L’Alliance a vécu une année 2008 assez difficile : si le Sommet de Bucarest a été satisfaisant, avec notamment l’adoption d’un engagement pour l’Afghanistan, la guerre en Géorgie a remis en cause un équilibre instable : non seulement par ses répercussions sur la dynamique d’élargissement, mais aussi sur des dossiers comme le bouclier antimissiles, voire le Kosovo. Quant à la France, elle poursuit son chemin de rapprochement et son débat de défense s’articule autour de l’Otan.
2008 : de Bucarest à Strasbourg
2008: from Bucharest to Strasbourg
For the Alliance, 2008 has been a fairly difficult year: while the Bucharest summit was satisfactory, particularly with the adoption of a commitment to Afghanistan, the war in Georgia put a question mark over an unstable equilibrium because of its repercussions not only on the ongoing process of enlargement but also on issues such as ballistic missile defence or even Kosovo. As for France, it continues along the path of rapprochement and the debate on defence centres around NATO.
L’année otanienne a été marquée par plusieurs événements : le Sommet de Bucarest, tout d’abord, mais aussi la campagne présidentielle américaine qui a posé la question des opérations, et enfin l’activisme russe (1).
Le sommet de Bucarest
Le Sommet de Bucarest a suscité un grand intérêt de la part des observateurs français, principalement à cause de la nouvelle ligne de la France et de l’éventualité de son retour dans l’Otan. Un Sommet ni mineur ni majeur : pourtant, on y a vu un Georges Bush qui n’a plus guère d’influence ; un Vladimir Poutine qui en conserve ; un duo franco-allemand reconstitué de façon surprenante, alors qu’on ne cessait de gloser sur la brouille entre M. Sarkozy et Mme Merkel et sur le nouvel axe franco-britannique ; des considérations européennes qui ont prévalu (Ukraine et Géorgie, bouclier antimissiles). Et finalement, pas mal de réussites.
Reprenons. L’Afghanistan révèle énormément de choses aux Américains. Tout d’abord, qu’il y a pire que de faire la guerre avec des alliés, c’est de la faire sans eux. Contrairement à ce qu’on lit partout, ce dont ont le plus besoin les chefs sur le terrain, ce ne sont pas des soldats, mais des agronomes, des vétérinaires, des instituteurs, des anthropologues… Tout cela anime le grand débat stratégique en cours sur la meilleure façon de mélanger des outils militaires et des outils civils, la fameuse « approche globale ». C’est là que l’UE suscite un intérêt renouvelé : elle fournit de l’aide économique, elle dispose des outils anticorruption, des missions de police et de gendarmerie, elle surveille des élections, etc. De même, le concept des bataillons à
1 500 hommes (GT 1500) paraît plus souple et employable que la grosse machine de la Nato Response Force (NRF) ; même s’ils n’ont jamais été engagés en opération.
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