La présidence française, très bien préparée, avait cinq priorités : PSDC, immigration, énergie et climat, Politique agricole commune (PAC), Union pour la Méditerranée (UPM). L’actualité en a décidé autrement ; la crise géorgienne et la crise financière ont donné l’occasion à Nicolas Sarkozy de faire de l’Europe un acteur mondial écouté. Toutefois, les succès de la Présidence française de l'Union européenne (PFUE) risquent d’être sans lendemain, tant que le Traité de Lisbonne ne sera applicable
L'Union européenne existe : Moscou et Washington l'ont rencontrée
The EU exists: Moscow and Washington have met it
France’s EU presidency had five priorities, prepared in advance: CSDP, immigration, energy and climate change, the CAP and the Union for the Mediterranean. World events decided otherwise, and the crises in Georgia and the world’s financial system provided the opportunity for Nicolas Sarkozy to make Europe an actor whose voice is listened to. However, the achievements of France’s presidency are likely to be short-lived as long as the Treaty of Lisbon remains non-ratified.
Il a fallu attendre trente ans après la mise en place de la « coopération politique » européenne, et quinze ans après l’introduction, dans les traités, du concept de « politique étrangère et de sécurité commune », pour que l’Union européenne intervienne enfin comme un acteur majeur sur la scène internationale. Non plus seulement dans le commerce et l’environnement, mais quand il est question de paix ou de guerre et quand le monde connaît la crise financière la plus grave depuis un siècle. C’est le résultat de la conjonction astrale du conflit russo-géorgien, de la faillite de Lehman Brothers, de l’effacement de Washington à la fin du mandat de George Bush, et de la présidence de l’Union européenne par Nicolas Sarkozy. Dans l’histoire de l’Europe, il y aura clairement un « avant » et un « après » ce deuxième semestre 2008.
Une page se tourne, et pourtant le contenu du nouveau chapitre reste très incertain. Voyons pourquoi.
Politique d’abord !
Littéralement hanté par la nécessité de réconcilier les Français avec l’Europe, Nicolas Sarkozy avait préparé la présidence française avec une grande ambition : il voulait à la fois mener à bien les ratifications du Traité de Lisbonne, nécessaire pour faire fonctionner efficacement la grande Europe, et montrer que, sans même attendre l’application du Traité, l’Union était capable de prendre des décisions fortes sur des sujets majeurs : c’était affaire de volonté politique. « L’Europe doit faire de la politique ! Je veux introduire la politique dans l’action européenne, qui se contente trop souvent de fixer un cadre de jeu sans agir elle-même ! » répétait Nicolas Sarkozy dans tous ses discours. Pour que la démonstration fût éclatante, il fallait choisir des sujets clairement identifiés par l’opinion comme exigeant un traitement au niveau européen, et sur lesquels, trop absorbée par ses problèmes institutionnels, l’Europe, avait pris du retard. Dès la fin 2007, cinq priorités furent ainsi annoncées : la politique de sécurité et de défense commune, l’immigration, l’énergie et la lutte contre le changement climatique, la réforme de la politique agricole, la mise en place de l’Union méditerranéenne. Remarquons que, même lorsqu’ils ne sont pas au cœur de la politique étrangère, tous ces sujets comportent une dimension extérieure majeure.
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