La notion de lutte contre le terrorisme s’est vidée de son contenu. Pour sortir de cette atonie, le général Petraeus, chef du United States Central Command, pressé par les impératifs de terrain, a redécouvert les enseignements tirés par David Galula dans son livre « contre-insurrection », rédigé dans les années 60. Cette rencontre à travers le temps de deux hommes de terrain et d’esprit vient nous rappeler, comme l’a fait également la lettre du général Cann au sujet de l’embuscade d’Uzbin, que par-delà les évolutions, il subsiste des leçons du passé qu’il serait irresponsable de négliger.
Lutte contre le terrorisme : « Retirer le feu sous le chaudron »
The war against terrorism: ‘take away the fire under the cauldron’
The notion of a ‘war’ against terrorism is now devoid of meaning. Realising this, General David Petraeus, now at the head of US Central Command, faced with the realities on the ground in Iraq, rediscovered the lessons drawn by David Galula in his ‘Counter-Insurgency Warfare’ published in the 1960s. This meeting across time of two likeminded men of operational experience and impressive intellect reminds us that, beyond superficial change, there are enduring lessons from the past that it would be irresponsible to neglect.
Pour paraphraser Sully nous pourrions dire que les deux mamelles d’une action efficace sont un concept pertinent et des moyens d’action adaptés. Cela vaut tout particulièrement dans le domaine de la lutte antiterroriste.
Concepts de lutte
En matière de concept, une bouffée d’oxygène vient de nous être apportée par la Rand Corporation, avec la parution d’une étude intitulée « How terrorist groups end, lessons for countering Al-Qaïda ».
Étude de la Rand Corporation
En substance, les chercheurs se sont livrés à une étude portant sur 648 groupes terroristes ayant sévi entre 1968 et 2006. Leur principale conclusion est que seuls 10 % d’entre eux ont cessé leurs activités après avoir atteint leurs buts, tandis que 7 % seulement ont été écrasés par la force militaire. Reste donc un noyau dur constitué par 83 % de ces groupes. C’est là que réside l’intérêt principal du travail de la Rand. Il met en évidence que la moitié (43 %) de ce noyau dur a déposé les armes suite à une solution politique et l’autre moitié (40 %), celle qui refuse l’évolution vers le terrain politique, a été démantelée sous l’effet d’une action combinant le renseignement, l’infiltration et le noyautage (services secrets) avec un dispositif sécuritaire coordonnant les acteurs publics dans la mise en œuvre de la loi (Justice, police, douanes, administrations…). L’étude de la Rand souligne en outre la résilience particulière des groupes terroristes religieux qui rend la tâche plus ardue pour les autorités. Voilà donc une base intéressante pour éclairer le choix d’un concept de lutte antiterroriste.
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