On l’oublie souvent, mais toutes les crises financières ont une dimension criminelle. Hier déjà, dans les années 1980-1990, la faillite des caisses d’épargne aux États-Unis et l’éclatement de la bulle immobilière au Japon avaient révélé le rôle majeur joué par le crime organisé dans ces deux crises financières. Pourquoi alors, la crise des subprimes pourrait-elle être exempte d’opérations criminelles significatives ?
Crises financières : la dimension criminelle
Financial crises: the criminal dimension
It is often forgotten that all financial crises have a criminal dimension. Only yesteryear, in the 1980s and 1990s, the savings and loan banking failures in the United States and the bursting of the real estate bubble in Japan revealed the major role played by organised crime in these crises. So why should the subprime crisis be free from significant criminal involvement?
Dans les pays développés, le monde économique et financier perçoit mal la dimension criminelle des risques, ce qui est dangereux dans un monde chaotique. Dans la nouvelle configuration du monde en effet, économie et crime organisé, chacun de leur côté, ont conquis une place centrale : les enjeux économiques et financiers dominent la vie des nations-mondialisation, « guerre économique » ; le crime organisé, lui, a souvent atteint une véritable puissance sociale (mafias, gangs, cartels, etc.). C’est pourquoi les relations ancestrales de familiarité qu’entretiennent économie et crime organisé — le crime a des motivations économiques — doivent être réexaminées dans cette perspective nouvelle.
Intuitivement, l’observateur ressent combien les grands flux économiques et financiers font désormais l’objet d’agressions criminelles multiples : faillites frauduleuses des sociétés Enron et WorldCom, prolifération des contrefaçons, blanchiment de l’argent sale, etc. Cependant, le crime organisé est presque toujours le grand oublié de la réflexion sur les crises économiques et financières (1). Qu’on en juge par ces quelques exemples.
Rapport Moral sur l’Argent dans le Monde, 2008 : publié par l’Association d’économie financière, l’ouvrage, notamment sa première partie « La crise de la finance », ne consacre pas un mot aux risques criminels.
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