le lancement institutionnel de la PESD au travers du Traité d’Amsterdam, l’UE compte déjà à son actif cinq opérations militaires. Parmi celles-ci, deux méritent une attention particulière : l’opération EUFor Althéa d’une part, l’opération EUFor Tchad d’autre part. Les difficultés constructives qu’elles font ressortir, aux différents niveaux décisionnels et opératifs, appellent les États à adapter leur outil de défense. Par « effet cliquet », un « continuum opérationnel » s’est ainsi progressivement développé.
Les opérations de la PESD
À compter du 1er juillet 2008, la France assumera la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne. Sur le plan militaire, l’un des enjeux réside notamment dans la gestion de deux grandes opérations militaires en cours : l’opération EUFor Althéa en Bosnie, lancée le 2 décembre 2004 et dont le mandat touche à son terme d’une part, l’opération EUFor Tchad/RCA, la plus grande opération militaire autonome de l’UE dont le déploiement a débuté le 28 janvier 2008, d’autre part.
Cinq ans après le premier engagement militaire de l’UE baptisé Concordia et lancé le 31 mars 2003, des progrès significatifs ont été réalisés dans les mécanismes de gestion militaire de crise de l’UE. Ils sont le fruit des retours d’expérience des différentes opérations menées par l’UE : Concordia, Artémis, EUFor Althéa, EUFor RD Congo et EUFor Tchad/RCA. Leur réussite constitue un « cercle vertueux » qui détermine des tendances permettant à la fois de comprendre les potentialités de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) et d’observer le développement, par « effet cliquet », d’un « continuum opérationnel ». L’UE s’affirme ainsi pleinement comme l’un des acteurs de la gestion de crise sur la scène internationale aux côtés de l’Otan ou de l’ONU. Pour autant, malgré ces retours d’expériences positifs, des défis restent à relever, notamment en matière d’amélioration des mécanismes décisionnels de l’UE.
EUFor Althéa : un succès politique et militaire de l’UE
Une mission réussie
Officialisée lors du sommet atlantique d’Istanbul les 28 et 29 juin 2004, cette opération a pris le relais de la SFor de l’Otan. Elle s’inscrit dans un cadre coopératif entre l’UE et l’Otan, l’Alliance atlantique continuant d’être représentée à Sarajevo par un « quartier général résiduel » (150 hommes) et, en cas de difficultés, l’UE pouvant faire appel à une réserve « hors théâtre », la Kfor étant déployée par l’Otan au Kosovo. Une nouvelle étape dans la « politogenèse » européenne se trouve ainsi franchie : il ne s’agit pas d’une simple relève de l’Otan mais de prendre la suite, pour faire passer la Bosnie-Herzégovine d’une phase de stabilisation à une phase de consolidation. Cette jeune entité politique a en effet vocation à être associée à l’UE, avant d’y entrer avec les droits et devoirs associés. L’enjeu de la mission EUFor Althéa est donc majeur et l’UE mobilise ses instruments civils et militaires pour endiguer les divers trafics et mener à bien cette entreprise de nation-building.
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