Pays voisins, le Pakistan et la Chine partagent des intérêts communs. Ils entretiennent depuis des décennies des relations étroites dans presque tous les domaines, lesquelles ne sont pas sans susciter des interrogations. Cet article fera dans un premier temps le point des relations entre le Pakistan et la Chine puis dans un deuxième temps montrera les avantages et les inconvénients qui peuvent en résulter.
Les relations entre le Pakistan et la Chine
A priori, tout oppose la Chine au Pakistan, la première est une puissance communiste et le second un État islamique. Aucune affinité culturelle n’existe entre les peuples. Peu après son indépendance acquise en 1947, le Pakistan, voisin d’une Chine où les communistes avaient pris le pouvoir en 1949, avait choisi son camp, celui de l’Occident contre le communisme, dont le principal centre était alors l’URSS. Au fil du temps, la brouille sino-soviétique s’est amplifiée jusqu’à la création de deux pôles communistes. L’Inde se rapprochait de l’URSS, au point d’en devenir très dépendante sur les plans diplomatique, économique et militaire. Le Pakistan, sans se détacher des États-Unis, avec lesquels il s’était retrouvé dans des alliances (Pacte de Bagdad, devenu Central Treaty Organization et Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est), développait de son côté ses relations avec la Chine.
Aujourd’hui, les relations sino-pakistanaises se sont renforcées dans tous les domaines. Les deux pays adoptent souvent des positions communes dans les instances internationales. La Chine a favorisé la participation du Pakistan à l’Asean Regional Forum (ARF) qui discute des problèmes de sécurité. Grâce au Pakistan et aussi au Bangladesh, la Chine a pu obtenir en 2005 le statut d’observateur au sein de l’association de l’Asie du Sud, la South Asian Association for Regional Cooperation (SAARC). Et c’est grâce à la Chine que le Pakistan a été admis en 2006 comme observateur au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui rassemble outre la Chine et la Russie quatre pays de l’Asie centrale ex-soviétique et s’intéresse à des domaines divers comme la sécurité et les relations économiques. L’Inde obtenait, elle aussi, le statut d’observateur auprès de cette organisation, grâce à l’aide de la Russie.
Communications
C’est par le Cachemire que le Pakistan et la Chine sont en contact. La frontière s’étend de l’Afghanistan au Ladakh, partie Nord du Cachemire administrée par l’Inde, sur près de 600 kilomètres. Un accord signé par les deux pays en 1963 a attribué à la Chine un peu plus de 5 000 km2 au nord de la partie du Cachemire administrée par le Pakistan. Il n’existe désormais aucun contentieux frontalier entre les deux pays. Une route, dite du Karakoram, a été construite avec l’aide chinoise à partir des années 60 et mise en service en 1978. Elle franchit la frontière au col de Khunjerab à plus de 4 800 m et n’est pas praticable l’hiver mais pourrait l’être à l’avenir si un tunnel était construit. Sa modernisation et son élargissement, côté pakistanais, sont prévus, grâce à des prêts chinois, pour en faire un axe majeur de communication, utilisable par des camions de fort tonnage, y compris dans des conditions climatiques extrêmes. Un port sec a été érigé à Sust, la première agglomération au sud du col de Khunjerab, le pendant en quelque sorte de Tashkorgan du côté chinois. De plus, la construction d’une voie ferrée transfrontalière, parallèle à la route, est envisagée. Celle d’oléoducs et de gazoducs pourrait se faire plus tard. La technique moderne permettrait de vaincre les obstacles du relief. Les coûts seraient élevés, mais la Chine a les moyens financiers nécessaires. Sept autres points de passage existent sur des routes secondaires entre le Xinjiang et les Zones Nord pakistanaises (ainsi dénommées, mais qui faisaient partie du Cachemire historique). L’une de ces routes partant de Chitral traverse en fait le corridor du Wakhan en Afghanistan pour rejoindre le Xinjiang mais aussi le Tadjikistan, après avoir franchi le col de Baroghil (3 777 m).
Il reste 89 % de l'article à lire
Plan de l'article