Les restructurations annoncées dernièrement portent en elles une nouvelle vague de concentrations tant territoriales et humaines que fonctionnelles et publiques. Ce nouveau mouvement conforte une tendance structurelle réduisant le militaire à sa fonction de soldat, alors même que cette fonction subit, elle aussi, les évolutions du métier des armes dont la spécificité se retrouve ainsi contestée.
La guerre est désormais lointaine et indigène ; des risques, certes, mais nulle menace ; la rétractation du militaire sur son seul « cœur de métier » ; une institution démembrée. Au final, une dynamique vers la banalisation des spécificités du militaire, de son état, de son milieu, de son essence… et donc vers une possible défense sécularisée.
Towards a secularized defence
The recently announced defence restructuring measures constitute a new wave of consolidation on the human and territorial levels, as well as in terms of functions and the effects on the public. This new process forms part of a tendency of reducing the military to its function of basic soldiering, at the same time as this function itself is subject to changes. The particularity of the profession of arms thus finds itself under discussion. War is now far-off and localised: it poses risks of course, but not threats. The reduction of the military to its ‘core business’ implies a dismembered institution. Ultimately, this is a process leading to the ‘dumbing down’ of the military, its condition, its world, its ethos; and hence possibly to a trivialised defence.
La révision générale des politiques publiques (RGPP) est annonciatrice pour nos armées de nouvelles restructurations, portant sur leurs capacités, leur format, leurs implantations territoriales, leur organisation. Si cette nouvelle réforme participe à l’instabilité structurelle qui caractérise ce ministère depuis plus de quarante ans, elle peut aussi être l’occasion de s’interroger sur la tendance qu’elle conforte.
En effet, si longtemps l’institution militaire a été l’un des piliers de l’État et de la Nation (dès Rome, être citoyen, c’était aussi être soldat), la « chose militaire », défunte représentation régalienne majeure dotée d’une aura significative dans l’opinion comme dans le champ des institutions, est aujourd’hui cantonnée à des enjeux plus restreints. Elle n’est plus guère l’objet de préoccupations publiques, académiques ou citoyennes ; surtout, dans le maelstrom actuel, où le confort individuel et immédiat prime, où la guerre paraît lointaine et confinée, et où les différences collectives sont honnies au bénéfice d’un égalitarisme inéquitable, les spécificités du militaire, de son état et de son milieu, sont gommées, banalisées.
Ce constat peut s’expliquer par l’évolution du rapport de nos sociétés à la guerre et aux menaces qui pèsent sur elles, et par des aménagements conjoncturels, organisationnels ou humains, parfois symboliques ou accessoires, mais qui les uns après les autres, constituent une tendance structurante. Enfin, et surtout, il traduit les libertés prises avec ce qui reste le « cœur du métier » du soldat : faire la guerre et consentir au risque ultime.
Les conséquences d’une défense apaisée
La guerre comme la pire des solutions
Des risques sans menace
L’évolution vers une défense renouvelée
La réduction de la voilure
Un périmètre ministériel contracté
Des libertés constatées au « supplément d’âme »
L’adieu aux armes
Le champ de l’oxymore